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Élévation
Stephen King
Le Livre de Poche, n°35348, traduit de l’anglais (États-Unis), fantastique, 157 pages, avril 2019, 6,90 €


Il se nomme Scott Carey, il travaille à son compte, mais avec un contrat en or, dans la conception de sites informatiques, et toute irait à merveille dans sa vie s’il n’avait pas divorcé, un évènement qu’il est parvenu malgré tout à digérer, et si ses voisines, deux lesbiennes mariées qui viennent d’ouvrir à Castle Rock un nouveau restaurant, ne laissaient de temps à autre leurs chiens venir déféquer sur sa pelouse. Rien de vraiment exceptionnel, donc, et si tout ne va pas absolument pour le mieux dans le meilleur des mondes, Carey devrait être assez content de son sort.

Un souci, cependant, et au sens strict un souci de poids. Quand Carey demande conseil à son partenaire de tennis de toujours, le médecin retraité Bob Ellis, c’est parce qu’il n’a pas du tout envie de consulter un médecin qui ne verrait en lui qu’un cobaye. Carey maigrit, inexorablement. Ou plutôt non : Carey perd du poids, inexorablement. Sans changer d’un poil dans son apparence physique. Pire encore : nu ou habillé, Casey pèse le même poids. S’il monte sur la balance en portant un haltère de dix kilos, il pèse le même poids. C’est à devenir fou.

Toute l’astuce de cet « Élévation  » est de ne pas suivre la pente horrifique que Stephen King, sous le pseudonyme de Richard Bachman, avait creusée avec un roman sur une thématique analogue, « La Peau sur les os ». Pas de malédiction ici, un simple fait, un mystère, un processus avec lequel il faut, de gré ou de force, composer. Si l’on peut regretter qu’avec son appel à la tolérance, particulièrement lourd et didactique, envers les deux lesbiennes snobées par les bien-pensants de Castle Rock, Stephen King vienne avec complaisance nourrir son intrigue avec un des clichés les plus convenus du politiquement correct contemporain, force est de reconnaître que conformément à son habitude il parvient à donner vie à ses personnages et que l’on suit avec plaisir cette novella paginée à cent-quarante-six feuillets écrits gros et agrémentée d’illustrations en noir et blanc de Mark Edward Greyer. Une novella qui devrait plaire à tous, et plus particulièrement aux amateurs de course à pied avec son édition du « Trot des dindes », une course locale de Castle Rock qui devrait rester dans les annales – et dans l’esprit des lecteurs.

Si cet « Élévation  » fonctionne, c’est en raison du talent réaliste de l’auteur, mais aussi, de façon un peu plus inattendue chez Stephen King, grâce à une fin poétique, émouvante, profondément humaine, qui donne au récit des accents bradburyens. Un bon petit King, donc, que personne, inconditionnel ou non du maître de Bangor, ne regrettera d’avoir lu.

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Titre : Élévation (Elevation, 2018)
Auteur : Stephen King
Traduction de l’anglais (États-Unis), l’anglais (Grande-Bretagne) : Michel Pagel
Couverture : Will Staehle / Unusual Corporation / Baoyan Zeng / RVStock / Shutterstock
Illustrations intérieures : Mark Edward greyer
Éditeur : Le Livre de Poche
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 35348
Pages : 157
Format (en cm) : 11 x 17,8
Dépôt légal : avril 2019
ISBN : 9782253820079
Prix : 6,90€



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Hilaire Alrune
7 mai 2019


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