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Flammes mortes (Les)
Nathalie Henneberg
Éditions Sombre Rets, Nuits Noires, recueil de 7 nouvelles, policier, septembre 2019, 180 pages, 14€

Sous l’impulsion de Cyril Carau et de Didier Reboussin, les éditions Sombres Rets poursuivent la remise en avant de Nathalie Henneberg en publiant des inédits comme « Demain le ciel » et « Hécate » que tous les deux ont achevé. « Les flammes mortes » regroupe un ensemble de nouvelles policières parues entre 1954 et 1965 dans « Mystère Magazine », donc aujourd’hui introuvables.
En poste au Liban, l’inspecteur français Tissandier sert de lien aux sept textes au sommaire.



Dans les années 1930, ce petit inspecteur se heurte à des affaires de meurtres complexes dans lesquelles il doit avancer avec doigté pour ne pas heurter les susceptibilités et croyances locales. Là réside tout le charme de ces enquêtes, du moins pour les cinq premières, car les deux dernières sont plus tardives, étant situées après la guerre 39-45. L’auteure nous plonge dans un passé révolu, dans une ambiance décalée, apportant une indéniable touche d’étrangeté juste par le choix du cadre, personnage à part entière des récits. Nathalie Henneberg a longtemps vécu au Moyen-Orient et peut donc l’évoquer à son aise, partager ses souvenirs, ses sentiments sur les lieux et l’époque avec les lecteurs. Il s’agit indéniablement d’un des atouts de ce recueil. Même si l’intérêt de chaque nouvelle varie, le contexte apporte à chaque fois quelque chose. Par exemple, dans la première “Du sang sur les roses”, la façon dont les femmes doivent témoigner de leur détresse à la mort du maître de maison ne manquera pas de surprendre.

Les affaires ne sont pas sans rappeler celles d’Agatha Christie, notamment avec la scène finale où Tissandier dénonce à l’occasion le coupable devant l’assistance, après avoir patiemment réuni des indices. D’ailleurs la conclusion de “La rose du pays des roses” évoque clairement celle du « Crime de l’Orient-Express ». Avec “Les flammes mortes”, il s’agit à mon sens des deux meilleurs textes du recueil, les deux font preuve d’une belle inventivité, prenant des voies inattendues : femme vivant en recluse, femme aux multiples maris... Sable chaud, températures avoisinant les 50°, légionnaires, postes dans le désert, contrastes entre les femmes locales et occidentales... “Les squales” et “La gorgée d’eau” apportent aussi leur lot de dépaysement.

Dans “Les cierges noirs”, Tissandier est de retour en métropole et dans “La mandragore noire”, il semble même à la retraite. Le premier texte aborde le Moyen-Orient de façon lointaine, flirte avec la sorcellerie, là où le dernier verse carrément dedans, Tissandier n’ayant qu’un rapport lointain avec l’ensemble. L’intérêt retombe nettement avec l’éloignement de Tissandier des lieux qui faisaient tout le charme de ses enquêtes.

Didier Reboussin signe la préface de ce recueil et Cyril Carau la biographie de Nathalie Henneberg. C’est d’autant plus intéressant que Didier Reboussin a personnellement connu l’auteure, ce qui apporte une dimension plus touchante à travers certaines anecdotes.

Le recueil « Les flammes mortes » offre pour l’essentiel un beau dépaysement avec le Moyen-Orient des années 1930 et son contexte révolu, reflet d’une autre époque. La plume de Nathalie Henneberg donne aisément de la substance aux lieux, plongeant les lecteurs dans la chaleur étouffante du Liban et pays voisins. Tissandier évolue souvent sur le fil du rasoir, devant concilier les croyances et les coutumes locales avec la recherche de la vérité. Guidé par son sens de la déduction, il rappelle Hercule Poirot.
Un recueil au charme suranné qui révèle une autre facette de l’œuvre de Nathalie Henneberg.


Titre : Les flammes mortes
Auteur : Nathalie Henneberg
Couverture : Elie Darco
Éditeur : Sombre Rets
Collection : Nuits Noires
Site Internet : page recueil (site éditeur)
Pages : 180
Format (en cm) : 14,8 x 21
Dépôt légal : septembre 2019
ISBN : 9782918265337
Prix : 14 €


De la même auteure sur la Yozone :
- « La rosée du ciel »
- « Les Dieux verts »
- « Demain le ciel »
- « La plaie »
- « Gandahar hors-Série II » : un spécial Nathalie Henneberg
- « Kheroub des étoiles » dans « Galaxies 37 » et « Galaxies 38 »


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
21 avril 2020


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