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Empire des Tempêtes (l’), tome 3 : Blood & Tempest
Jon Skovron
Bragelonne, roman traduit de l’anglais (USA), fantasy, 456 pages, avril 2019, 25€

Hope retourne à ses origines, loin au sud, sur les traces des Seigneurs Chacals. Elle va mettre un peu le bazar là-bas et en ramener un enfant, mage en formation déjà à moitié fou, capable de tuer d’un contact. Ses mentors la guideront vers le bon chemin pour renouer avec ses convictions perdues. Elle retrouvera Red, finalement grillé dans son rôle d’agent double auprès des biomanciens. Les Vinchens, alliés des mages, la traquent, et elle devra affronter un ordre ébranlé et diminué avant de sauver l’empire d’un kraken géant lancé sur la capitale.



J’avais placé beaucoup d’espoirs dans ce dernier tome. Hélas, ses 450 pages sont d’un remplissage égal au précédent.
Certes, on apprécie de suivre Hope, tombée plus bas que terre, aller en quête de réponses (bien glauques), retrouver ses amis, jeunes et vieux (qui cachaient bien leur jeu, comme c’est original) et se retrouver, une nouvelle fois, propulsée salvatrice de l’empire.
Les Vinchens, désormais alliés des biomanciens, sont sur ses traces, menés par le second de l’ordre, celui qui n’a jamais accepté qu’elle soit initiée parce que fille. L’ordre a été épuré des plus anciens, pour ne conserver que les plus jeunes sous la coupe d’un chef fanatique, qui ne recule devant aucune violence pour mener à bien sa mission, au mépris des principes vinchens. Quand Hope le vaincra finalement, les jeunes, en perte de repères, l’éliront sans surprise à sa succession.
Après sa thérapie par la peinture (une rare bonne idée du tome précédent), Red a continué à espionner les biomanciens, jusqu’à ce qu’il doive choisir entre préserver son rôle ou sauver Hope. Il fait quelques dégâts dans les hommes en robe avant de la rejoindre.
Tel un fusil de Tchekov, le kraken apparaît bien pour remettre une couche de cataclysme après le combat homérique de Hope. La situation se retourne sur un pirouette... originale ? risible ? qui se conclut par un lancer de bateau d’un coup de tentacule pour rattraper la flotte (je ne reparle pas des distances et temps de trajets élastiques). La bataille finale à la capitale, avec lâcher de monstres depuis les sous-sols, arrivée de la cavalerie, a bien d’agréables accents horrifiques, l’un des bons côtés de cette trilogie, sa résolution tient là encore de la pirouette / deus ex machina / miracle magique. Et la conclusion, toute gentillette, frôle de bien près le happy end.

Plusieurs mois après sa lecture, le même sentiment m’étreint : après une mise à l’eau plutôt enthousiasmante, et une vague de bonnes idées, la trilogie de « l’Empire des tempêtes » a sombré corps et biens dans l’ordinaire lu et relu, multipliant les passages obligés selon une route de cabotage (ou cabotinage) plutôt que tenter les courants risqués pour lesquels elle semblait pourtant taillée.
Le message féministe martelé n’aura pas sauvé des héroïnes immédiatement propulsées au niveau AAA dès la fin de leur apprentissage. La fragilité émotionnelle des uns et des autres, classique du récit d’apprentissage, nous les rend sympathiques, mais pas plus attachants que cela tant le reste est trop gros. Les gamins, dépositaires de pouvoirs plus grands encore mais dépourvus de barrières morales, prêtent plus à sourire qu’autre chose. Enfin, le côté horrifique et gore, trop ponctuel, ne suffit pas à démarquer la série d’une fantasy ultra-balisée.

Sera-t-on surpris que Bragelonne n’assure pas la publication, très rapide, en poche, au profit du Livre de poche ? Une réédition aux couvertures photo-montées encore moins accrocheuses...

Bref, la série satisfera les novices du genre, par toutes ces bonnes idées montées en épingle qui égayent une trame très classique, l’argot des rues qui maquille une écriture sans grand relief, et un rythme effréné de l’action qui dissimule une absence totale de risque scénaristique. Mais on aura beau faire, l’enchainement de clichés finit par se voir...
Excellent pour l’été, le train, et à oublier dans la foulée.


Titre : Blood & Tempest
Série : L’Empire des Tempêtes, tome 3/3
Auteur : Jon Skovron
Traduction de l’anglais (USA) : Olivier Debernard
Couverture : Johann Bodin
Éditeur : Bragelonne
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 456
Format (en cm) : 24 x 15,5 x 3,2
Dépôt légal : avril 2019
ISBN : 9791028103620
Prix : 25 €


L’empire des tempêtes :
Hope & Red
Bane & Shadow
Blood & Tempest


Nicolas Soffray
9 octobre 2019


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