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King of Eden (T1)
Takashi Nagasaki et Ignito
Ki-oon Seinen

Savez-vous comment a été commis le premier meurtre de l’histoire de l’Humanité ? Savez-vous comment Cain a tué Abel ? Certains pensaient qu’il l’avait étranglé, mais comment expliquer la présence de sang ? D’autres pensent qu’il a utilisé un outil ou même une pierre. Ils se trompent tous, l’arme qui fut fatale à Abel fut les propres dents de son frère... Pourquoi cet étranger raconte-t-il cette histoire aux policiers d’une petite ville d’Andalousie ? Pour comprendre, il faut remonter peu de temps avant, alors que les policiers Garcia et Jose faisaient une ronde dans un village qui n’avait plus donné signe de vie de toute la journée. En arrivant sur place, les deux collègues découvrent de nombreuses mares de sang et des membres horriblement déformés. Mais cela ne les préparait pas à ce qui les attendait sur la place centrale du village : les corps de tous les villageois amassés les uns sur les autres et au sommet l’ombre d’un homme...



Teze Yoo. Tel est le nom de cet inconnu qui tenta de mettre le feu au village. La police espagnole voit en lui le coupable parfait du carnage. Plus d’une cinquantaine de morts et un seul survivant. Garcia se retrouve chargé de son interrogatoire et c’est ainsi que l’inconnu lui raconte sa théorie sur l’assassinat d’Abel par Cain. Pendant ce temps, Jose se porte de moins en moins bien. La morsure infligée par l’un des villageois le fait souffrir... Ou est-ce autre chose ? Et quand un collègue plaisante sur sa femme, Jose s’énerve soudainement, menaçant même de son arme le dit collègue. Mais que lui arrive-t-il ? Il n’aura pas vraiment l’occasion de se poser une autre question car la terrible transformation à l’origine de la mort de tous les villageois a déjà commencé. José a perdu toute humanité, ses traits sont terriblement déformés et il ne pense plus qu’à une seule chose : tuer ! Tuer tous ceux présents... Telle est le pouvoir de ce virus comme l’appelle Teze, lui l’ancien archéologue qui porte dorénavant la marque de Cain...

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Difficile de dissocier le nom de Takashi Nagasaki de celui de Naoki Urasawa, les deux mangaka nous ayant offert des chefs-d’œuvre comme Billy Bat ou Master Keaton. Cette fois, Takashi Nagasaki fait quelques infidélités au maître pour se lancer dans une série complexe comme il les aime. Car ne vous laissez pas avoir par les première pages, “King of Eden” n’est pas un « survival horror » de plus, ce serait bien mal connaitre le mangaka. D’ailleurs, il ne faudra pas très longtemps pour comprendre que le fameux virus qui dévaste soudainement des villages aux quatre coins du monde n’est pas une simple invention de laboratoire, mais peut-être bien un châtiment divin. Takashi Nagasaki commence alors à distiller des indices, des pistes, peut-être bien fausses, en tout cas, le mangaka s’attaque ni plus ni moins qu’au mythe de Cain et Abel en proposant sa propre explication du premier meurtre de l’Humanité. Cette fois, l’ambiance est réellement donnée car “King of Eden” est bel et bien un thriller, certes horrifique, peuplé de monstres, de lycanthropes, mais surtout Takashi Nagasaki commence une chasse à l’homme, au roi des loups qui semble prendre un malin plaisir à répandre son virus dans le monde entier. Le mangaka prend le temps de nous présenter son héroïne, son enquêtrice en chef qu’il faudra suivre de près, Lua Itsuki. En parallèle, nous découvrons les actes esseulés du seul homme capable d’affronter les monstres créés par le virus, Teze Yoo. Mais qui est-il vraiment et d’où lui vient sa force surhumaine ?

La mise en image de ce scénario complexe comme les aime Takashi Nagasaki est confié à Ignito, pseudo du mangaka coréen Lee Sangcheol. Son style graphique n’est pas sans rappeler celui du maître Naoki Urasawa contrairement à ce que laisse penser la couverture d’une grande force. C’est le genre de couverture qui vous donne envie d’ouvrir un livre pour savoir si ce n’est que de la poudre aux yeux ou si les dessins sont vraiment de la même qualité à l’intérieur. Et ce sera le cas, car même sans la force donnée par la colorisation, le trait d’Ignito est précis, jouant avec les ombres pour rendre ses créatures encore plus effrayantes. Le mangaka ne leur donne pas un design bien défini pour montrer que le virus agit différemment selon les victimes, même si leur forme finale se rapproche peu à peu du loup. Mais le mangaka n’a pas choisi la facilité et se force à recréer une nouvelle difformité pour chaque personnage contaminé. Mais son talent ne s’arrête pas là car Takashi Nagasaki l’oblige à démontrer l’étendue de son talent en parcourant le monde, de l’Asie à l’Europe, lui imposant du « survival horror » mais aussi des scènes d’action classiques, ou encore la représentation de la statue de Darius 1er. Oui, Ignito doit étaler sur le papier des planches très différentes, tout en donnant à ses personnages des traits parfaitement différenciés, les rendant également le plus expressif possible, faisant passer sur un visage une palette impressionnante de sentiments comme lors de l’interrogatoire du docteur Morgan.

“King of Eden” s’annonce comme une série entre Billy Bat et Monster de Naoki Urasawa... L’ombre du maître n’est jamais vraiment très loin pour notre plus grand plaisir.


King of Eden (T1)
- Scénario : Takashi Nagasaki
- Dessin : Ignito
- Traducteur  : Kette Amoruso
- Éditeur français : Ki-oon
- Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination  : 208 pages
- Date de parution : 11 janvier 2018
- Numéro ISBN  : 979-10-327-0132-4
- Prix : 7,90 €


© 2015 Takashi Nagasaki, IGNITO / Haksan Publishing Co., Ltd.
© Edition Ki-oon - Tous droits réservés



Frédéric Leray
19 février 2018




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