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Esprit de Lewis - Acte II (L’)
Bernard Santini et Lionel Richerand
Soleil

Dans le premier tome, Lewis Pharamond, dandy anglais, a fait un pacte avec Sarah, le fantôme d’une Française. En échange de la promesse d’un amour éternel, elle lui a offert le don de l’écriture. Londres, neuf mois après, Lewis a quitté sa compagne de l’au-delà. Il est devenu la coqueluche de tout la ville grâce à son premier livre. Mais, une nuit, Sarah réapparaît, jalouse des maîtresses de son ancien amant.



Alors que le premier tome décrivait la naissance d’un amour surnaturel, celui-ci raconte sa descente aux enfers.
Lewis a réalisé son rêve. Son premier livre est un succès public. Les critiques l’adulent et les femmes le convoitent. Il peut aller au bout de ses désirs mais le fantôme de Sarah revient alors qu’il couche avec une journaliste rencontrée le soir même.
Leur histoire d’amour a tourné à l’aigreur mutuelle.
Lewis est un fat. Sa vie n’est qu’une succession de réceptions. Alors que l’image montre sa débauche, les paroles du jeune auteur à la journaliste dépeignent la vie solitaire d’un écrivain coupé du monde. Non seulement, cet antihéros est prétentieux mais il se révèle aussi être un menteur. Il n’a aucun remord quand Sarah réapparaît.
Le fantôme, vert comme l’absinthe, est folle d’amour, mais sa passion exclusive n’est pas raisonnable. Déçue, elle voue une haine féroce à Lewis. Pour montrer à la face du monde la vilenie de cet homme, Sarah se venge par l’humiliation publique. Elle va jusqu’à la torture physique et pour être sûre de ne pas être trompée, elle rend le baiser de son ancien amant mortel pour les autres femmes.

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Le texte de Bernard Santini, qui imite le style des romans du XIXe siècle, présente un milieu littéraire bouffi d’arrogance. Une femme d’expérience conseille à la nouvelle étoile des lettres de se méfier des sourires qui dissimulent de sombres pensés. Lewis s’en sort bien au départ en multipliant les bons mots à la façon d’Oscar Wilde.
Globalement, Bernard Santini fustige l’hypocrisie et le cynisme de la classe bourgeoise. Quand deux femmes débattent de la charité leur discussion se conclue sur l’idée qu’il faut faire rêver les pauvres. « L’Esprit de Lewis » n’est pas pour autant sinistre, le scénario de Bernard Santini sachant manier humour noir et sens de l’absurde ; Lewis est drôle car il est ridicule. Les scènes de ménage entre les deux anciens amants sont amusantes mais elles ont des conséquences redoutables…

Les décors intérieurs surchargés de bibelots venus du monde entier sont superbes. Ils servent non seulement à poser le cadre historique et social mais créent aussi une ambiance suffocante. Le lecteur s’attend à découvrir des secrets derrière une porte et des choses interdites derrière les tentures. Plusieurs cases du dessinateur Lionel Richerand peuvent faire penser au « Chat du rabbin » de Joann Sfar pour la multiplicité des traits. Alors que d’autres plus épurées rappellent Moebius.
La gamme chromatique restreinte (un bleu givré pour les scènes de nuit et aurore pour la partie de jour) rend bien l’atmosphère lugubre et blafarde qui s’installe au fil de pages.
Ce récit gigogne multiplie les pistes et plonge le lecteur dans le mystère et l’hébétude. Dans les dernières pages, la confusion de Lewis donne une dimension totalement différente à tout ce que l’on a lu avant. S’agit-il d’une histoire d’amour impossible entre un vivant et un fantôme ? D’un récit policier ? Du basculement d’un homme dans la folie ? A vous de décider car la fin est ouverte.

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« L’Esprit de Lewis » ne raconte pas seulement l’échec d’un amour, il décrit la jalousie et la haine dans le milieu littéraire. On peut également signaler la belle qualité de l’édition avec une superbe couverture imitant les vieux ouvrages à la tranche dorée. « L’Esprit de Lewis » est une récit gothique dans le style du XIXe siècle qui réussit la prouesse de multiplier les pistes sans jamais perdre le lecteur. Sauf s’il le souhaite…


Acte II
- Série  : L’esprit de Lewis (T2)
- Scénario  : Bertrand Santini
- Dessin  : Lionel Richerand
- Couleur  : Hubert
- Editeur  : Soleil
- Collection  : Métamorphose
- Format  : 24,9 x 32,4 cm
- Pagination  : 96 pages
- Date de parution : 2 octobre 2019
- Numéro ISBN : 9782302077799
- Prix Public : 19,99€


Illustrations © Lionel Richerand / éditions Soleil



Corentin Grebert
27 octobre 2019




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