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Expérienceur (L’)
Marie-Aude Murail et Lorris Murail
L’École des Loisirs, Médium Poche, roman (France, 2003), polar/surnaturel, 256 pages, février 2017, 6,80€

Un accident de moto a handicapé Théo et lui a permis de rencontrer Lucie. Hélas, son amour a disparu lors d’une chute en parapente. Des débris ont été retrouvés sur la rive de la Bléone, un cours d’eau près de Dignes-les-Bains, mais les fouilles n’ont jamais permis de ramener le corps de sa femme. Depuis 10 mois, il se morfond, ne parvenant pas à faire son deuil.
Des petits faits étranges le poussent à retourner à Dignes-les-Bains. Il espère enfin avoir des réponses.



Ce roman qui a connu une première édition en 2003 n’a pas pris une ride. Le sujet principal repose sur les expériences de mort imminente (EMI) et ceux qui sont entrés dans le soit-disant tunnel lumineux, l’antichambre de la mort, sont appelés les expérienceurs.
Le docteur Delmotte a consacré sa vie à ces recherches. Si aujourd’hui il est directeur d’une clinique à Dignes-les-Bains, par le passé il a soigné en pleine guerre en Afghanistan, découvrant alors le phénomène et en profitant pour expérimenter sur des patients en fin de vie. Ces actes le hantent toujours et pour quels résultats ? Il a adopté Iosef, dont la mère est décédée sous ses yeux et qui possède des capacités de médium. Cet enfant lui a redonné espoir dans sa quête de l’après-vie.
Habilement les deux auteurs conservent une certaine distance, ils informent sur les théories répandues sans prendre parti, laissant aux lecteurs le soin de le faire. Marie-Aude Murail et Lorris Murail entretiennent l’intérêt du lecteur en instillant le doute tout au long du récit : les capacités de Iosef sont-elles réelles ? Si l’entame relate l’accident de Lucie et que son sort semble entendu, pourquoi les recherches n’ont-elles rien donné ?

Même si tout est lié, l’histoire peut se découper en trois : Théo qui souhaite connaître la vérité sur le sort de Lucie, Delmotte et ses recherches qu’il semble avoir abandonnées car n’y croyant plus et Iosef, un garçon mal dans sa peau qui cherche une reconnaissance de ses pairs, même si le prix est élevé. Ce rejet par les autres enfants constitue justement le moteur de « L’expérienceur », du moins le déclencheur.
D’un côté se rangent les adultes et de l’autre les enfants. Sur la page du roman est indiqué le public concerné De 12 à 16 ans. Pour moi, il convient parfaitement à un public adulte qui ne se rendra pas forcément compte qu’il s’adresse à la base à un lectorat plus jeune. En effet, le sujet s’avère grave : la mort qui n’est pas au centre des préoccupations des adolescents qui estiment avoir toute la vie devant eux. D’autres thèmes sont aussi abordés comme le prix du progrès en médecine, la déprime, le regard des autres...

Sous des allures de polar recelant une part de surnaturel, Marie-Aude Murail et Lorris Murail livrent un roman plein, propice à l’introspection. À juste titre, ils considèrent les adolescents comme de jeunes adultes, aptes à saisir le propos de ce livre et à le prendre en considération.
Les 250 pages sont aérées et défilent rapidement, ce qui rend « L’expérienceur » d’autant plus efficace. Et contrairement à ce que la majorité pensera, le chemin n’est pas tout tracé et la fin relève de la surprise.
Une réédition bienvenue pour découvrir ou redécouvrir ce court roman qui interpelle le lecteur sur des sujets d’actualité, tout en le distrayant.


Titre : L’expérienceur
Auteur : Marie-Aude Murail et Lorris Murail
Couverture : tjhunt/iSotck
Éditeur : L’École des Loisirs
Collection : Médium Poche
Site Internet : Roman (site éditeur) 
Pages : 256
Format (en cm) : 12,5 x 19
Dépôt légal : février 2017 (Première édition : 2003)
ISBN : 978-2-211-23167-1
Prix : 6,80 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
20 mars 2017


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