Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Science fait son cinéma (La)
Roland Lehoucq et Jean-Sébastien Steyer
Le Bélial’, Parallaxe, essai, science, 250 pages, octobre 2018, 14,90€

Les films de SF permettent souvent d’en mettre plein la vue, d’offrir du grand spectacle à grands renforts d’effets spéciaux. Dans la magie du moment, le spectateur perd son côté critique et prend pratiquement tout pour argent comptant. Certains longs métrages sont meilleurs élèves que d’autres et, malgré certains points farfelus, ne malmènent pas la science à tout-va.
Bien connus des lecteurs de « Bifrost », Roland Lehoucq et Jean-Sébastien Steyer décryptent un ensemble de films pour séparer ceux qui tiennent la route de ceux qui prennent trop de libertés.
En avant pour la galaxie science !



La première partie “Défier la physique” s’avère la plus ardue. “Ant-Man petit mais costaud” n’est pas trop difficile à suivre, mais les articles consacrés à « Gravity » et « Interstellar » font intervenir des notions physiques plus complexes et demandent un réel effort d’attention pour tenter de comprendre. Les deux auteurs en ont bien conscience et essaient de rester abordables, même si la physique utilisée est de haute volée. Il apparait que les réalisateurs font souvent appel à un conseiller pour donner une caution scientifique au film et éviter ainsi de trop se disperser. Bien sûr, des raccourcis sont empruntés et des notions bafouées, car le spectacle prime.

“Nouveaux horizons” s’intéresse aux autres planètes, nous invitant à visiter l’espace en quête d’une autre Terre, d’un nouveau terrain à conquérir pour l’homme. Et pour ce faire, une roue semble le moyen le plus simple de voyager longtemps, car sa rotation induit une gravité bénéfique aux passagers. Celles rencontrées au fil de métrages sont plus ou moins crédibles. Et peut-on survivre sur Mars en mangeant uniquement des patates comme dans « Seul sur Mars » ? Un peu tiré par les cheveux...
“De la vie sur les planètes de glace” ne manque pas d’intérêt et le satellite de Jupiter Europe attire tous les regards. « Europa Report » de l’Équatorien Sebastian Cordero (2013) en donne une bonne illustration.
“Prometheus, le massacre d’Alien ?” montre que Ridley Scott aurait mieux fait de s’abstenir de revenir aux origines de la créature imaginée par le Suisse H. R. Giger. La science est malmenée tout du long pour un résultat risible.

“Curieux extraterrestres” s’attaque à “..l’origine des espèces... extraterrestres !”, à “...l’évolution des espèces en SF”, avant d’aborder plus spécifiquement le film « Premier contact » de Denis Villeneuve (2016), adapté de la nouvelle “L’histoire de ta vie” de Ted Chiang. Cette partie n’est pas sans ramener à l’autre ouvrage de la collection Parallaxe « Comment parler à un alien ? » de Frédéric Landragin qui permettra d’approfondir le sujet. Il est à noter que les sciences dites molles, comme la linguistique, en opposition aux dures comme la physique, prédominent ici, ce qui illustre très bien la diversité des sciences et leurs complexités.

Qui dit extraterrestres dit aussi “Attention danger !”. Toutefois, bien des menaces rôdent déjà sur Terre, comme les radiations, les bactéries, les virus... Un inventaire pas très joyeux, avant que plusieurs films n’étayent le propos : « The Thing » de John Carpenter (1982), les différents « Godzilla » et « Pacific Rim » de Guillermo del Toro (2013). Au fil de ses apparitions, Godzilla ne cesse de grandir, comme s’il en fallait toujours plus pour attirer les spectateurs dans les salles. Comment peut-il seulement avancer, secouer la tête sans s’écraser sous son propre poids ? De même, les chiffres donnés dans « Pacific Rim » ne tiennent pas la route. Le grand spectacle demande de nombreuses concessions, biens des libertés sont prises pour en mettre plein la vue. La majorité s’en contente, mais ceux qui ont conservé un esprit critique en détectent les failles.

Cinéma et sciences ne font pas toujours bon ménage. Le premier a pour but principal de divertir, ce que chacun doit conserver à l’esprit et ce qui nécessite parfois d’adapter la réalité. Le grand mérite des films de SF mentionnés est d’illustrer la diversité des sciences sous-jacentes : physique, biologie, linguistique, chimie... Roland Lehoucq et Jean-Sébastien Steyer parviennent à rendre leurs démonstrations ludiques, car ils s’appuient sur des exemples. Ils changent le regard du lecteur, lui proposent de voir ce qui se cache derrière ses films, de différencier ce qui est crédible de ce qui ne l’est pas.
Les deux scientifiques parviennent à interagir avec les lecteurs, ils restent toujours abordables, même si les articles peuvent être plus ou moins ardus pour peu que l’on aborde la mécanique quantique ou la relativité.
« La science fait son cinéma » permet au lecteur d’en sortir grandi. Quelle que soit son instruction, il apprendra des notions qui régissent son existence, sans qu’il en prenne forcément conscience.

Pour ceux qui désirent aller plus loin, lire la revue « Bifrost » est tout indiqué, car ils y retrouveront chaque trimestre la rubrique “Scientifiction” mêlant science et SF et qui a semble-t-il servi de support à plus d’une partie du présent essai.


Titre : La science fait son cinéma
Auteurs : Roland Lehoucq et Jean-Sébastien Steyer
Couverture et illustrations intérieures : Cédric Bucaille
Éditeur : Le Bélial’
Collection : Parallaxe
Directeur de collection : Roland lehoucq
Site Internet : Essai (site éditeur)
Pages : 250
Format (en cm) : 13 x 20
Dépôt légal : octobre 2018
ISBN : 9782843449420
Prix : 14,90 €


Dans la même collection :
- « Comment parler à un alien ? » de Frédéric Landragin

Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
5 novembre 2018


JPEG - 59.1 ko



Chargement...
WebAnalytics