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Galaxies n°45 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°45, SF - nouvelles - articles - critiques, janvier 2017, 192 pages, 11€

Voilà un « Galaxies » que j’ai mis nettement plus de temps à lire qu’à l’accoutumée, la faute à une police beaucoup trop petite. Les yeux fatiguent vite à se focaliser sur de minuscules caractères qui tendent vers la miniaturisation au fil des numéros afin de caser le maximum d’écrits dans un nombre fixe de pages. D’accord, il y a de la matière, mais il faut aussi suggérer l’envie de lire et quand ce n’est pas facile, qu’il faut faire un effort, se motiver pour l’ouvrir n’est pas toujours aisé.
C’est ainsi que je l’ai lu par à-coups, intercalant romans, fanzines et bandes dessinées qui ne cherchaient pas à me donner mal aux yeux. Et dire que je n’ai pas de problèmes de vue !



Denis Taillandier, déjà en charge du dossier spécial Japon dans le « Galaxies 39 », s’est occupé de celui sur les nanotechnologies au centre de ce numéro. En plus de signer l’article “Science-fiction et nanotechnologies” mettant les choses au clair, il a traduit la nouvelle “De nuit et de boue” du Japonais Hirotaka Tobi. C’est la plus longue du sommaire, mais elle s’avère très prenante. Deux hommes qui ne se sont pas vus depuis une vingtaine d’années se retrouvent sur une planète au solstice d’été, correspondant à un événement des plus étonnants dans l’estuaire de Nakûn. Jeune planète terraformée, IA se concurrençant dans cette zone, résurrection... le lecteur est emporté par l’imaginaire de l’auteur.
Elle illustre parfaitement le dossier, mettant d’un côté l’humain, de l’autre la machine, sans oublier autre chose d’étranger, en marge et posant le problème de manière différente. La narration n’est pas linéaire, ce qui donne une montée en puissance de la nouvelle. Très beau choix !
Découvrir le nom de Bruno Pochesci dans la liste des textes du dossier m’a pour le moins surpris, car la science n’est pas l’apanage de ses écrits et cela s’en ressent, il sort des théories pour le moins fantaisistes et ça ne tient pas la route. Pourtant, “Côté cour, côté jardin” tenait une bonne idée avec cette réunification de l’infiniment petit et de l’infiniment grand.
Pour compléter le dossier, Coline Bély présente l’état des lieux de la nanotechnologie d’aujourd’hui, bien loin de ce que la SF met en scène. Retour sur terre donc, après l’article de Denis Taillandier.

Avec “Trois tasses de deuil sous les étoiles”, Aliette de Bodard présente un texte sur le deuil, sur la façon dont les enfants d’une grande scientifique perçoivent sa mort. L’aîné s’estime floué, car les implants mémoires de sa mère lui revenaient de droit. Pourtant il en a été décidé autrement pour le bien du plus grand nombre. Sa sœur devenue une Pensée enchâssée dans un vaisseau spatial n’a pas la même perception et pourtant... Belle histoire à trois protagonistes mêlant souvenirs, regrets et prix du progrès. Subtil et émouvant.

La planète est à l’agonie, toujours plus froide, son soleil s’éteignant. Aussi faut-il à la population se rendre à “La source”. Éric Lysøe a imaginé un moyen pour le moins original pour s’y rendre. De plus, il met à mal nos préjugés sur la cause du refroidissement, la réalité est toute autre. Il nous embarque sans problème dans sa nouvelle qui a terminée seconde du Prix Alain le Bussy 2016.

Jean-Louis Trudel nous propose de la SF quantique. Son titre “La probabilité de sa présence” fait justement référence à cette physique raisonnant en terme de densité de probabilité de présence et non en certitude. Dans un Lyon du futur, une femme rapiécée, comme Corlora se définit, cherche un homme capable de sauver sa sœur, car il fait des recherches en marge. Si la physique quantique qui s’applique au niveau atomique pouvait se décliner à l’échelle d’une personne, serait-il possible de franchir des murs par effet tunnel et autres impossibilités de la sorte ? Le raisonnement et le déroulement sont bien vus, ils permettent d’extrapoler des grands principes quantiques au niveau de l’individu. De plus, loin de se cantonner à la seule hard science, les deux personnes à lesquelles il s’attache affichent leurs fractures et sont profondément humaines malgré leurs modifications. Passionnant et maîtrisé !

À nouveau, Célia Chalfoun séduit par la fausse simplicité de son texte. Avec son orsadole Dédalie, Maolin est un musicien accompli. Il emmène Nasha, seulement 14 ans, trouver sa propre orsadole. Il l’estime assez mûre pour cela. Quête initiatique pour la jeune Nasha, instruments de musique vivants entrant en symbiose avec leur musicien... “La route des orsadoles” possède un côté intimiste prenant, de nombreuses questions se posent à l’encontre des orsadoles. Il est juste dommage que la fin soit aussi abrupte, mais l’ensemble maintient parfaitement l’attention des lecteurs.

Un vaisseau est revenu avec un seul être humain à bord, mais ce dernier n’est pas rentré seul ! Un alien que les militaires voient féminin et ont surnommé “Ophélia” se moque de toutes les tentatives d’interrogatoires. Seul un spécialiste de la poésie du 20e siècle semble en mesure de la cerner et d’entamer le dialogue. Grégoire Kenner nous plonge dans un futur où les contacts sont virtuels, ce qui donne un relief supplémentaire à cette rencontre en chair et en os. Poésie et frissons font bon ménage ; l’art et la science se côtoient dans le même but ; des sentiments naissent et se détruisent. Cocktail réussi ! Et très belle surprise !

Dans la catégorie rédactionnelle, la rubrique “Musique et SF” dans laquelle Jean-Michel Calvez présente Steve Roach avec « The Magnificent Void » parvient à être toujours aussi prenante.. Dans “Le coin du bouquineur”, Philippe Ethuin mène une intéressante réflexion sur l’auteur des « Robinsons d’Insectopolis » datant de 1938 et Pierre Stolze chronique deux ouvrages de SF illustrant celle d’hier et celle d’aujourd’hui. Suit un important volet critique.
Et n’oublions pas l’hommage en début de revue à André Ruellan.

En conclusion, les nouvelles sont vraiment séduisantes et propres à contenter tout un chacun par leur variété. Seul Bruno Pochesci déçoit, c’est d’ailleurs une première pour moi ! Les articles tiennent aussi la route. Pourtant ce numéro de « Galaxies » me fait râler, c’est un de mes préférés mais c’est écrit beaucoup trop petit ! Il aurait fallu faire des choix et élaguer un peu pour agrandir la police. Pour moi, c’était vite vu !
Pour ceux qui cherchent l’OURS en page 32 comme précisé en première page, allez jusqu’à la 34 !


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 45 (87 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Pierre le Pivain
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : janvier 2017
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
16 avril 2017


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