Nous sommes sur la Lune dans le futur. Une classe bénéficie d’une sortie découverte sur notre satellite. Elle le rejoint à bord d’un astronef aux couleurs des bus scolaires américains. Le lecteur suit l’histoire depuis un point de vue extérieur, dans le vide. Par conséquent aucun bruit ne se transmet et donc, logiquement, aucune des paroles que peuvent s’échanger enfants et professeurs engoncés dans leurs scaphandres ne parvient à ses oreilles.
Conséquence : l’album est vierge de tout texte. Néanmoins l’histoire s’affranchit de cette carence car le dessin se suffit parfaitement à lui-même.
Parvenus sur la Lune, les enfants suivent leur moniteur, s’amusent à sauter par dessus des crevasses grâce à la faible gravité tandis qu’une de leur petite camarade traîne en arrière du groupe, absorbée dans un dessin de la Terre vue de la Lune. Hélas, quand elle relève la tête de son œuvre, c’est pour s’apercevoir que tous ses petits camarades sont déjà repartis de la surface de la planète, la laissant seule. Pour tromper sa peur et sa solitude, elle reprend cahier et crayons sans se douter que son travail attise la curiosité des séléniens, qui révèlent leur présence. Lorsque l’enfant, se sentant observée, se retourne, les séléniens prennent peur et vont se réfugier derrière un monticule. L’enfant s’approche, leur montre son dessin, et les créatures deviennent moins craintives, saisissent même des crayons et commencent à se barbouiller de traits , de figures, de représentations de la Terre et tracent sur la roche leurs silhouettes respectives.
Cependant, l’absence de l’enfant ayant été remarquée, la navette scolaire revient tandis que les séléniens disparaissent à nouveau dans les profondeurs du sol lunaire. Le maître retrouve l’enfant, découvre les gravures et lui intime l’ordre d’effacer ce qu’il prend pour des graffitis. La dernière image montre les séléniens, tenant chacun un crayon et faisant leurs adieux à la petite fille qui va désormais s’employer à les dessiner.
John Hare au pinceau a su créer et mettre en scène une histoire à la fois naïve et touchante. La petite fille et ses amis séléniens renvoient l’image d’une innocence qui ouvre la porte de la tolérance. Un bien bel album.
Critique de Didier Reboussin
50 ans plus tard, l’astre lunaire nous fait toujours autant rêver. Sa conquête reste d’actualité auprès de toutes les grandes puissances mondiales même si sa réalisation continue de se heurter aux coûts financiers qu’il faut pour mettre en œuvre. Un jour viendra...
Qu’importe le moment, John Hare en dispose à son aise, imaginant cette classe de jeunes écoliers qui part gambader sur l’astre lunaire comme aujourd’hui une classe de mer part à la conquête des bigorneaux sur les plages de Saint-Malo. L’album se lit comme une bande dessinée muette, elle a en les atours, mais peut aussi être abordé comme un merveilleux album de découverte où chaque page ou double page est un tableau, peint entre nuit spatiale et gris cendreux du sol lunaire, avec légèreté et poésie.
La navette scolaire fait office de contraste avec son jaune flamboyant avant que les couleurs n’apparaissent, comme un enseignement vers des séléniens habitués à la grisaille de leur sol.
Chaque tableau de John Hare est une petite pépite où il fait bon se perdre et rêver... justement c’est là tout le fond de cet album tendre et amusé. Un très joli moment pour petits, et grands qui n’auront pas à le lire dans leur accompagnement familial mais sans doute à apporter un éclairage sur cette fameuse conquête qui attend depuis 50 ans et ce fameux premier pas sur la lune !
Critique de Fabrice Leduc
Classe de Lune
Scénario, dessin et couleur : John Hare
Éditeur : L’école des loisirs
Collection : Pastel
Dépôt légal : 2 mai 2019
Pagination : 38 pages couleurs
Format : 25 x 24,5 cm
Numéro ISBN : 978-2-211-30248-7
Prix public : 14 €
Liens utiles :
Le site de John Hare
Classe de Lune sur le site des Éditions L’école des loisirs
Illustrations © Chris Hare et Éditions L’école des loisirs (2019)
