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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




32, une épatante collection chez Futuropolis.
Une petite révolution dans le monde de la BD déclenchée en avril 2006.
Après un retour remarqué, Futuropolis innove.


Il y a des moments où aimer est difficile !

Ah ! me dites-vous, ne voilà-t-il pas que ce bon Fab va nous faire un soap opera bien dégoulinant de sentiments englués dans le miel et la guimauve (avec une touche de poésie aussi tristounette qu’une rose envahie par une armée de pucerons dopés aux testostérones de taureaux islandais) ?
Non, mes petits YoZoneurs préférés, mais il est juste de dire qu’en ce monde il devient difficile d’avoir une passion pour une BD standardisée qu’une masse phénoménale d’éditeurs essaie de nous refiler dans des stocks d’hyper-méga-culturels magasins dédiés à la revente des couilles desdits taureaux (même islandais !).
Déprime donc, par exemple devant une Fantasy au filon surexploité où l’éditeur s’acharne à nous refiler des scénarios pires que le dernier Disney et donc dédiés à des lecteurs de 7 à... 8 ans ! Oui, on peut le dire, souvent, on se fait CHIER !

Mais que vois-je à l’horizon ?

Une oasis où on te sert une bonne « blanche » qui te rafraîchit le gosier en laissant quelques éfluves de coriandre et d’oranges amères !
Incroyable mais vrai, la BD avec des auteurs et des dessinateurs existe encore. Les marchands du temple n’ont pas réussi à complètement nous empoisonner avec leurs recettes à deux balles qu’ils imposent avec la bénédiction bienveillante des « surfaces d’abêtissement culturel ».
Oui, un Zorro du Futur, ou plutôt du Futuropolis est intervenu pour inventer la BD à 32 planches.
Quoi ? De la BD en 32 planches, en grand format avec couverture souple et qui ne coûte que 4,90 euros !?!?!?!?
Horreur, malheur et catastrophambulante, ma franco-belge a mal aux habitudes. Bin oui, à force d’insister pour nous faire payer 12 ou 13 euros du 46 pages (souvent à 44 planches !), la surproduction de BD invendables vient encombrer les bacs à soldeurs et polluer les comptes des éditeurs qui ne doivent payer que chichement leurs auteurs. Ce qui paraissait si incontournable mais tellement économiquement infaisable (surtout pour ceux qui en vivent grassement) est enfin réalisé et je suis bien heureux que cela se fasse au nom d’une collection qui réunit les vrais intérêts des réalisateurs, des auteurs, des acteurs et des lecteurs de bande dessinée.

En créant la collection 32, Futuropolis
- S’engage sur des projets de longue haleine sans imaginer faire lanterner un lecteur pendant dix ans pour arriver au bout d’un récit.
- Joue de la réactivité et de la créativité de ses auteurs (que Luc Brunschwig dirige cette collection est une vraie bonne intention) en nous donnant des rendez-vous tous les deux mois.
- Casse le mythe de l’incontournable format à dos carré, de la BD en dur qui ne peut qu’exister ainsi près de ses collectionneurs avides de chambres, de bureaux et de greniers envahis d’étagères menaçant de s’effondrer au moindre claquement de porte !
- Redonne un nouveau souffle à la structure du récit tellement mis à mal dans son carcan de 46 pages (souvent ramenées à 44 p ... ! Économie, tu me voleras toujours !).

Mais pourquoi, Fab, ce titre sur l’amour ?

Et bien parce que la BD commençait à me gaver. Et que mon indéfectible passion pour ses courbes bien dessinées et son galbe coloré commençait à vaciller sur des bases pourtant si solides.
Non, pas question que je me mette à lire pour autant la dernière étude de Bjorg Bernsteig sur la reproduction des taureaux islandais en milieu polaire ! Mais tout de même une certaine lassitude à voir des « auteurs » (derrière chaque homme se cache un artiste au talent heureusement méconnu !) envahir des kilomètres de linéaires aussi mornes que les armoires à surgelés de mon Super W local dont les employés ne sourient même pas à la caisse (pourtant, c’est là que cela rigole pour nos cartes bleues !).
Et donc, un jour, je découvre chez Critic (publicité locale et totalement gratuite !), grâce aux conseils toujours éclairés du camarade Xavier (Eh oui, cet homme ne m’a jamais vendu une daube !), les quatre premiers titres de la collection toute neuve de futuropolis : 32.
Souple, lisse, agréable, l’objet s’est affiné, laissant dureté, angulosité et lourdeur au XXe siècle. Grand format, beau papier, belle impression accompagnent une forte sensation de nouveauté et d’esprit de conquête. L’apparence du bébé est appréciable, reste à se convertir au contenu.

Quatre titres, quatre expériences différentes avec des degrés de satisfaction inégaux mais pour autant aucune déception.

Je vous les classe dans l’ordre de mes préférences avec le petit résumé de présentation.

- L’idole dans la bombe par Jérôme et Anne-Claire Jouvray et Stéphane Presle

- Le monde de Lucie par Guillaume Martinez, Kris et Nadine Thomas.

Dans un futur proche, en pleine période de Noël, un centre commercial est dévasté par un incendie criminel. Des centaines de victimes sont à déplorer mais une enfant, Margaret, a miraculeusement survécu sans une seule égratignure. Elle est cependant plongée dans un profond coma dont elle ne sort que pour parler le russe, une langue qu’elle n’a jamais apprise. Tous les espoirs se portent alors sur Sacha, un spécialiste de ce type de syndrome, russophone de surcroît.

Les fans de parapsychologie seront au rendez-vous. « un casque d’isolation sensorielle permettant un meilleur contact télépathique.. c’est de la science-fiction !! » dit un personnage (page 18). Non, pas tant que cela, mais le voyage au sein de l’esprit humain se révèle intriguant. Couleurs et dessin s’imposent sans pression excessive. La suite est fortement espérée (prévue pour le 21 août 2006). La série est prévue en 18 épisodes.

- Après la guerre par Luc Brunschwig, Freddy Martin, Étienne Le Roux et Vincent Froissard.

Et si le seul espoir qu’il restait à l’humanité était ces extra-terrestres qui s’apprêtent à envahir notre planète ?
2039 : le libéralisme sauvage a transformé notre planète en un gigantesque état tiers-mondiste où 80% de la population vit dans un extrême dénuement. C’est dans ce contexte qu’une nouvelle inouïe vient bouleverser la donne : 3 nefs d’origine extra-terrestre sont en approche. Elles refusent de communiquer leurs intentions et auront rejoint la Terre d’ici à peine un an. L’ONU décide aussitôt de mobiliser tous les hommes et les femmes entre 15 et 40 ans et de les préparer au conflit qui s’annonce.
Mais le jour où les 3 nefs sont enfin visibles, elles frôlent la Terre et disparaissent des écrans.

Certainement le titre qui m’a le plus attiré, tant pour son traitement graphique que pour le scénario d’anticipation qui nous est si proche.
Une couverture très réussie qui annonce la dureté du propos. Un dessin et des couleurs d’un fort impact, des ambiances glauques et oppressantes. Mais où va l’homme et pourquoi court-il si vite vers sa perte ? Très fort. (second épisode prévu pour le 21 août 2006, 15 épisodes en tout)

- Guerres civiles par Christophe Gaultier, Jean-David Morvan, Sylvain Ricard et Marie-O Galopin

Une autre série a débuté le 8 juin sous la signature de Fred Pontarolo qui y commet tous les actes de la création BD, y compris le fait de totalement détourner un mythe ! Cela s’intitule James Dieu. Tiens, on s’en prend une goutte, avec un petit résumé de mise en scène :

- Il fut pendant 20 ans, le King, Elvis Presley. Il vit aujourd’hui dans une cannette de Coca, où il coule des jours heureux, une bouteille de whisky à la main. Son nom est Dieu, James Dieu, créateur de la Terre et des Hommes.

Surpris ? Pas si vous suivez le gars Pontarolo ! Total délire à ne surtout pas mettre entre les mains d’intégristes catholiques.
Second rendez-vous le 12 octobre. 9 épisodes au total.

À paraître encore : London Calling par Phicil et Runberg (deux jeunes Marseillais, fans de rock et d’électro partent pour Londres, cité des clubs et de la musique... 9 épisodes) et Holmes par Cecil et Brunschwig (oui, vous saurez tout sur le grand Sherlock Holmes en 9 épisodes)

Vous aurez noté les distances de chaque série. Inutile de dire que les auteurs ont de la place pour nous montrer leur savoir-faire. Ils doivent juste se plier au cahier des charges de Futuropolis qui exige des sorties régulières et rapprochées. Le lecteur ne peut qu’apprècier, tout au moins si la qualité reste au rendez-vous.
Il faut encore savoir que chaque BD sera retirée des rayons après le troisième épisode. L’éditeur publiant alors chaque triptyque sous forme de recueil de 96 pages à couverture cartonnée.

Libraires et lecteurs rencontrés semblent unanimes. 32, c’est la bonne adresse du moment. Moi, je rajoute : ils ont vraiment tout compris. En plus, ils répondent au défi des petits prix des mangas.

Jetez un coup d’œil sur cette très intéressante initiative . Vous verrez, si la folie productive du monde de la BD avait égratigné votre amour du genre, 32 va vivement réanimer la flamme de votre passion.



Fabrice Leduc
17 juin 2006




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32, une collection au regard cru...



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... tel Jouvray qui asassine tranquillement dans « L’idole dans la bombe ».



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L’idole dans la bombe, un premier épisode très réussi...



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...confirmé par un second volet dès juin 2006.



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Le monde de Lucie, voyage dans les mystères de l’esprit humain.



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Après la guerre, par Brunschwig et Martin.



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Guerres civiles, cela pouirrait être notre proche avenir !



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Guerres civiles, épisode 2 paru le 8 juin 2006.



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Jean-David Morvan ?



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James Dieu, Pontarolo se lache...



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