Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Brins d’Éternité n°53
Revue des littératures de l’imaginaire
Revue, n°53, Science-fiction - fantastique - fantasy, nouvelles-article-chroniques, printemps-été 2019, 132 pages, 10$ CAD

L’éditorial s’intitule “De l’importance d’une bonne accroche”. En effet, les premières phrases d’une nouvelle sont toujours importantes, cars elles donnent ou non envie de découvrir l’imaginaire de l’auteur. Par contre, un début réussi ne débouche pas automatiquement sur une bonne nouvelle. L’auteur doit mettre autant de soin à développer toutes les facettes de son texte et ne rien négliger, sous peine de le voir retomber tel un soufflé.
Et ils sont quelques uns au sommaire à se prendre les pieds dans le tapis...



Marianne Escher a choisi une narration éclatée pour évoquer le phénomène des Dormeurs, ceux qui tombent soudain dans un profond sommeil, avant d’épisodiques réveils. Avec son mode intimiste, “Coruscation” suscite plus l’ennui qu’un quelconque intérêt.
“La peur des chats” n’est autre que la description d’une société en plein effondrement où chacun peut péter les plombs d’un instant à l’autre. Un exemple nous en est donné, mais à part un bilan de la situation, Karine Raymond fait le minimum. Et quand le lecteur finit la nouvelle en se posant la question : « et alors ? » le bilan n’est guère positif.
Même constat pour “Le chien unicéphale” de David Hoon Kim. Trois hommes ont fréquenté le même sanatorium et ont eu des rêves sensiblement similaires. L’évocation de Vaslav Nijinsky et l’érudition qui transparaît dans ce texte ne suffisent pas à accrocher le lecteur. Il en fait trop et cela dessert l’ensemble.

“En attendant Ahmès-Néfertary” allie futur et antiquité avec la civilisation égyptienne. Le contexte décrit à travers la fuite d’une jeune fille obligée de voler pour survivre n’est qu’ébauché mais suffisamment pour intriguer. Même si la fin est tirée par les cheveux, Ariane Gélinas sait comment intéresser les lecteurs et les prendre par la main jusqu’à la fin.

Et les trois meilleurs textes...
Guillaume Voisine nous conte une improbable histoire de vampire. En débutant par : « Tu sais, je suis une vampire, lui cria-t-elle à l’oreille... », il met en œuvre ce qui est mis en avant dans l’éditorial. Crocs en plastique, salive abondante, sexe... “Bave” tient toutes ses promesses et livre la vision d’un vampire nouveau, totalement décalé.

Les parents de Wyatt ont les moyens de corriger leur fils, de gommer ces imperfections de caractère, ses penchants... Pour fêter la fin de l’intervention, Wyatt retrouve ses deux copains pour un week-end qui s’annonce arrosé. Cette intervention l’a-t-elle changé ? Les reconnaîtra-t-il ? Tout en subtilité, Rich Larson évoque l’insidieuse transformation de Wyatt et le malaise des retrouvailles. Sans grands effets, “Corrigé” fait forte impression.

Daniel Sernine envoie aussi les lecteurs dans l’antiquité. Artash n’a de cesse de chercher une femme qu’il pense enfin avoir retrouvée. Prêtresse d’Ishtar, plus jeune que dans son souvenir, c’est bien elle ! Passionnante et instructive, “Babylone” démontre une fois de plus tout le talent de Sernine à tenir en haleine les lecteurs. Même s’il s’agit d’une réédition comme les fois précédentes, ne boudons pas notre plaisir, car ce sont à chaque fois des pépites.

Dans la seconde et dernière partie de l’article “Les démiurges cosmiques”, Jean-Pierre Laigle conclut par une réflexion très pertinente sur le fait que ce thème n’a pas été très exploité : serait-il sacrilège ? Un article vraiment bien vu et qui débouche sur une question non dénuée de sens.

Quasi trente pages de chroniques, presque toutes d’ouvrages outre-Atlantique, ce qui montre une importance de l’imaginaire, dont on n’a pas forcément conscience en France.

Un « Brins d’Éternité » en demi-teinte : trois très bonnes nouvelles, mais à l’inverse trois pas terribles. Toutefois, les récits de Guillaume Voisine, Rich Larson et Daniel Sernine l’emportent et, avec la fin de l’article de Jean-Pierre Laigle, un numéro qui mérite de s’y attarder.


Titre : Brins d’Éternité
Numéro : 53
Éditeurs : Guillaume Voisine, Ariane Gélinas, Alamo St-Jean
Couverture : Émilie Léger
Illustrations intérieures : Cédric Godin Olicard
Genres : nouvelles, articles, critiques, entretien
Site Internet : Brins d’Éternité
Période : printemps-été 2019
Périodicité : quadrimestrielle
ISSN : 1710-095X
ISBN : 9782924585122
Dimensions (en cm) : 14,1 x 21,6
Pages : 132
Prix : 10 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
22 juin 2019


JPEG - 37.7 ko



Chargement...
WebAnalytics