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Dans la maison
Philip Le Roy
Rageot, collection R, fantastique / policier, 344 pages, février 2019, 15,90€

Une ancienne bergerie du col de Vence en cours de transformation en maison d’architecte. Huit adolescents de la classe de première, section arts appliqués, du lycée Matisse de Vence s’y sont retrouvés. Les plus brillants, une petite bande atypique et avant-gardiste. Mais lorsque la mère de l’un d’entre eux, à qui appartient la bâtisse, vient les y rechercher le lendemain, personne. Et le commissaire et ses hommes trouvent des choses étranges : du sang, des débris, et des endroits où il semblerait qu’ils se soient barricadés. Où donc sont-ils ? Ont-ils survécu ? Et que s’est-il passé ?



Huit amis, donc. Camille, belle, blonde, friquée, cultivée. Marie, toujours vêtue de noir et de blanc, et grande matrice de cinéma classique. Mathilde la frappadingue : tatouée, alcoolique, tabagique, et plus encore. Léa, rousse pâle, petite amie de Quentin, friqué à mort, mais toujours vêtu tendance grunge. Maxime, amateur de guitare, de bouffe et de poker, Mehdi le baratineur et Julien le dessinateur. Auxquels il fait ajouter Clément, qui ne fait pas partie de la bande mais a réussi à se faire inviter en proposant le concept : jouer à se faire peur.

Schéma classique, donc, de la bande d’amis dans un endroit isolé, qui jouent à se faire peur et à se raconter des histoires, et qui, les uns après les autres, vont tous y passer. Ou pas. Ce que la plupart d’entre eux ignorent, c’est que ce col de Vence est un haut-lieu du paranormal français : des fantômes, des lueurs dans le ciel, des téléportations, et bien d’autres mystères encore, investigués et relatés dans des ouvrages référencés par l’auteur en fin de volume. Un choix judicieux pour les lieux de l’action, donc, qui donne un cadre intéressant et se révèle propice à de nombreux développements. D’autant que l’un des membres du petit groupe, qui a vécu dans la maison de temps de ses grands-parents, y a lui-même autrefois été confronté à des évènements mystérieux.

Jouer à se faire peur : rien de plus facile quand on se retrouve dans une maison isolée, loin de temps, coupée du réseau, et par une nuit d’orage. Tous les effrois sont possibles, tous les effets sont envisageables, qui, dans une vaste maison isolée, en pleine nuit d’orage, ne peuvent que fonctionner. Mais, parmi des coups montés, des astuces improvisées, des tours dévoilés, se glissent peu à peu des détails inexplicables. Et, les uns après les autres, les membres du petit groupe disparaissent sans laisser la moindre trace. Épouvante feinte, donc, puis épouvante réelle, et enfin la paranoïa qui s’installe.

On baille bien évidemment devant les figures obligées du nouveau catéchisme du politiquement correct qu’imposent les éditeurs : forcément un homosexuel, forcément une lesbienne, forcément une bisexuelle dans ce groupe restreint. Qui n’apportent rien à l’intrigue si ce n’est quelques pages inutiles. On s’ennuie donc par moments. Plus utile, et souvent astucieux, l’utilisation, certes classique dans le genre, de la technologie qui devrait permettre de tout expliquer mais instille sans cesse un peu plus de mystère : l’appli d’un jeu pour se faire peur, des figures étranges sur les photographies du groupe, les mémoires des caméras de surveillance mettant en scène des protagonistes horrifiés, ou inattendus. Au registre artefacts, une belle scène avec une planche oui-ja.

Ces adolescents, avant de disparaître, ne peuvent bien entendu que manger des « spaghettis à la diable », multiplier les références à des films « cultes » d’épouvante (en première place l’inévitable « Ring  »), bénéficier d’une bande son pop et variée (l’auteur donne la liste des crédits discographiques en fin de volume). Des chapitres très cinématographiques, majoritairement des dialogues, avec de nombreux équivalents littéraires des « jump-scares » des longs métrages et des astuces de théâtre bien trouvées. Un soupçon de polar avec les investigations des uns sur les disparitions des autres, avant que leur propre tour n’advienne, avec le caractère inexorable des « Dix petits Nègres » d’Agatha Christie.

On le devine : « Dans la maison », qui est d’une certaine manière l’héritier de nombreux longs métrages d’épouvante ou d’horreur mettant en scène un petit groupe dans un endroit coupé du reste du monde, pourrait bien en devenir un à son tour. Il est manifestement conçu pour une telle adaptation. En attendant de le voir à l’écran, on s’efforcera de le lire dans des circonstances adéquates : dans une maison isolée, par une nuit d’orage, et sans la moindre possibilité d’appeler quiconque au secours.
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Titre : Dans la maison
Auteur : Philip Le Roy
Couverture : Nick Loginov/ Arkangel
Éditeur : Rageot
Collection : R
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 344
Format (en cm) : 14, 5 x 21
ISBN : 9782700259346
Dépôt légal : février 2019
Prix : 15,90€


Philip Le Roy sur la Yozone :

- « L’Origine du Monde »
- « La Porte du Messie »
- « Evana 4 »
- « La Brigade des fous, 1 : Blackzone »
- « La Brigade des fous, 2 : Red Code »
- « La Brigade des fous, 3 : White Shadow »


Hilaire Alrune
12 mars 2019


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