Un beau soir étoilé, Phénix et sa petite sœur Sacha marchent sur la route dans un coin perdu au milieu de nulle part. La roue du vélo de Sacha est à plat, elles trainent jusqu’à leur maison. Une voiture s’arrête, c’est le professeur d’anglais de Phénix qui leur propose de les raccompagner chez elles. Bien que méfiante, elle accepte… après tout, elle connait ce prof plutôt sympa, il ne peut rien leur arriver. Il s’intéresse beaucoup à leur quotidien, un peu trop sans doute. Leur père est aux abonnés absents et leur mère essaye de s’en sortir comme elle peut. Les jours suivants, M. Smith colle de plus à plus son élève et la raccompagne après les cours pour se rapprocher de la mère. Mais son comportement n’est pas clair, Phénix le sent bien, mais elle ne peut rien y faire. Il s’installe à la maison, juste avec une valise en cuir usée et son cartable.

Adaptée d’un roman jeunesse de Nastasia Rugani qui a décroché sept prix littéraires, “tous les héros s’appellent Phénix” traite d’un sujet grave, le harcèlement. Phénix et Sacha ont fait entrer le loup dans la bergerie en se faisant raccompagner par ce prof d’anglais, M. Smith. Il a de suite senti une faille dans cette famille et s’est empressé de tout faire pour remplacer ce père et mari absent. Charmant dans un premier temps, il les a toutes embobinées, sauf la méfiante Phénix qui en fait vite les frais et subit les excès de violence de ce tyran.

Jérémie Royer met parfaitement en scène les méthodes insidieuses de ce manipulateur et la peur des victimes qui les empêche d’en parler aux proches. Phénix met tout en œuvre pour protéger sa petite sœur en recevant les coups en silence. Alors qu’elle est en pleine découverte de sentiments amoureux avec le beau Merlin, Jessup Smith devient son pire cauchemar. Les dessins sobres sont simples et efficaces, il n’en faut pas plus pour toucher le lecteur.

Une fois de plus, les éditions Rue de Sèvres nous proposent un bel ouvrage dans le monde de l’enfance, même si le thème n’est pas très joyeux. Ce thème de l’absence de parents est souvent évoqué chez cet éditeur, comme dans les aventures trépidantes des “Quatre Sœurs”.
Chronique d’un harcèlement sournois, “tous les héros s’appellent Phénix” est une histoire subtile et pudique qui mérite le détour.
Tous les héros s’appellent Phénix
Scénario : Jérémie Royer, d’après le roman de Nastasia Rugani
Dessin et couleurs : Jérémie Royer
Éditeur : Rue de Sèvres
Format : 21 x 27,5 cm
Pagination : 144 pages en couleur
Dépôt légal : 18 mars 2020
Numéro ISBN : 9782369811084
Prix public : 16 €
A lire sur la Yozone :
Quatre Sœurs (T4) Geneviève
Illustrations © Jérémie Royer et Éditions Rue de Sèvres (2020)