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Oméga
Jack McDevitt
L’atalante, 2006, 23 €


Le pitch - oui, oui, on ne dit plus résumé, grandes lignes ou idée principale. On dit le pitch et puis marre. Oui, comme les simili-croissants dégueulasses fourrés aux ersatz que se refilent les gosses dans les cours d’école poussiéreuses et allergènes, ces choses gluantes sont des pitchs aussi. Alors c’est vrai, pas comme celui-ci, et... hein... ouais, peut-être un tout petit chouia comme celui-ci. Lavez-vous les mains après l’avoir lu.

Bon, ça commence - Le pitch : un nuage géant, l’Omega, va anéantir la planète Korbikan, la seule dans tout l’espace qui contienne une civilisation proche de celle des Terriens. Ces derniers parviendront-ils à la sauver. Tata Tin !!!
Avec un tel scénario, Jack McDevitt commet l’exploit douteux de tenir 600 pages. On peut reprocher sensiblement la même chose à Balzac et Dostoïevski, sinon que dans leurs pavés respectifs, il y a toujours une aventure humaine. Dans Omega, le nuage géant tient symboliquement la place du mal absolu, une sorte de Moby Dick ultra-noir, et en face de lui, malheureusement, il n’y a pas la stature d’un capitaine Achab. Des dizaines de personnages secondaires dont nous connaissons les failles et les souvenirs d’enfance, à défaut de leur description physique exacte, apparaissent, s’agitent et se concertent pour tenter de donner un sens à leur volonté de sauver un monde condamné.

Quant à la planète Korbikan, dont les habitants ressemblent à des personnages de série vidéo pour les enfants, elle représente bien une sorte d’Eden à la Rousseau (Jean-Jacques et le Douanier together), mais elle reste trop idéale justement. A défaut de rendre un monde radicalement étranger, l’auteur produit une sorte de dictionnaire fourre-tout des us et des arts de ces Barbapapas de l’espace.

Dans ce cours accéléré pour instituteur désireux de faire régner l’ordre dans sa classe, ça « didactique » un max. Notre bon Jack s’est éclaté avec la civilisation Korbikan. On connaît la moitié de son vocabulaire, sa mythologie, sa science naturelle pré-expérimentale, son approche très directe de la copulation de masse, etc. Mais on n’est pas emporté sur cette planète en péril. On ne s’y sent pas admis, un peu à la manière de cet immense ratage qu’a constitué En Terre étrangère de Heinlein, encore un émule de Voltaire qui n’avait pas du tout le don de la satire. De la même manière, McDevitt ne sait pas faire puissant, il ne sait pas faire rapide : d’où l’impression d’ennui sidéral qui peut naître de la description, à longueur de pages, de voyages à une vitesse supérieure à la lumière. Heureusement, il y a Bill, le nom commun à toutes les intelligences artificielles qui pilotent en automatique ces vaisseaux subluminiques. Bill apporte un peu d’humour britannique dans cette farce qui se prolonge un peu trop.

Non, non, je suis trop méchant, il y a aussi une aventure qui se construit un peu sur le plan dramatique, à partir de la page 510. Vous voyez, il y a au moins deux bons points dans cette critique. 1) j’ai expliqué toute l’histoire dans le pitch, et ça, ça va vous permettre d’impressionner les gonzesses sur la plage, avec ce gros bouquin et un peu de bronzette ; 2) je fais économiser 23 € à tous ceux qui aiment lire.

par Kentaro (dit l’Iseki de service)

- Titre : Oméga
- Auteur : Jack McDevitt
- Traduction : Franck Reichert
- Couverture : Manchu
- Nombre de pages : 600 pages
- Éditeur : L’Atalante
- Collection : La dentelle du Cygne
- Site Internet de l’éditeur : www.editions-l-atalante.com
- Dépôt légal : 15 mai 2006
- Format : 15 x 4 x 20
- ISBN : 2-84172-334-8
- Prix : 23 €


Kentaro Okuba
23 juillet 2006


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