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Gandahar n°8 - Robert F. Young
Une publication de l’association Gandahar
Revue, n°8, SF - fantasy - fantastique, nouvelles-article, mars 2017, 122 pages, 7€

Ce huitième numéro de la revue « Gandahar » aurait tout aussi bien pu être un hors série puisqu’il est tout entier consacré à un des grands nouvellistes de la science-fiction américaine : Robert F. Young.



Injustement oublié de nos jours, les écrits de cet auteur, qui ont embelli les sommaires de « Galaxie » et de « Fiction », se situent quelque part entre ceux de Simak et de Sturgeon. C’est dire l’importance de la dimension humaine dans ces récits, où la quête du bonheur et de la sérénité accompagne celle de l’amour. Robert F. Young était un écrivain romantique, et le romantisme, c’est merveilleux ! Jean-Pierre Fontana nous livre donc ici un florilège d’histoires, jadis rassemblées avec l’aide de Robert Soubie pour un recueil qui ne vit jamais le jour.

Après une introduction due à Fritz Leiber, le premier texte qui nous est proposé est le célèbre “La fille aux cheveux d’or”, qui joue du paradoxe temporel et des tourments sentimentaux qu’un homme d’âge mûr ressent à l’encontre d’une jeune fille venue des temps futurs. L’amour qu’il porte à sa femme résistera-t-il à cette épreuve ? Tout Robert F. Young se retrouve dans ce texte admirable, tout en contraste, à la fois naïf et touchant, invraisemblable et émouvant.

Très proche par l’esprit d’une œuvre de Sturgeon, “La belle et la bête” nous conte l’histoire d’une femme solitaire, méprisée par ses camarades d’expédition stellaire. Sa rencontre avec une créature invisible aux autres membres va révéler à leurs yeux jusqu’alors aveugles sa beauté tant intérieure qu’apparente. Magnifique !
“La marche insouciante des grands”, qui date de 1955, nous rappelle combien la peur nucléaire imprégnait alors les esprits.
“Le jardin dans la forêt” s’inscrit d’ailleurs dans cette angoisse. Ici, c’est un extraterrestre envoyé sur Terre pour décider si oui ou non l’humanité mérite de continuer d’exister qui entre en scène. Heureusement, il n’y a pas que des adultes sur notre planète...

“Les tours de Quetenestel” a comme théâtre la planète Mars, et baigne dans une ambiance très « bradburienne », mais avec en plus un questionnement intime de la part du personnage principal qui rehausse le sentiment de fuite du temps, de délabrement, de vanité des efforts de l’humanité pour survivre au lendemain. Un texte qui n’a rien perdu de sa force soixante ans après sa publication.

Dans “Problème de personnel”, Robert F. Young renoue avec les thèmes qui le démarquèrent de nombre de ses confrères : la solitude d’un héros qui voit les jours défiler irrémédiablement et qui sent que quelque chose d’essentiel lui échappe qui éclairerait sa vie ; l’amour clé de l’épanouissement et du bonheur ; la compassion envers les différentes formes d’existences. Il n’y a pas de monstres chez Robert F. Young. Ce texte est d’une grande sensibilité et le dénouement parfaitement inattendu.

“À propos de mon chien, mais pas seulement” est une introduction au texte précédent, mais surtout à “Petit chienperdu” qui est, à mon humble avis, la meilleure histoire de ce numéro. Tout y est, depuis le sentiment de futilité de son existence ressenti par le personnage principal, l’affection éprouvée à l’encontre d’une forme de vie étrangère, la révélation d’un amour simple et formidable qui transfigurera sa vie. Ce texte d’une grande élévation d’esprit est capable de tirer des larmes au lecteur. Un chef-d’œuvre, indiscutablement.

Conscient sans doute de l’effet d’un tel texte sur l’amateur, Jean-Pierre Fontana a ensuite inséré, à la manière d’un entracte, un texte plus léger mais loin d’être mineur, “Les autres gosses”. En effet ce numéro de « Gandahar » s’achève avec une histoire forte, “Mon seul amour”, qui raconte le retour à la vie d’un homme condamné à l’hibernation durant un siècle pour avoir publié un pamphlet à l’encontre du pouvoir alors en place. À son réveil, que sera devenue celle qu’il a aimé ? Où aura-t-elle été inhumée ? Tendresse, émotion, nostalgie, joie et peine habitent ces pages admirables où l’on peut lire la phrase suivante : « L’enfer, c’est ce qu’il reste à un homme quand tout ce qu’il aimait lui a été enlevé... » Voilà qui conclut en beauté un numéro absolument indispensable pour tout amateur de science-fiction qui se respecte, mais pas que, car les thèmes abordés par Robert F. Young sont universels.
Une biographie complète des œuvres de Robert F. Young met un point final à ce numéro hors pair.


Titre : Gandahar
Numéro : 8
Directeur de publication : Jean-Pierre Fontana
Couverture : Christophe Vacher
Type : revue
Genre Science-fiction, fantasy, fantastique
Site Internet : l’association Gandahar ; Sa page facebook
Dépôt légal : mars 2017
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 2418-2052
Dimensions (en cm) : 16 x 24
Pages : : 122
Prix : 8 €



Didier Reboussin
8 mai 2017


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