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La science-fiction en France dans les années 50
Francis Saint-Martin
Editions Le rayon vert

Voici un ouvrage improbable, inattendu et pour tout dire inespéré. Francis Saint-Martin y évoque les débuts et l’essor de la SF en France durant les décennies 50 et 60, et c’est tout simplement passionnant.



Les aficionados connaissent bien sûr les grandes lignes de l’histoire, mais ici Francis Saint-Martin s’est attaché a enquêter avec minutie pour raconter comment et pourquoi la SF s’est développée en France après le second conflit mondial. Il dépeint très précisément les conditions du moment, les rôles peu connus mais fondamentaux d’un Dermée par exemple, et les conséquences de cette ébullition.

Très structuré, son essai éclaire des événements clefs qui ont radicalement transformé le paysage éditorial. L’essor des Éditions du Fleuve Noir, par exemple, tient en quelques faits hasardeux sans le déroulement desquels celles-ci auraient connu le sort des nombreuses autres tentatives qui fleurirent à cette époque. Je ne les dévoilerai pas, ce serait altérer le plaisir de la découverte, mais il est de notoriété publique que les noms, dès les premières livraisons de cette maison, de Jean Bruce et de Frédéric Dard représentèrent un atout de tout premier ordre.

L’auteur ne se contente pas de faire œuvre d’historien, il nous livre aussi une pléiade de biographies fouillées d’écrivains parfois fort oubliés (Keller Brainin par exemple) ou en passe de l’être (Jean de la Hire). Le travail des pères fondateurs est bien sûr longuement commenté (Georges H Gallet, Jacques Bergier) et l’on regrettera un survol un peu succinct des rôles que jouèrent Jean Birgé, François Le Lyonnais ou encore Michel Pilotin dans cette aventure.

Quoiqu’il en soit, l’écho d’une extraordinaire floraison créatrice nous parvient encore, sorte de big-bang national. L’ouvrage de Francis Saint-Martin déborde un peu du cadre des années 50 et étudie aussi l’évolution de notre genre préféré jusqu’en 1968, année de rupture. Ce beau travail met en lumière les points importants. C’est ainsi que l’on peut affirmer que sans la collection « Anticipation » du Fleuve Noir, si décriée par une certaine intelligentsia, la SF en France serait anecdotique. Cette grosse locomotive a permis à d’autres collections plus qualitatives (et encore pas toujours...) d’avoir une petite place au soleil. Ce livre est aussi naturellement un reflet des opinions de l’auteur, que l’on peut partager ou non. Je ne suis évidemment pas d’accord avec lui sur la vision qu’il donne de Nathalie Henneberg dont l’œuvre, selon moi, est de tout premier plan, mais cela a peu d’importance.

Cet ouvrage est abondamment illustré de photos, dessins, qui redonnent vie à une époque bien lointaine. Brantonne et Forest y dominent le monde de l’illustration et redécouvrir leurs œuvres est toujours un plaisir. Le sujet de ce livre est bien la SF, et l’on ne s’étonnera pas de n’y trouver aucune allusion aux collections Angoisse ou La loupe épouvante. Un travail similaire à celui de Francis Saint-Martin est à conduire de ce côté-là.
Au final, un livre in-dis-pen-sa-ble  !


Titre  : La SF en France dans les années 50
Auteur : Francis Saint-Martin
Éditeur  : Le rayon vert
Pages : 301
Format (en cm) : 18,5 x 26
Dépôt légal  : novembre 2019
ISBN  : 9782490972210
Prix : 49 €



Didier Reboussin
13 février 2020


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