La collection « Dédales » des Humanoïdes Associés s’est donnée pour objectif d’explorer l’histoire de l’humanité via plusieurs séries graphiques situées à différentes époques et dans différents pays.
L’ambiance est généralement policière et met aux prises de vilains personnages traqués par des enquêteurs qui doivent beaucoup au Sherlock Holmes de Conan Doyle (n’écarter aucune possibilité, s’en référer toujours à la logique).
Le postulat de départ est plus qu’intéressant et la série consacrée à l’officier Alexis Novikov fait incontestablement partie des réussites de cette nouvelle collection.
« Le Sang des Boyards » confirme les bonnes sensations provoquées par la lecture du premier tome, « Le Fou de Dieu ».
Tout d’abord, le scénario de Patrick Weber tient la route et vogue logiquement vers une conclusion que l’on n’attendait pas obligatoirement.
Ensuite, le découpage fait la part belle aux dialogues et évite les bulles de commentaires “à l’ancienne” type « Blake et Mortimer » où l’auteur passait 10 minutes à vous expliquer ce que vous étiez en train de voir sur la page. Ici, c’est très clair, il n’y en n’a pas. Néanmoins, les dialogues n’envahissent pas tout et certaines pages sont quasi exclusivement graphiques et très belles à regarder (pages 16, 17, 36, 47).
Le dessin de Bruno Brindisi et les couleurs -nous y reviendrons plus tard- servent aussi intelligemment le récit.
D’inspiration réaliste, ce couple graphique ne verse pas dans l’outrance en nous dessinant la copie parfaite de la lampe à pétrole du musée trucmuche (ouf !).
En parallèle, un réel travail sur les décors et les paysages fait que l’œil ne s’endort pas. Même si l’on sent le dessinateur plus à l’aise dans l’évocation des grands palais ou des forêts que dans la gestion des petites pièces, ce qui entraîne parfois quelques petits coups de mou et quelques cases un peu vites réglées (page 44, par exemple), un beau découpage et le bel ordonnancement de l’ensemble arrachent l’adhésion du lecteur sans effort apparent.
À titre très personnel, j’avoue un petit faible pour l’utilisation des tons assez chauds (rouges, bleus, ocres) souvent proposés et permettant une gestion des ombres portées plutôt heureuse. Un beau travail de Juliette Nardin et Christelle Boyer qu’il faut saluer.
Une bonne intrigue destinée à se prolonger (visiblement) sur plusieurs volumes, des personnages bien sentis, une époque propice aux soubresauts historiques (le règne de Catherine II de Russie), un voile fantastique parfumant délicatement un récit réaliste, les motifs de satisfaction sont nombreux.
Rien de révolutionnaire sur le fond et dans la forme mais « Le Sang des Boyards » est une œuvre bien maîtrisée pour une série qui progresse à chaque nouvelle étape.
Sans hésitation.
Titre : Le Sang des Boyards
Série : Novikov, tome 2
Dessinateur : Bruno Brindisi
Scénario : Patrick Weber
Couleurs : Juliette Nardin et Christelle Boyer
Lettrage : Moscow Eye
Conception graphique : Stéphane Martinez
Éditeur : Humanoïdes Associés
Collection : Dédales
Dirigée par : Bruno Lecigne
Site internet : Fiche série Novikov
Format (en cm) : 29,5 x 1 x 22,5 (cartonné)
Pages : 48 (couleurs)
Dépôt légal : avril 2006
EAN : 9 782731 617863
ISBN : 2-7316-1786-1
Prix : 10,40 €
