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Noël 2019 à moins de dix euros
Eric Chauvier, Bruce Bégout, Jack Heath
Trois petits livres à faible prix

Pas besoin de ripailles dans un restaurant snob et coûteux, pas besoin de budget pour faire plaisir ou se faire plaisir. Plus faciles à glisser sous le sapin qu’une horreur d’art contemporain, qu’un manteau de vison ou qu’un sanglier rôti à la broche, plus faciles à fourrer dans la poche qu’une bouteille de champagne ou qu’une boîte de chocolats, ces petits livres très atypiques à moins de dix euros, plus épouvantables ou plus amusants qu’un repas de fête en famille, ont au moins le mérite de sortir de l’ordinaire. Et comme ces conseils sont indépendants des modes et des dates de parution, on trouvera au bas de cet article des liens vers les idées, toujours valables, des années précédentes.



Pour les récalcitrants à la littérature de genre, un cadeau avec Charles Baudelaire

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« Tant d’affres, d’aventures, de dérives, toutes aussi intenses que mille vies vécues, n’auront pas suffi à souffler l’existence de Charles Baudelaire : le 18 janvier 2018, 149 ans après sa mise officielle au tombeau, dans le quartier du Marais, entre une sortie de métro et un kiosque à journaux, Charles revient – si l’on peut dire – à la vie, sous la forme d’un zombi syphilitique. »

« Le Revenant » d’Éric Chauvier a été publié chez Allia, dont nous avions déjà brièvement évoqué l’étonnant « Sprats  » de David Bessis. Pourri et titubant, à l’origine d’une « zombie walk » momentanément improvisée par des parisiens dégénérés dont la culture ne va pas plus loin que la série télévisée « Walking dead », Charles Baudelaire est de retour. Zombifié, mais pensant – et il semble bien qu’il ait anticipé quelques-uns des maux dont souffre notre monde. On le sait depuis Romero, les zombies, revenus à la mode ces dernières années se sont mis à tourner quelque peu en rond dans la critique sociale. Mais tout de même : avec Baudelaire dans le coup, difficile de résister, et le tout, servi par une jolie plume et l’air de ne pas y toucher, pourrait bien être aussi féroce et désespéré que les récits de genre.

Titre : Le Revenant
Auteur : Éric Chauvier
Couverture : Charles Baudelaire. Daguerréotype, 1852
Éditeur : Allia
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 74
Format (en cm) : 10 x 17
Dépôt légal : août 2018
ISBN : 9791030409185
Prix : 7,50 €

Un cadeau pour ceux qui veulent offrir des livres plutôt qu’un séjour dans un parc d’attractions.

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« Tout ce qui peut caractériser en général un parc se retrouve dans le Park, mais sous une forme inédite et quelque peu fantastique. D’aucuns diront abominable. »

C’est encore chez Allia, c’est un peu plus ancien (2010), et c’est très, très mordant. Imaginez un Park qui regrouperait tous les parcs, ceux des jeux et des loisirs, mais aussi ceux des univers concentrationnaires. Vaste cirque passé à l’échelon industriel de la modernité, « Le Park  » emmène le lecteur sur la frontière trouble et poreuse entre l’émerveillement et l’horreur. Science-fiction des marges qui fait froid dans le dos, hanté par une férocité tour à tour jubilatoire, atterrée, effarée, satirique, glaçante, désespérée, doucereuse, perfide, « Le Park » met en scène le caractère irrémédiablement schizophrène de la nature humaine. Avec ses univers concentrationnaires métamorphosés en fête diabolique perpétuelle, « Le Park » emmène ses lecteurs au bord de l’abîme, au cœur du malaise. Un petit livre qui voit les choses en grand, et avec une lucidité qui fait peur.

Titre : Le Park
Auteur : Bruce Bégout
Couverture : Jérôme Durant, La Dérive des continents, 2007, cliché Olivia Frémineau
Éditeur : Allia
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 152
Format (en cm) : 10 x 17
Dépôt légal : avril 2010
ISBN : 9782844853943
Prix : 6,10 €

Un cadeau pour les amateurs de polar saignant

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« Mon corps commençait déjà à se dévorer lui-même. J’avais fini les graisses et j’attaquais les muscles, pour alimenter mon cœur et mon cerveau. J’avais un peu moins faim que la veille, et j’arrivais encore à avoir les idées assez claires pour savoir que c’était mauvais signe. Mon estomac était en train de rétrécir, ce qui faisait moins d’espace pour la douleur. »

C’est l’histoire d’un individu banal qui vit dans une Amérique fauchée avec un colocataire toxicomane. Mais pas si banal, car il possède des talents d’investigateur hors du commun : c’est pourquoi il a un gentleman’s agreement assez particulier avec le FBI, pour lequel il est, disons, consultant. On regrette que le titre « Hangman  » original, ait été de manière fort peu opportune traduit par un titre qui en dit trop long et dévoile une partie du menu : on devine trop tôt quels sont les appétits du l’investigateur, et ce qui lui offrent ses employeurs en guise de prime. Une grande partie de l’art du romancier est de parvenir à rendre attachant son narrateur qui a tout de même quelque chose de légèrement épouvantable. Rythmé, jalonné de nombreux rebondissements, le récit – on l’aura deviné – est garanti dopé à l’humour noir (la fin du chapitre, quatre, même si on la voit venir, est particulièrement hilarante), et, même si l’intrigue apparaît quelque peu tirée par les cheveux dans les derniers chapitres, la fin, avec son ultime touche d’humour plus-que-noir, sort de l’ordinaire. À savourer avec la dinde saignante et le foie gras du réveillon.

Titre : Mange tes morts (Hangman, 2017)
Auteur : Jack Heath
Traduction de l’anglais (Australie) : Charles Bonnot
Couverture : Frédéric Tacer
Éditeur : 10 x 18 (édition originale : Super 8 éditions, 2018)
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 5430
Pages : 403
Dépôt légal : avril 2019
ISBN : 9782264073822
Prix : 8,40 €

Quelques idées, toujours valables, des années précédentes :
Noël 2018 à moins de dix euros
Noël 2017 à moins de dix euros
Noël 2016 à moins de dix euros
Noël à moins de dix euros « La Mort aux tentacules de poussière »
Noël à moins de dix euros : « Comment cuisiner un phénix »
Noël à moins de dix euros : « Sprats »
Noël à moins de dix euros : « La montagne de minuit
Noël à moins de dix euros : « Vole avec moi »
Noël à moins de dix euros : « Les Montagnes hallucinogènes »


Hilaire Alrune
17 décembre 2019


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