Un cadeau pour les lecteurs qui snobent le genre
Il en est encore pour snober les littératures de genre. Que trouver de mieux à offrir à ces prétentieux qu’un volume arborant Marcel Proust sur la couverture ? Certes, notre Marcel national a pris pour l’occasion un regard quelque peu psychédélique, mais cette note surréaliste ne devrait pas déplaire. Ce « Technofictions » de Pierre Cassou-Noguès semble être passé sous le radar des amateurs de littérature de genre, et c’est bien dommage. Entre science-fiction et littérature générale, ce recueil de neuf nouvelles, accompagné d’une préface de l’auteur, navigue avec un talent rare dans les deltas de l’anticipation scientifique contemporaine. Citons par exemple « Les Neurones fantômes », qui parvient à glisser les dérives et thématiques spirites dans les angles morts de la « hard science ». Pleine d’humour, extrêmement fine, cette nouvelle peut prendre place aux côtés des meilleurs textes de Greg Egan. Dans « Life », également redoutable, on apprendra les conséquences inattendues, et bien évidemment terrifiantes, de l’usage d’une application informatique commerciale destinée à ceux qui souhaitent que leurs défunts leurs envoient un mail de temps en temps, ou qu’eux-mêmes, après leur mort, envoient de temps en temps un mail à leurs proches. L’auteur dispose d’une vaste palette lui permettant d’aborder notre monde en devenir avec une pertinence toujours teintée d’ironie, et même à l’occasion avec une sensibilité et une poésie presque bradburyenne, comme dans « Le Vélib abandonné ». Neuf nouvelles au total, avec ici et là des apparitions d’un Marcel et d’une Albertine bien évidemment éternels. À recommander, donc, et plutôt deux fois qu’une.
Titre : Technofictions
Auteur : Pierre Cassou-Noguès
Couverture : Bleu
Éditeur : Éditions du Cerf
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 282
Format (en cm) : 13,5 x 21
Dépôt légal : juin 2019
ISBN : 9782204134019
Prix : 20€
Un cadeau pour les adolescents qui n’ont pas (encore) lu leurs classiques
Peut-on décemment mourir sans avoir lu les « Chroniques martiennes » ? Assurément, non. Il importe donc d’offrir au plus vite, aux adolescents qui ne l’ont pas encore lu (et dont l’espérance de vie devient chaque année de plus en brève, entre le raptus suicidaire par excès de cannabis, le décès par vapotage de produit frelaté, l’accident de trottinette électrique ou la mort cérébrale par dissolution dans les réseaux sociaux), ce grand classique intemporel qu’ils devraient tous déjà connaître par cœur. Offrir un livre de poche faisant quelque peu chiche en période festive, les éditions Denoël ont décidé de publier une édition dite « collector », pour fêter les vingt ans de la collection « Lunes d’Encre ». On n’attendra pas de luxe excessif – pas de reliure en pleine peau d’extraterrestre, pas de ruban marque-pages, pas de dorures à l’or fin – mais l’on aura droit à un grand format et à une couverture à rabats illustrée par Laurent Durieux.
Titre : Chroniques martiennes (The Martian Chronicles, 1946)
Auteur : Ray Bradbury
Traduction de l’anglais (États-unis) : Jacques Chambon et Henri Robillot
Couverture : Laurent Durieux
Éditeur : Denoël
Collection : Lunes d’encre
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 316
Format (en cm) : 14 x 20,4
Dépôt légal : septembre 2019
ISBN : 9782207158708
Prix : 19,90€
Un cadeau pour les amateurs de Tolkien
Tout comme Lovecraft, Tolkien n’en finit pas de susciter toutes sortes de dérivés et de gloses, parmi lesquels on trouve fort heureusement des essais rigoureux. Ce très appréciable « Dictionnaire Tolkien », sous forme de deux épais volumes brochés sous coffret, fait partie des ouvrages de fond sur le sujet. Le sujet ou plus exactement les sujets, car, de par son choix de dictionnaire encyclopédique, il est composé au total de plus de mille pages d’articles consacrés non seulement à l’homme et à l’œuvre, mais aussi à une infinité de sujets connexes qu’une « Liste des notices par domaine » classe en plusieurs catégories : « Arda et la terre du Milieu (lieux, époques) », « Personnages et créatures », « Œuvres et textes », « Notices biographiques », « Postérité et réception », « Autres auteurs, sources et œuvres », et enfin « Notices transversales ». La liste des collaborateurs, plus de soixante au total, dont bon nombre d’universitaires, en dit long sur le sérieux de cette entreprise de Vincent Ferré qui avait donné lieu à une première publication aux éditions du Centre National de la Recherche Scientifique en 2012. Agrémenté d’un volumineux index, de repères biographiques, et d’une bibliographie, ce « Dictionnaire Tolkien » est bien évidement un ouvrage de référence que l’on ne lira pas d’une traite mais dans lequel on ira butiner, toujours avec bonheur, et où, gageons-le, même les inconditionnels de Tolkien trouveront des choses à glaner. Un des grands intérêts d’une telle entreprise est sans doute de ne pas s’être focalisé à l’extrême sur l’auteur et son œuvre et d’avoir su balayer bien des éléments connexes et passionnants, comme d’autres œuvres et d’autres mythes, mais aussi des éléments en apparence secondaires mais sans doute pas dénués d’importance, comme l’amitié inattendue entre Tolkien et C.S. Lewis, les destins parallèles et jamais croisés de Tolkien et de Mervyn Peake, le vision de Tolkien sur l’œuvre d’Eric Rucker Eddison, tout comme lui spécialiste en vieux norrois et adaptateur de légendes nordiques, ou encore le destin tragique des plus proches amis de Tolkien, membres du Tea Club and Barrovian Society.
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Titre : Le dictionnaire Tolkien, tomes 1 (A-K) et 2 (I-Z)
Auteur : Vincent Ferré
Couvertures : Jean-Christophe Pasquer
Éditeur : Bragelonne (édition originale : CNRS éditions, 2012)
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 540 et 543
Format (en cm) : deux volumes sous coffret 13,4 x 21
Dépôt légal : octobre 2019
ISBN : 9791028105921
Prix : 23€
Quelques idées, toujours valables, des années précédentes :
Noël 2018 à plus de dix euros
Noël 2017 à plus de dix euros