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Trilogie Martienne (La)
Kim Stanley Robinson
Omnibus SF, 1664 pages, 3 romans & préface inédite, février 2006, 30 €

Originellement édités aux Presses de La Cité et toujours disponibles en grands formats, les trois romans composant « La Trilogie Martienne » de Kim Stanley Robinson ont accumulé les grands prix du Landernau SF (Hugo, Nebula, Locus, etc.) à juste titre.



Œuvre majeure et de grande ampleur, la vision de Kim Stanley Robinson ne se réduit pas seulement à l’histoire imaginaire et scientifique d’une future terraformation de la planète Mars. Si ce sujet est primordial, surtout dans le premier tome (« Mars la Rouge »), dès le départ l’écrivain intègre son cycle dans une histoire plus vaste : celle de l’humanité tout entière.
Du coup, on n’est pas très éloigné d’une approche type “Histoire du Futur” à l’image des longs cycles littéraires abordés par quelques grands anciens et dont on aurait volontairement étiré la trame d’une séquence temporelle précise.
On pense alors à Asimov pour cette volonté clairement affirmée d’intégrer des petites histoires dans LA grande et à Arthur C. Clarke pour ce sens méticuleux du détail scientifique (quasi-maniaque). La conquête spatiale devient alors une anticipation construite et logique, la colonisation de Mars une quête scientifique et initiatique.
Ainsi, les problèmes affrontés par les cent premiers colons de la planète rouge ne sont pas seulement techniques et technologiques mais très rapidement moraux, sociaux, politiques et métaphysiques. Et dès « Mars la Verte » puis avec « Mars la Bleue », ces questions prennent très vite le pas sur l’intrigue purement SF et très Hard Science que l’on pensait de prime abord vitale au récit.

Est-ce à dire que Kim Stanley Robinson trompe son monde avec cette trilogie ? Point du tout. Pas un fait n’est proposé à la lecture sans un souci explicatif permanent. Si, par moments, l’ensemble vire au catalogue des théories de la Nasa, l’ennui est rarement présent.
Mais c’est bien là où on ne l’attendait pas que Robinson intéresse doublement. Si les fondations scientifiques sont impératives à l’existence de sa trilogie, son questionnement permanent sur l’évolution de la race humaine néo-martienne et sa vision quasi cataclysmique de la destinée terrienne de l’humanité passionnent bien plus. Ce grand tout peut cependant effrayer par la diversité des thématiques abordées ainsi que par la longueur de l’analyse proposée (cf. tableau ci-contre). Du lourd, du costaud, du sérieux, du très ambitieux à réserver à un public averti.

L’édition Omnibus reprend l’intégrale des 3 volumes accompagnée des deux cartes planétaires ainsi que des trois tables chronologiques rassemblées en une seule à la fin du volume. Une courte préface de l’auteur centrée sur l’exploration spatiale et la terraformation de Mars faisant office de bonus cadeau.
Par contre, le calendrier martien de « Mars la Bleue » et la table de comparaison des températures de « Mars la Verte » font les frais de cette nouvelle édition. Dominique Haas est également créditée en co-traductrice de « Mars la Rouge » avec Michel Demuth, ce qui n’était pas le cas lors de la première édition Presses de La Cité.
Est-ce à dire qu’il s’agit d’une traduction revue et corrigée ou de la régularisation d’un oubli, nous ne le savons pas encore (mais nous enquêtons).

Pour 30 euros, « La Trilogie Martienne » est à votre portée et outre le fait que tout cela constitue une sérieuse économie financière (même par rapport à une édition de poche chez Presse Pocket SF enclenchée sur une base de trois volumes -un poche par tome), le gain de place n’est pas négligeable. En plus, le format Omnibus SF a un petit quelque chose de très attrayant pour les grands lecteurs en ce qu’il permet d’emporter dans son sac de nombreuses heures de lectures en un seul volume très compact.

Seul petit regret, l’absence du roman « Les Martiens »* (dernier volume écrit et pourtant prélude à l’aventure de la trilogie martienne) qui est pour beaucoup (dont moi !), le plus réussi. Néanmoins, ce recueil se rattachant également au cycle « S.O.S Antarctique » (Antartic Inc.) de Kim Stanley Robinson, on peut raisonnablement espérer et croire en un second volume Omnibus SF rassemblant et unifiant ces deux sagas du futur. Le tout pourrait être augmenté d’une étude de grande ampleur sur l’écrivain, son œuvre et le tour serait joué (et gagné !).

Les absences du présent font les espérances du futur et si vous ne connaissez pas encore « La Trilogie Martienne » de Kim Stanley Robinson, la présente édition représente un investissement prioritaire sur la liste des bouquins à ne pas manquer.

*Jean-François Merle (éditeur auprès des éditions Omnibus) nous écrit et c’est avec grand plaisir que nous avons reçu les précisions suivantes suite à la parution de notre critique.

Pour « Mars la Rouge », la présence de Dominique Haas aux côtés de Michel Demuth s’explique par une petite révision de la traduction (termes techniques en constante évolution).
Vous avez le même petit regret que moi : l’absence de « Les Martiens » ; mais il aurait augmenté de façon fatidique la pagination du volume, déjà très imposante (près de 1700 pages). Question de poids, de prix également. Ce ne fut pas un choix facile, nous voulions absolument publier la trilogie en un volume.

Bien Cordialement,
JF Merle
Omnibus

Amis Yonautes, tu sais tout !

Titre : La Trilogie Martienne
Romans : Mars la Rouge (1993), Mars la Verte (1993), Mars la Bleue (1996)
Auteur : Kim Stanley Robinson
Préface : Kim Stanley Robinson
Couverture : Atelier Didier Thimonier
Illustration : Van Ravenswany, Detle/S.P.L./Cosmos
Collection : Omnibus SF
Éditeur : Omnibus, 12 avenue d’Italie, 75013 Paris
Site Internet : http://www.omnibus.tm.fr
Site internet auteur :
Pages : 1664
Format (en cm) : 13 x 4 x 19,7 (broché)
Dépôt légal : janvier 2006
EAN : 9 782258 070226
ISBN : 2-258-07022-8
Prix : 30 €


Stéphane Pons
9 avril 2006


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