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Coma des mortels (Le)
Maxime Chattam
Pocket, Thriller, roman (France, 2016), thriller, novembre 2017, 349 pages, 7,40€

Arrivé sur la scène littéraire au début des années deux mille avec des thrillers purs et durs (« Maléfices », « In ténébris », « L’Âme du mal », Maxime Chattam continue à infléchir sa trajectoire et nous livre ici une sorte de récréation littéraire.



« Mon psy me fait stagner dans le passé pour me pourrir le présent afin que je n’aie pas d’avenir. »

C’est la crise de la trentaine. Pierre a décidé de tout lâcher, de tout plaquer. Il abandonne son ancienne vie et repart à zéro. Un nouveau boulot – ramasseur d’excréments animaux au zoo – de nouveaux loisirs – le théâtre, sur la scène duquel il joue la même comédie de mœurs que dans le monde réel – et bientôt une nouvelle petite amie. Qui meurt assassinée. Et qui n’est que la première d’une longue série, car on va se mettre à mourir beaucoup dans l’entourage de Pierre, et jamais de cause naturelle. Jusqu’à ce qu’il se retrouve lui-même dans le collimateur de la police.

« Une collectionneuse de suicides qui peint des tableaux avec des cadavres de mouches et qui fait l’amour dans un cimetière la nuit ou au milieu des Galeries Lafayette, c’est la compagne idéale. »

Pierre, il est vrai, n’a pas une vie tout à fait simple. Son psy le harcèle, la fatalité aussi. Il a des loisirs atypiques : appeler des inconnus au hasard, au téléphone, et collectionner les numéros de téléphone non attribués. Et ses petites amies, du moins tant qu’elles sont encore vivantes, ne sont pas toujours elles-mêmes particulièrement simples. Sans compter qu’il se pose bien des questions cruciales, du genre : « C’est une question fondamentale que personne ne pose jamais : lorsque le capitaine pirate coule avec son navire, est-ce que le perroquet se laisse sombrer ou est-ce qu’il s’envole ? »

«  Mais vous êtes comme un superhéros alors que je ne suis qu’un type crayonné à la va-vite, juste pour le décor. »

Un personnage qui trouve les objets perdus et ressemble à une réincarnation moderne de saint Antoine, une fortune qui tombe du ciel, des réflexions sur tout et sur rien, des hasards et des coïncidences, des errances et des errements, Maxime Chattam baguenaude, et son personnage avec lui. Un vagabondage primesautier, une sorte de shaker romanesque contemporain, avec, en toile de fond, humour noir et crimes répétés.

« Il ne faut pas sous-estimer la puissance corrosive de la vérité. »

De la sagesse de comptoir, de la psychologie de superette, de la métaphysique plate et creuse de revue féminine, de la philosophie de plateau-télé, du sexe comme dans les polars racoleurs, de la romance comme dans la chick-lit, de l’humour tantôt lourd et tantôt subtil, un peu de Bernard Werber ici, un peu de Patrick Cauvin là, Maxime Chattam ratisse large et prend les mêmes risques que les producteurs hollywoodiens : à force de multiplier les ingrédients en voulant plaire à tous, on finit par prendre le risque de ne plaire à personne. Il est clair que les amateurs de thriller pur et dur et les aficionados du Maxime Chattam de « La Trilogie du mal » ne retrouveront pas dans ce roman la tension attendue et risqueront d’être un peu déstabilisés par la multiplicité des approches tour à tour utilisées par l’auteur.

S’il est vrai que l’ensemble manque d’homogénéité, s’il est vrai que ce roman un peu décousu ressemble à un fourre-tout d’idées éparses rassemblées autour d’une série de crimes qui apparaît plus comme un prétexte que comme un véritable fil directeur, le lecteur aura droit à une véritable révélation finale qui, elle, relève bel et bien du thriller. Pourtant, le véritable ciment du « Coma des mortels » n’est pas la tension horrifique mais l’humour, tantôt noir et tantôt léger (on retiendra quelques entretiens mémorables entre le narrateur et deux enquêteurs) et l’ironie constante dont fait preuve l’auteur : s’il donne l’impression de racoler à droite et à gauche, on peut aussi considérer qu’il passe à la moulinette tous les tics et clichés romanesques que nous avons cités au paragraphe précédent. Avec « Le Coma des mortels », Maxime Chattam vagabonde et folâtre en permanence entre ironie et premier degré, pour un roman léger et facile à lire, et en définitive à la portée de tous.


Titre : Le Coma des Mortels
Auteurs : Maxime Chattam
Couverture : Hite
Éditeur : Pocket (édition originale : Albin Michel, 2016)
Site Internet : page roman
Pages : 349
Format (en cm) : 11 x 17,5
Dépôt légal : novembre 2017
ISBN : 9872266268087
Prix : 7,40 €


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Hilaire Alrune
15 décembre 2017


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