En ce moment, on fait des bandes dessinées sur énormément de sujets. Sur le dernier film qui a fait un carton, sur divers groupes sociaux plus ou moins artificiels, sur je ne sais quel dirigeant mondial ou encore pour vulgariser, souvent à outrance, un sujet dit complexe. C’est à cette dernière catégorie que j’imaginais « La Malédiction du Pétrole » appartenir. Et pourtant, si l’album n’échappe pas, à de rares occasions, au raccourci pour assurer rythme et dramatisation au récit, cet ouvrage est remarquablement instructif et détaillé, captivant du début à la fin.

A l’image du pétrole, les images sont sombres. Appuyés par des textes brefs, tranchants, les dessins en noir & blanc font se côtoyer tankers, soldats et dirigeants avec sphinx, sirènes et immenses diables cornus. Les uns jouent avec les autres dans une sarabande inquiétante mais terriblement réaliste.
Les chiffres, les lieux, les noms, nombreux, apportent une véracité au récit et permettent de découvrir les facettes inconnues de personnages connus. Saviez-vous, par exemple, que les frères Nobel avaient fait affaire dans le Caucase ?

Les auteurs prennent de la hauteur et nous emmènent avec eux tout en détaillant méthodiquement toutes les pièces du puzzle, qui s’imbriquent logiquement et naturellement. L’histoire est cohérente, prenante, de Rockfeller à Saddam Hussein, de la naphte aux gaz de schiste. Cet album nous pousse à réfléchir, il nous apporte ces éléments de réflexion sur le temps long. Le pétrole, ce pilier de nos sociétés et de nos économies, semble finalement assez artificiel voire franchement néfaste. Il serait temps de s’en passer.
La Malédiction du Pétrole
Série : Malédiction du Pétrole (La)
Scénario : Jean-Pierre Pécau
Dessin : Fred Blanchard
Éditeur : Delcourt
Pagination : 112 pages
Format : 19,8 x 26,3 cm
Dépôt légal : 4 Mars 2020
Numéro ISBN : 978-2-7560-8385-8
Prix public : 17,50 €
Illustrations © Fred Blanchard / Delcourt