
Trois enfants originaires d’une planète lointaine qui arrivent à bord d’une navette sur Terre, voilà qui n’est pas sans rappeler Superman. Comme lui, les trois possèdent des pouvoirs extraordinaires, ils peuvent voler, Lili peut imposer sa volonté... Mais ils sont livrés à eux-mêmes ! En quittant précipitamment leur foyer, ils ont dû abandonner Al, une sorte d’intelligence artificielle qui leur sert de parent. Comment le récupérer, maintenant que la maison est sous surveillance ? L’opération n’est pas sans danger, surtout que la sécurité intérieure est sur le coup.
Ils ont perdu leurs repères, ne savent que faire et Matt doit subvenir à leurs besoins, trouver un toit, de la nourriture... Heureusement deux adultes, deux sans abris squattant un ancien magasin au rideau défoncé, les accueillent sans poser la moindre question, partageant sans réserve le peu qu’ils possèdent. Ce ne sont pas des conditions pour des enfants, mais ils font tout pour leur donner la chaleur humaine qui leur manque tant.

L’histoire est très touchante, car elle montre la détresse d’enfants. Oubliés les super-héros, leur condition première prédomine et les adultes ont un devoir de protection envers la jeunesse. Certains ne voient en eux qu’une menace (ou des sujets d’expérience ?) à neutraliser. Un terme dur, ambigu, qui donne froid dans le dos. D’autres comprennent qu’ils sont face à des enfants qui ont besoin d’aide, mais la confiance, une fois qu’elle est entamée, est difficile à gagner à nouveau. Fuir est-ce une solution ? Est-ce seulement une vie, surtout pour eux ? Bien sûr que non !
Au scénario, Frédéric Maupomé sait interpeller les jeunes lecteurs en premier lieu, mais aussi les adultes qui appréhendent cet album d’un façon différente, plus responsable. La tension est croissante, le danger ne se cache pas forcément où on le pense et “Home Sweet Home” s’achève sur un redoutable cliffhanger.
Dawid nous régale avec les bouilles des personnages. Benji arbore une coupe à la Jackson Five, Matt des cheveux indomptables... Le graphisme s’avère très engageant, un bel esprit s’en dégage et la colorisation atypique le rend d’autant plus attractif. C’est souvent les tons chauds qui prédominent, en accord avec les chevelures d’un roux improbable des personnages. Quand le bleu et des teintes plus froides remplissent les cases, le contraste n’en est que plus saisissant, donnant une piqure de rappel sur la condition précaire des trois enfants. D’ailleurs Dawid adresse un clin d’œil à une autre série des éditions de la Gouttière, “Trappeurs de rien”, avec une peluche de Croquette.

La série “Supers” est un plaidoyer sur la différence. Par ses jeunes personnages, elle montre toute la difficulté à vivre quand on est rejeté, car incompris. En effet, souvent ce que quelqu’un ne comprend pas effraie et il préfère s’éloigner plutôt que de chercher à faire le premier pas, à montrer sa bonne volonté et établir une relation bâtie sur la confiance. “Home Sweet Home” donne une belle leçon d’humanité à méditer, le secours ne provient pas de personnes bien établies, mais de sans abris qui savent qu’il faut se serrer les coudes.
Matt, Lili et Benji méritent un foyer aimant, c’est dans l’ordre des choses. Frédéric Maupomé et Dawid offrent aux lecteurs une série attractive par son histoire et son dessin et ce qui ne gâche rien, au propos intelligent.
Le tome 4 n’en est que plus attendu.
(T3) Home Sweet Home
Série : Supers
Scénario : Frédéric Maupomé
Dessin et couleur : Dawid
Éditeur : Éditions de la Gouttière
Pagination : 120 pages couleurs
Dimensions : 17,9 x 24,6 cm
Dépôt légal : 25 août 2017
ISBN : 9791092111538
Prix public : 18 €
Illustrations © Dawid et Éditions de la Gouttière (2017)