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Pression fatale
Rita Falk
J’Ai Lu, Thriller, roman traduit de l’allemand, policier/humour, 288 pages, avril 2020, 7,20€

À Niederkaltenkirchen, Franz Eberhofer, le seul policier de cette paisible bourgade bavaroise, prend du galon. Il n’est pas peu fier d’exhiber sur son uniforme l’étoile en argent le désignant comme commissaire. Au moins une bonne nouvelle, alors que la Mémé fait carême derrière les fourneaux, que le Papa met sa patience à rude épreuve avec ses sempiternels disques des Beatles et que la Susie est partie rejoindre un étalon italien. Et comme si cela ne suffisait pas, le juge Moratschek implore son aide, car le tueur qu’il vient de condamner s’est échappé et, en sortant du tribunal, il a juré de se venger. La tête de cochon trouvée dans le lit du juge constitue un bon avertissement et crédibilise la menace.



Rien que les titres « Choucroute maudite », « Bretzel Blues » et le présent « Pression fatale », troisième enquête du commissaire Eberhofer, donnent le ton, cette série fait clairement dans l’humour. La subtilité n’y est pas de mise, c’est la grosse artillerie au service du fou rire garanti.
Après une carrière à Munich, Franz est revenu au pays, trouvant un poste tranquille qui, contre toute attente, lui a permis de résoudre deux belles affaires. Et le voilà commissaire !
Ceux qui suivent cette série connaissent tout ce petit monde attachant de Niederkaltenkirchen. En compagnie de son chien Louis II, Franz Eberhoffer vit dans la porcherie aménagée à côté de la maison de la Mémé, une cuisinière du tonnerre, et du Papa, fan absolu des Beatles, cause de tensions incessantes avec son fils. Et n’oublions pas les bons amis de Franz qu’il retrouve quasi tous les soirs au bistrot de Wolfi : le boucher-charcutier Simmerl et le plombier-chauffagiste Flötzinger.
Les situations ubuesques sont légion : Franz n’hésite pas à faire usage de son arme de service sur le tourne-disque du Papa pour faire taire les quatre de Liverpool, il use de ses prérogatives pour obliger Flötzinger à venir réparer un chauffe-eau...

Avec Rita Falk, nous somme très loin des romans policiers très noirs faisant dans la surenchère macabre pour se démarquer. Rien de tout ça, mais de l’humour potache ne faisant pas dans la dentelle. Le lecteur abandonne son sérieux, il quitte la sphère psychorigide du quotidien pour se laisser aller à l’absurde des situations. Le juge Moratschek emménage chez Franz, du moins chez le Papa, et les deux s’entendent comme larrons en foire : l’un fan des Beatles, l’autre des Stones, fumant des joints tout en écoutant à fond leurs collections de disques, pendant que Franz essaie de dormir avec des bouchons enfoncés loin dans les oreilles. Les situations de la sorte se répètent, constituent des marqueurs forts et attendus, comme les repas de la Mémé ou les venues du frère Léopold avec femme et enfant. « Pression fatale » poursuit sur le chemin balisé par les deux premiers tomes : promenades avec Louis II, retrouvailles au bistrot, repas familiaux, disputes familiales, boulot de flic traité par dessus la jambe, ce qui n’empêche pas d’être efficace à la façon Eberhofer ! Autant de passages obligés rythmant les romans avec toujours des surprises à la clé, comme cette virée rocambolesque en Italie pour sauver Susie. Ces romans se lisent le sourire au lèvre, apportent une évasion bienvenue par leur dérision.

Dans la lignée de ses prédécesseurs, « Pression fatale » apporte une nouvelle pierre à l’édifice Eberhofer. Rita Falk offre un polar différent, pas sérieux pour un sou, basé sur l’amitié et sur une galerie de personnages aux traits affirmés et caricaturaux. Le rire figure en première place sur son ordre de mission. Chaque tome est une belle occasion de retrouver tout ce petit monde de Niederkaltenkirchen, de poursuivre un bout de chemin en attachante compagnie et de s’évader tout simplement.
Et puis toujours en bonus, quelques recettes de la Mémé et exceptionnellement une de Susie, mais n’allez pas le dire à la Mémé !

Soyez curieux, abandonnez le temps d’une lecture un sérieux trop souvent de mise dans la société moderne, partez à la rencontre de Franz Eberhofer et de sa clique.


Titre : Pression fatale (Schweinskopf al dente, 2011)
Auteur : Rita Falk
Traduction de l’allemand : Brigitte Lethrosne et Nicole Patilloux
Couverture : d’après © Shutterstock/Bennyartist, OlgaGI
Éditeur : J’Ai Lu (1ère édition française : Mirobole Éditions, 2019)
Collection : Thriller
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 288
Format (en cm) : 17,8 x 11
Dépôt légal : avril 2020
ISBN : 9782290157398
Prix : 7,20 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
17 juin 2020


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