Émilie Querbalec nous donne d’abord quelques nouvelles de la galaxie. C’est toujours très bien fait, succinct mais efficace, une excellente entrée en matière.
Justement, le plat de résistance concerne l’histoire des comic-books, relatée ici de main de maître par Christophe Colin. Il y a dossier et dossier : avec celui-ci on comprend très vite que l’auteur domine son sujet. C’est clair, complet, aisé à lire et l’érudition apporte ici une véritable valeur ajoutée.
Il y eut d’abord les comics strips qui perdurèrent jusqu’à l’avant-guerre, puis vint l’âge d’or des comic-books, porté par la seconde guerre mondiale et une expression du patriotisme à travers l’apparition de super-héros. Ceux-ci reflétaient la psychologie d’une Amérique toute puissante et convaincue de son bon droit. Cependant à l’issue du conflit un déclin s’amorça. Christophe Colin distingue alors plusieurs périodes (L’âge d’argent de 1956 à 1969, l’âge de bronze de 1970 à 1985 et la période contemporaine). Chacune renvoie l’écho des bouleversements dans le monde de l’édition ou/et des événements qui secouèrent les USA (La lutte pour l’égalité des droits civiques par exemple). Les comics « collent » donc à l’actualité.
Ce dossier est complété par deux interviews : celle de Jean-Marc Lainé, auteur de la biographie « Stan Lee, Homère du XXème siècle » et Jean-Michel Ferragatti qui lui, s’attache à redonner vie à des super-héros inventés aux USA entre 1936 et 1942 et tombés dans le domaine public.
La rubrique “Lectures”, assez étoffée, suit ce dossier. Puis nous avons droit à une interview de Paul Beorn qui semble être un auteur connu dans le domaine de la fantasy. Cet entretien est complété par une bibliographie.
Dans la rubrique BD, assez musclée aussi dans ce numéro, on retrouve Christophe Colin (mais pas que...) vantant les charmes de Catwoman à l’occasion d’une réédition US d’un comics de 1999 ou de Marvel Monsters.
Marie-Christine Bussière et André Borie, toujours à l’affût des bonnes interviews, n’ont pas manqué de soumettre Peter F. Hamilton à la question, lors des Rencontres de l’Imaginaire à Sèvres l’année dernière.
« Présences d’Esprits » ouvre toujours ses pages à un auteur en accueillant une nouvelle. C’est parfois plus ou moins bien réussi. Ici, Atmann Bonnaire avec “Réconfort mécanique” s’attache à dépeindre l’univers d’une jeune femme qui tente de survivre dans un futur post-apocalyptique. Celui-ci est dominé par des machines qui ont une petite dent contre les hommes. Pas de « Terminator » à tous les coins de rues, mais une description assez intimiste d’un quotidien difficile et dangereux. Un texte agréable et maîtrisé comme on les aime.
On ne quitte pas l’univers des comics si facilement puisque Marthe Machorowski apporte sa contribution à ce thème en analysant une série télévisée mettant en scène les « inhumains ». Un article bien documenté. Enfin Christophe Colin – toujours lui – dans la rubrique “Burger et Sushi” nous parle du Pingouin, vieil adversaire de Batman. Du sérieux.
Une livraison de « Présences d’Esprits » qui sort du lot – il faut remonter à celle consacrée à E.R. Burroughs pour retrouver un tel niveau d’excellence - abondamment illustrée par ailleurs. Elle est complétée par un entretien avec Vincent Fourneuf, créateur de Graffcomics à qui l’on doit la couverture de ce numéro.
Titre : Présences d’Esprits
Numéro : 97
Couverture : Vincent Fourneuf
Rédacteur en chef : Bénédicte Taffin
Directrice de publication : Evelyne Beuzit
Type : fanzine
Genres : SF, articles, critiques, entretiens, etc.
Site Internet : le club Présences d’Esprits
Période : été 2019
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 1291-2689
Format : 21 x 29,7 cm
Pages : 52
Prix : 5 €
