La blessure de Noriko s’est infectée et la jeune femme ne peut plus cacher son état. Seulement, sans antibiotique, il est impossible de soigner la plaie et faire tomber la fièvre. Leur seule chance se trouve dans la clinique de l’île, mais encore faut-il pouvoir l’atteindre. Shuya souhaite partir immédiatement alors que Kawada veut attendre la nuit. Cette fois, Shuya refuse de suivre les conseils de ce vétéran du jeu et prend la responsabilité de mettre fin à leur association, préférant tenter sa chance avec Noriko. Quel imbécile ! Kawada est fils de médecin et a souvent aidé son père dans son activité. Ce dernier avait un petit cabinet et ne pouvait se permettre d’engager une infirmière pour le seconder. Choisir le bon antibiotique n’est pas si simple et le danger pour le patient est aussi grand quand le mauvais médicament est donné par des apprentis sorciers comme Shuya. Mais Kawada sait aussi qu’à trop vouloir être prudent sans prendre en compte les sentiments des autres, il se retrouvera encore une fois à regarder ces mêmes autres mourir. Cette leçon, quelqu’un la lui a déjà donnée et pourtant, il n’a pas su l’appliquer. Mais d’un autre côté, il n’est peut-être pas encore trop tard.
“Battle Royale” a pris son rythme de croisière, alternant les chapitres consacrés aux deux groupes de héros, celui de Shuya et celui de Shinji, avec ceux mettant en avant les méchants de la série, et ici un monopole impressionnant pour Mitsuko. La logique demeure la même : les bonnes intentions ne sont jamais récompensées ou si peu. Le cas Shinji est un cas d’école. Le jeune homme pense avoir trouvé le moyen de pirater le réseau de l’armée mais il se fait inévitablement pincer car il décrit à son ami ce qu’il est en train de réaliser. Pour le moment, Kamon a le bon rôle, il est le spectateur du jeu de massacre qu’il a organisé et ne risque rien, à l’abri dans le QG de l’armée. Sa position lui permet de peaufiner son image de pourri de service, sans compter les paris tenus sur les élèves pour choisir celui qui sortira vainqueur. Bon, cela ne fait que confirmer qui sont les personnages principaux de la série. D’un autre côté, ce n’est pas là que l’on attend Kamon, mais il joue bien son rôle d’intermède entre les chapitres d’affrontements entre élèves. Shinji est aussi là pour offrir au lecteur un peu de calme. Il faut dire que Mitsuko va se déchaîner, même si elle sera surtout particulièrement opportuniste car ne se mettant pas, pour le moment, réellement en danger.
Mitsuko est, soyons franc, la salope de service. Elle n’hésite pas à utiliser ses amies à son avantage, à les sacrifier ou tout simplement les exécuter quand elles se retrouvent en situation difficile. Une petite histoire issue de son passé ne fera qu’enfoncer le clou, la montrant comme manipulatrice, mais utilisant également son corps pour arriver à ses fins. Elle n’a aucun amour propre, et pas plus de respect pour elle-même que pour les autres. Toutefois, ce n’est jamais sans bénéfice, évidemment. Elle est le parfait opposé de Shuya. Le jeune homme ne pense qu’à sauver tout le monde quitte à se mettre sérieusement en danger. D’ailleurs, il verra la mort de près et ne devra de continuer l’histoire que grâce à l’intervention de Kawada. Ce dernier nous en apprend un peu plus sur son passé et sur son caractère. Le lecteur sait pertinemment qu’il est la caricature de gros dur au cœur tendre. De toute façon, tous les personnages voient leur principal trait de caractère poussé à l’extrême, ne faisant jamais dans la demi-mesure. La naïveté de Shuya, la perversité de Mitsuko, la résistance extrême de Chigusa, la bougonnerie de Kawada, le lecteur n’échappera à aucun lieu commun. Mais Koushun Takami n’est pas là pour faire dans la finesse, mais dans la boucherie de gros. Et Masayuki Taguchi en profite pour nous inonder les planches de gore, principalement de cervelles pour le moment. Rien ne vaut une bonne balle dans la tête, n’est-ce pas Mitsuko ?
Il ne reste plus que 22 survivants, déjà la moitié de la classe de décédée. Et nous sommes encore loin de la fin, les deux mangakas ayant encore bien des meurtres sordides à nous mettre en images.
Battle Royale, ultimate edition (T2)
Scénario : Koushun Takami
Dessin : Masayuki Taguchi
Traducteur : Arnaud Delage
Éditeur : Soleil Manga
Collection : seinen
Format : 150x210 mm
Pagination : 416 pages
Dépôt légal : 24 octobre 2018
Numéro ISBN : 978-2-302-07160-5
Prix public : 15 €
A lire sur la Yozone :
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BATTLE ROYALE © 2000 – 2005 KOUSHUN TAKAMI / MASAYUKI TAGUCHI (AKITASHOTEN JAPAN)
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