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Colonies
Laurent Genefort
Le Bélial’, recueil (France), science-fiction, 348 pages, mars 2019, 20€

Sur les 10 nouvelles composant « Colonies », quatre sont inédites et s’intègrent parfaitement à la thématique de ce recueil décomposé en deux parties égales Colonies planétaires et Colonies spatiales. Qu’elles soient sur une planète ou dans une station spatiale, les problèmes ne sont pas les mêmes, mais il est toujours question de survie, de défi pour combattre l’isolement, pour tirer la subsistance d’une terre inhospitalière...



Rapidement le lecteur qui a lu un minimum d’œuvres de Laurent Genefort se retrouve en terrain connu en croisant, entre autres, les Portes de Vangk permettant aux humains de s’affranchir des distances et le traitement Kavine autorisant une grande longévité à ceux qui l’ont suivi.
Personnellement c’est toujours une joie de replonger dans son univers, de relire pour l’occasion certains textes croisés dans une revue, un journal ou un recueil, d’autant qu’assemblés de la sorte, ils constituent un tout recommandable.

Dans la première partie sur les colonies planétaires, il y a une impression d’espace, de grandeur, même lorsque l’habitat ne cesse de se réduire comme dans “Le Bris”. L’humain ne parvient pas à communiquer avec l’élément constitutif de la planète et essayer représente même un tabou.
L’homme ne respecte rien, il s’adjuge chaque planète comme un dû, sans aucun respect pour les espèces autochtones. Parfois une voix s’élève et un courageux se dresse face à la majorité pour sauver “Le dernier Salinkar”. Le déracinement peut aussi rendre fou et la perspective de la solitude pousser à des extrêmes (“Le jardin aux mélodies”). En tout cas, chaque planète devient un nouveau chez soi dont on se souvient avec émotion à l’orée de sa vie (“Je me souviens d’Opulence” et son entêtante litanie Je me souviens...). “Le lot n°97” diffère des autres avec un esthète rassemblant des œuvres d’art et se jetant sur une opportunité.

Dans la seconde partie sur les colonies spatiales, l’homme se révèle bien peu de choses, il ne ressemble plus à un pionnier comme auparavant et se battant face à des éléments naturels. Ici, son ennemi n’est autre que lui-même et sa création à travers la technologie dont il est tributaire. Dans “Longue vie”, les derniers habitants d’un vaste habitat jouent à un jeu mortel. Dans un milieu aussi fermé existe toujours une hiérarchie et pour franchir les échelons, il faut prendre des risques en mettant sa vie dans la balance (“T’ien Keou”).
La réussite d’une colonie peut faire des envieux et devenir l’opportunité d’un marché juteux pour des compagnies prêtes à tout (“Proche-Horizon”). Toutefois, ces habitats ne sont pas toujours entièrement autonome et la perspective d’être coupé du reste de l’humanité n’est pas envisageable. Aussi quand les Portes de Vangk cessent de fonctionner, que ce soit sur une planète ou une station, le découragement gagne la population. Dans “La fin de l’hiver”, le lecteur croit longtemps se trouver sur une planète, alors qu’il n’en est rien. L’homme est son propre bourreau.
À la base, “L’homme qui n’existait plus” était un roman publié en 1996 au Fleuve Noir Anticipation. Comme l’explique l’auteur dans sa “Postface savanturière”, il l’a raccourci une première fois, avant de la reprendre encore une fois pour la présente version d’une belle efficacité. L’abandon de la station s’apparente à quitter sa maison construite de ses propres mains, sans espoir de trouver un autre chez-soi. Huis-clos entre Hicks, le jeune cadre sans sentiments, et le mystérieux Katz qui n’accepte pas cette fin programmée. Dans ce contexte, Hicks ne peut qu’évoluer. En bien ou en mal ?

En dix nouvelles, « Colonies » nous emporte à la surface de planètes et à bord de stations spatiales. La condition humaine y révèle de nombreuses facettes : fragile dans l’espace, destructrice sur les planètes, peu ouverte vers l’autre, jalouse de ses prérogatives... Le futur n’est que le reflet de notre présent, de la folie qui anime les êtres de chair et de sentiments bien imparfaits que nous sommes, avides d’une technologie galopante que, pour la grande majorité, personne ne comprend.
Que le hasard ou les circonstances nous en prive et qu’arrivera-t-il ?
Laurent Genefort apporte des éléments de réponses. Chaque nouvelle de « Colonies » se lit très bien et participe pleinement à la cohésion de ce recueil très bien imaginé.
L’univers de cet auteur n’a pas fini de faire rêver. Y revenir s’avère toujours une joie.
À consommer sans modération !


Titre : Colonies
Sommaire : Colonies planétaires (Le lot n°97, Le dernier Salinkar, Le Bris, Je me souviens d’Opulence, Le jardin aux mélodies) et Colonies spatiales (Longue vie, T’ien-Keou, La fin de l’hiver, Proche-Horizon, L’homme qui n’existait plus), Postface savanturière et Bibliographie des œuvres de Laurent Genefort par Alain Sprauel
Auteur : Laurent Genefort
Couverture : Manchu
Éditeur : Le Bélial’
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 348
Format (en cm) : 14 x 20,5
Dépôt légal : mars 2019
ISBN : 9782843449482
Prix : 20 €



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Pour écrire à l’auteur de cette chronique :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
10 avril 2019


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