Pour cette 3e enquête, Eros se sent pousser les ailes, et à l’image d’un Watson (trop) sûr de lui, il va se croire l’égal du maître et enquêter. Mais comme dans « Le Chien des Baskerville », l’apprenti détective va vite se mordre les doigts, car les choses s’avèrent bien trop dangereuses : les Erinyes le poursuivent, on l’assomme... En dépit de la bienveillance d’Athéna, qui tient la bride de ses limiers de justice, et d’une Hécate qui semble en étranges termes avec ses filles, le petit dieu ailé en voit de belles. Mais il ne renonce pas.
Mais il est bien content lorsqu’enfin il croise la route d’Hermès, et que ce dernier l’aide à mettre en place les pièces du puzzle.
Comme d’habitude, Richard Normandon nous bluffe d’un bout à l’autre. Il est délicieux de se plonger dans ces mythes et d’en découvrir, en tirant sur un fil qui dépasse, les dessous bien moins héroïques qu’il n’y paraissait. Ainsi, l’épopée des Argonautes, la conquête de la Toison d’or et le ravissement de Médée prennent une bien piètre allure. Politique, trahison, intérêts personnels viennent ternir l’éclat du mythe, lui donnant des couleurs bien plus humaines.
L’auteur rappelle une nouvelle fois, avec « La Malédiction des Argonautes », que si les Dieux ne valent parfois pas mieux que les mortels, l’inverse est aussi vrai.
Après « l’Affaire Méduse », on notera la place accordée aux femmes. Médée est-elle victime ou coupable ? Que penser des actes de Perséphone ? En voulant redonner vie aux terres stériles du Tartare, elle a créé des arbres morts-vivants, des simulacres hideux de la vie qu’elle et sa mère Déméter représentent. Hécate, en opposant ses filles Circé et Médée, a conduit la première à vivre loin des hommes et l’autre, au contraire, à devoir survivre parmi eux.
Je tairais la solution du mystère, à la fois très complexe et fort simple, au mobile très humain comme toujours. L’auteur se plait, avec Eros, à nous donner tous les éléments et nous laisser n’y rien comprendre, pour mieux nous enseigner de ne pas nous fier à nos idées préconçues.
La légèreté d’Eros constraste avec la gravité des événements de l’affaire, donnant au roman une dose d’humour très agréable, qui met en lumière sa ténacité et son héroïsme à remplir sa mission.
C’est toujours un plaisir de lire « les Enquêtes d’Hermès », et même si c’est toujours un peu court (moins de 200 pages), Richard Normandon réussit à concilier densité du fond et rythme de l’intrigue.
Comme pour les deux tomes précédents, je ne peux que conseiller aux plus jeunes d’avoir quelques notions de mythes grecs pour n’en apprécier que davantage le roman.
Titre : La Malédiction des Argonautes
Série : Les enquêtes d’Hermès, tome 3
Auteur : Richard Normandon
Couverture : Olivier Balez
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Site Internet : fiche du roman
Pages : 195
Format (en cm) : 20,5 x 14 x 1,2
Dépôt légal : avril 2019
ISBN : 9782075123297
Prix : 11 €
Les enquêtes d’Hermès :
Le Mystère Dédale
l’Affaire Méduse