Après sa première confrontation avec Ded Moroz, Asimov n’a plus de doute sur son identité : il s’agit de son ancien camarade Bvak Berzenko. Il est devenu ce monstre en échange de soins pour sa fille, atteinte par ce terrible virus venu de Mars. Malheureusement, l’ancien soldat s’est fait manipulé par le professeur Sokolov qui ne voit en sa fille et en lui que de vulgaires cobayes mis à sa disposition pour étudier les opérations MO sur l’organisme humain. C’est ainsi que Bvak s’est vu implanter de l’ADN d’ours polaire et de scarabée bombardier pour devenir une bête presque invincible. Sa rage aveugle était déjà à un niveau des plus élevés en se retrouvant face à Asimov qu’il considère comme un traître à sa patrie ne méritant que la mort. Mais en apprenant que sa fille est décédée des suites de sa maladie, Bvak perd totalement la raison et se retourne contre le groupe mafieux qui l’utilisait. Il n’a plus qu’un seul but : détruire Asimov et toute la Russie. Dans l’équipe du commandant de l’U-NASA, Elena ne croit pas Asimov capable de vaincre son ancien ami et cette dernière décide de demander le soutien de l’armée pour stopper le Ded Moroz. Malheureusement, elle n’a pas conscience qu’elle vient de provoquer une véritable catastrophe par ce geste.
Après le one-shot dédié à Rain Hard, la série “Terra Formars” offre un diptyque à un de ses plus charismatiques personnages : le commandant russe Sylvester Asimov. Pour l’occasion, le scénario est confié à Ken-ichi Fujiwara, principalement connu pour sa série “P3, Persona 3” pour le scénario, et au dessin l’excellent Boichi qui nous manquait, il faut bien l’avouer, depuis la fin de sa série phare, “Sun-Ken Rock”.
Comme dans le cas de Rain Hard, ce spin-off nous ramène dans le passé plutôt récent d’Asimov, avant le départ de son équipe pour Mars. La série originale nous avait toutefois déjà dressé un portait assez complet du personnage : l’existence de sa fille contaminée par le virus martien et son beau-fils qui l’accompagne lors de la mission Annex 1. D’ailleurs, ce personnage ne sera pas vraiment développé par Ken-ichi Fujiwara qui préfère s’attarder sur deux autres membres de l’équipe russe : Elena et Ivan Perepelkina. L’histoire qui nous est comptée s’attaque d’une façon détournée aux origines d’Asimov, lui qui, en apparence, a trahie sa patrie pour se vendre aux Russes afin de trouver un vaccin à la maladie de sa fille. Le mangaka va tendre cette toile de fonds afin de pouvoir sortir de l’action présente et s’attarder sur des souvenirs d’Asimov quand il était encore soldat d’un autre camp. Au-delà du combat contre son ancien ami devenu une erreur de la nature par une opération ratée de Mosaic Organ, c’est une confrontation avec les fantômes de son passé qui attend Asimov. Ken-ichi Fujiwara utilise Ivan comme élément humoristique, véritable Auguste faisant la paire avec Elena jouant au clown blanc avec son frère. Le mangaka tente de sortir Asimov de la cuirasse qu’il s’est construite, cette personnalité exaspérante pour ses adversaires, une cuirasse parfaitement symbolisée par l’animal avec qui il partage dorénavant les gènes : le crabe géant de Tasmanie. Le mangaka alterne scène tragique, scène d’action et scène humoristique, jouant avec le pathos du lecteur.
C’est donc toujours un plaisir de retrouver le trait hyperréaliste de Boichi, même si le mangaka raffole également du mode chibi pour ses personnages. Qui dit Boichi dit corps nus sans la moindre pudeur, hommes comme femmes. Et le mangaka ne dérogera pas à ses habitudes, surtout qu’il aura bien des occasions de nous faire partager son goût pour les corps parfaitement musclés pour les hommes et pour les silhouettes parfaites, de préférence avec de grosses poitrines, pour les femmes. Sans oublier son amour pour les gros plans fessiers. Boichi ne semble par contre pas très à son aise avec les transformations des personnages. J’avoue avoir été plutôt déçu par le design du Ded Moroz que ne ressemble pas à grand-chose. Certes, on peut justifier ce physique totalement indécis par le fait qu’il s’agisse d’une opération ratée, mais cela ne suffit pas à expliquer ce choix. De même, la transformation d’Ivan est limite ratée. D’ailleurs, Boichi va imposer un bon vieux combat à mains nus pour l’affrontement final, prouvant en quelque sorte qu’il préfère quand même des musculatures bien classiques aux mutations de “Terra Formars”. Bon, au moins Boichi se sera lancé dans l’expérience et il imprime inévitablement son empreinte à ce spin-off, mais je le préfère dans des styles plus urbains et plus classiques.
Malgré mon petit bémol de fin, ce diptyque dédié à Asimov est un incontournable pour tous les fans de la série “Terra Formars”.
Terra Formars : Asimov (T1 et 2)
Scénario : Ken-ichi Fujiwara
Dessin : Boichi
D’après l’oeuvre originale de : Yu Sasuga, Ken-ichi Tachibana
Traducteur : Sylvain Chollet
Éditeur français : Kaze Manga
Collection : Seinen
Format : 112 x 170, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192 pages
Date de parution : 17 mai et 5 juillet 2017
Numéro ISBN : 978-2-82032-847-2 ; 978-2-82032-875-5
Prix : 8,29 €
A lire sur la Yozone :
Terra Formars (T1)
Terra Formars (T2)
Terra Formars (T3 et 4)
Terra Formars (T5 et 6)
Terra Formars (T7 et 8)
Terra Formars (T9 et 10)
Terra Formars (T11 et 12)
Terra Formars (T13 et 14)
Terra Formars : Rain Hard
Terra Formars (T15 et 16)
TERRAFORMARS GAIDEN ASIMOV © 2015 by Boichi, Ken-ichi Fujiwara, Ken-ichi Tachibana, Yu Sasuga/SHUEISHA Inc.
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