Tif et tondu partent enfin en vacances en Ecosse. Ils décident de faire un détour par Londres pour saluer leur ami, l’inspecteur Ficshusset. Cependant ces retrouvailles sont interrompues quand l’agent de Scotland Yard est assommé par une forme invisible. Tondu se rue alors à l’extérieur et en allumant les phares de sa voiture à la recherche d’un éventuel indice aperçoit une gigantesque ombre simiesque.
Cette aventure anglaise confronte Tif et Tondu à une situation surnaturelle. En effet, au même moment, Tif découvre une menace de mort signé John Fullshoke écrit sur un mur. L’inspecteur Ficshusset est pourtant formel. Il a lui-même abattu le gangster un mois plus tôt Tout porte à croire que son fantôme est venu se venger. Tif en est en tout cas persuadé.

Le récit adopte alors le rythme très rapide d’une course-poursuite contre ce criminel invisible. Le dynamisme est aussi donné par un flot de blagues récurrentes. Tandis que Tondu, le plus sérieux, fait avancer l’enquête, Tif, le clown, amuse le lecteur.
C’est Tillieux, le scénariste, qui a décidé de renforcer la personnalité du duo en jouant sur le contraste.
Les dialogues sont savoureux : « Même si je dois faire de la mayonnaise avec ma boite de vitesse, des confettis avec mon compte-tour et de la dentelle avec mes pneus, je l’aurai.  »
L’aspect comique est également accentué par les agissements de l’homme invisible : un policier se croit fou, des enfants se font punir injustement, un taxidermiste se révèle un expérimentateur fou.
L’ombre sans corps est aussi un challenge pour Will qui doit illustrer les actions d’un ennemi invisible. Ce qu’il fait avec brio tout en injectant une multitude de gags visuels, comme la projection de Ficshusset contre un mur par une main invisible. Cette scène en apparence simple est très réussie. On a l’impression de voir une main serrer la veste de l’inspecteur.

Au-delà du récit, ce volume est surtout l’occasion de (re)découvrir cette œuvre dans une forme unique. Des titres de Franquin, Peyo, Roba et Macherot ont déjà bénéficier de ce traitement. A l’instar de « La Pléïade » pour la littérature, « 50/60 » est une édition de prestige sur papier de qualité agrémentée d’une superbe couverture à rabat. Le format à l’italienne permet, en outre, de lire l’œuvre en demi-planches, dans une version en noir et blanc. Ce format déconstruit l’œuvre et met ainsi au jour les éléments pour la comprendre. Les cases sont plus grandes et permettent d’admirer chaque détail. De la même manière, l’absence de couleurs amène à se concentrer sur les qualités du dessin.

Chaque page intègre des annotations biographiques sur les auteurs, les coulisses de la création ou le fonctionnement du journal Spirou où était pré publiée cette BD.
Malgré quelques parties inutiles, elles ajoutent assurément un niveau de lecture qui permet de comprendre l’œuvre et son contexte.
Ce titre n’a pas été choisi au hasard. « L’ombre sans corps » marque l’arrivée d’un nouveau scénariste, en la personne de Maurice Tillieux, et avec lui, un changement de tonalité.
Une superbe édition apte à ravir le fan comme le novice.

Tif et Tondu L’ombre sans corps (1969)
 Série : Tif et Tondu
 Scénario  : Tillieux
 Dessin  : Will
 Éditeur  : Dupuis
 Collection  : 50/60 (Niffle)
 Pagination  : 96 pages noir et blanc
 Format  : 25,4 x 29,8 cm
 Date de parution : 10 janvier 2020
 Numéro ISBN : 9782873930769
 Prix public : 25 €

Illustrations © Will et Dupuis (2020)