Au centre de “Generation Gone” figurent les trois adolescents, Akio le scientifique et un général en charge de la recherche. Elena fréquente Nick qui la traite comme une moins que rien, sans que cette dernière réagisse. Elena cumule deux boulots pour rembourser le prêt de la maison et payer les soins de sa mère atteinte d’un cancer, alors que Nick ne fait rien de sa vie, si ce n’est ruminer la passé et la mort de son frère lors d’une manifestation. Quand il se retrouve investi de pouvoirs, il ne pense plus qu’à la vengeance et quiconque se met en travers de sa route devient un ennemi. Il n’est plus que haine et les deux autres n’arrivent pas à le canaliser. Autant Elena apparaît sympathique, autant Nick s’avère antipathique. Baldwin relève plus d’une énigme, aussi bien dans son existence que pour son don surtout révélé à la fin.
Les motivations d’Akio ne sont pas claires : veut-il créé des sur-hommes ? Veut-il offrir un nouveau départ à la jeunesse du pays ? Est-ce une revanche par rapport au passé ? Quant au général, il voit bien sûr tout le potentiel de cette invention testée sans contrôle et qui dégénère. Comme Akio, lui aussi a vécu un drame.
André Lima Araujo et Ales Kot, les deux créateurs de “Generation Gone”, n’ont à mon sens pas fait preuve d’une grande originalité. Rapidement deux séries télévisées se rappelleront à l’esprit de certains lecteurs : “Heroes” et “Marvel Agents of S.H.I.E.L.D.S”, dans lesquelles des individus sont aussi détenteurs de super-pouvoirs et font l’objet de traque. Ces références me semblent même assumées à travers la représentation du général, portrait parfait de l’acteur Adrian Pasdar incarnant le général Glenn Talbot dans “Marvel Agents of S.H.I.E.L.D.S” et jouant aussi dans “Heroes”.
De plus, l’histoire ratisse large, parlant évasivement de tout et de rien : à travers Elena et sa mère, le système de santé et les prêts abusifs sont évoqués, la révolte d’une jeunesse sans avenir, la répression des manifestations, le danger du nucléaire, les expériences... Ales Kot nous sert aussi à l’occasion des dialogues insipides du type : « Nick, est-ce que tu m’entends ? Nick, écoute-moi. Nick. Si tu m’entends, écoute-moi. Si tu arrêtes, je pourrai peut-être t’aider, on pourra peut-être... » Bref, le scénario peine à convaincre, car partant dans tous les sens et trop influencé par d’autres productions.
Au dessin, André Lima Araujo fait le boulot, même si il ne s’est guère fatigué pour le personnage du général. C’est surtout au niveau de l’intrigue que “Generation Gone” pêche. Mettre de l’action, du drame notamment avec la relation compliquée entre Elena et Nick, ne suffit pas à susciter l’intérêt. Combien de fois Elena se fait-t-elle envoyer bouler, avant de revenir vers Nick ? Quand une seule fois Baldwin lui avoue ses sentiments, il subit les foudres de l’intéressée !
Au départ il y a de l’idée : comment un individu lambda évolue-t-il s’il se retrouve soudain capable de voler ? Devient invincible ? Certains y verront une chance de rebondir, de faire le bien, d’autres le moyen d’assouvir leurs désirs secrets. De ce comic se dégage indubitablement le personnage d’Elena, adolescente courageuse et naïve à la fois. Toutefois, le compte n’y est pas, André Lima Araujo et Ales Kot ne sont pas parvenus à apporter de l’originalité à “Generation Gone”, préférant le bruit et la fureur à la réflexion pour évoquer les problèmes des Millenials. Le contexte aurait mérité d’être bien plus explicité. Décevant !
Generation Gone (T1)
Créateurs : André Lima Araujo & Ales Kot
Scénario : Ales Kot
Dessin : André Lima Araujo
Couleurs : Chris O’Halloran
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Philippe Touboul
Éditeur : HiComics
Dépôt légal : 20 février 2019
Format : 17,5 x 26,5 cm
Pagination : 176 pages couleurs
Numéro ISBN : 9782378870751
Prix public : 17,90 €
Illustrations © André Lima Araujo, Ales Kot et HiComics (2019)