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Liens du sang (Les)
Olivia Kiernan
Hugo et Cie, collection Hugo Thrillers, thriller, 395 pages, septembre 2019, 19,95€


Tanya West, la belle-sœur de Frankie Sheehan, est avocate pénaliste. Elle a bien l’intention de faire réviser le procès de Sean Hennessey, et elle cherche à s’assurer des services de la commissaire Sheehan. L’affaire Hennessey, une histoire épouvantable : le père et la mère assassinés par Sean, la sœur de dix ans, qui en réchappe de justesse, et à présent, sa peine purgée, Sean qui sort de prison. Sean que Frankie Sheehan rencontre sur incitation de Tanya West. Une Tanya West bien décidée à l’innocenter, et pour ce faire à s’assurer du soutien de l’opinion publique grâce à un documentaire télévisé reprenant l’affaire du début à la fin.

« Je fais demi-tour, détaille la scène. Le tueur a pris son temps, il veut que le crime, sa merveilleuse réussite, ait une allure particulière. Il a réalisé un fantasme, imaginé et planifié depuis des années, peut-être. »

Sheehan pourrait reprendre rétrospectivement et méthodiquement ce dossier si elle n’était pas impactée par un double crime particulièrement frappant. Dans une église, une femme et son époux retrouvés tués dans son église. L’enquête établit que la femme a été assassinée sur place, mais que le mari, mort depuis bien plus longtemps, a été conservé au frais. On ne retrouve aucune trace du tueur. Le prêtre de la paroisse, s’il ne peut guère être coupable, ment à tout bout de champ. Puis d’autres assassinats surviennent, en rapport manifeste avec le premier.

«  L’autopsie a établi qu’il était mort d’une balle dans le cœur. Son corps est resté dans une unité de réfrigération pendant au moins cinq jours avant que le tueur ne le transporte sur la plage. »

D’un bout à l’autre du roman la question tourne autour d’un lien potentiel entre les deux affaires, qui toutes deux ont pour scène Clontarf, la même ville d’Irlande. Un lien bien hypothétique, résultant peut-être d’une simple coïncidence géographique et temporelle, un lien suspecté, plus par intuition que par raison, et une piste qui plus d’une fois se termine en cul-de-sac. Ces impasses n’empêchent pourtant pas ce lien ténu, presque impalpable, de réapparaître sans cesse dans l’esprit des enquêteurs. Mais rien n’y fait : l’assassin se dérobe, les pistes s’entrecroisent, se brouillent et pour finir disparaissent. Cette relation suspectée entre les deux enquêtes ne serait-elle pas un « distracteur », un piège mental dans lequel ils se seraient enfermés, et qui empêcherait de voir plus loin, de démêler l’écheveau, d’orienter leurs efforts dans la bonne direction ? Quelque chose, en tout cas, leur échappe.

L’enquête piétine, donc. Comme si cela ne suffisait pas, les média s’en mêlent, braquant leurs projecteurs à la fois sur les crimes et sur l’enquête, mais aussi sur les inspecteurs qui en sont chargés. La foule glapit, gronde, invective. Mais elle aussi semble voir un lien entre les deux affaires. Hegarty, la directrice de la police criminelle, est animée par une ambition forcenée qui fausse tout. Quant à Jack Clancy, il semblerait que lui-même ne soit pas tout blanc au sujet des dépositions recueillies dans l’affaire Hennessey. Sans compter que les indemnités à verser si Sean était effectivement innocent ruineraient la police. Tout se complique, et l’ambiance générale empêche de se poser, de considérer les divers éléments d’un œil suffisamment serein pour espérer avancer.

« Mon cœur s’emballe. Je sens sous mes pieds les plaques tectoniques de l’enquête qui grincent et commencent à s’aligner. »

Comme dans le précédent opus d’Olivia Kiernan, « Irrespirable », on retrouve bien des ingrédients classiques du thriller et du récit policier, des ingrédients astucieusement mêlés qui, sans hisser le roman aux sommets du genre, lui permettent de tenir le lecteur en éveil jusqu’au dénouement. Si le récit propose une intrigue astucieusement ficelée, des personnages qui prennent chair, et pour finir un coupable quelque peu monstrueux, il ne se limite pas à la mise en scène du crime et de sa résolution mais propose également, à travers les cheminements des uns et des autres, une lecture de la société et des circonstances pouvant faire des individus des criminels épouvantables. Une lecture qui n’est sans doute pas réductible au contexte de cette enquête, à savoir l’Irlande contemporaine, dont elle dresse un tableau peu lumineux – mais guère différent des pays voisins.


Titre : Les liens du sang ( , 2018)
Auteur : Olivia Kiernan
Traduction de l’anglais (Irlande) : François Thomazeau
Couverture : R. Pépin / Vizerskaya / Arcangel
Éditeur : Hugo et Cie
Collection : Hugo Thrillers
Site Internet : page roman
Pages : 395
Format (en cm) : 14 x 21
Dépôt légal : septembre 2019
ISBN : 9782755639148
Prix : 19,95 €


Les thrillers Hugo et Cie sur la Yozone :

- « Irrespirable » par Olivia Kiernan
- « Hunter » de Roy Braverman
- « Crow » de Roy Braverman
- « Vérité » de Hervé Gagnon
- « La faim et la soif » de Mickaël Koudero
- « Âmes soeurs » de John Marrs
- « Le Tricycle rouge » de Vincent Hauuy


Hilaire Alrune
7 décembre 2019


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