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Brins d’Éternité n°45
Revue des littératures de l’imaginaire
Revue, n°45, Science-fiction - fantastique - fantasy, nouvelles – entretien - critiques -article, automne 2016, 128 pages, 10$ CAD

Les cinq nouvelles au sommaire me sont apparues de qualité inégale : deux m’ont séduites, une m’a laissé une impression de trop peu, d’une je ne sais trop quoi penser et la dernière est pour le moins dispensable. La grande majorité relève du fantastique, une lorgne du côté du noir un brin futuriste. Il va de soi que je suis partagé sur les cent pages de fictions soit les 4/5e de la revue.



Commençons par les deux au-dessus du lot...
“Esprits du lac” donne une impression de déjà vu, mais cette curiosité maladive de trois adolescents pour connaître le fin mot sur un interdit possède un attrait indéniable. Le lecteur, tout comme les protagonistes, s’interroge sur le bien-fondé de ne pas quitter le village, de ne pas franchir la forêt. Soi-disant qu’un lac se cacherait de l’autre côté !
Ce texte explore bien la nature humaine et débouche sur un cas de conscience inhumain. Annabelle Blangier dont l’inspiration m’a fait penser à certains films de Night Shyamalan séduit par son histoire sans fioritures ce qui la rend d’autant plus redoutable.

Dorian Lake nous plonge dans un avenir proche avec un polar noir du meilleur effet. Elijah Scott n’est pas le genre à plaire aux femmes, pourtant une belle nana lui tombe dans les bras le temps d’un soir. Le lendemain, ce sont les flics qui le sortent du lit. Déjà qu’il possède un lourd passé, alors que sa récente conquête finisse immolée dans une ruelle n’arrange pas son cas.
Tabassage en règle, recherche du coupable... pas d’ennui à attendre. Le noir est le credo de “Cancer urbain” qui développe sa mécanique bien huilée tout du long. Nouvelle très prenante.

“Les portes mystérieuses” de Daniel Sernine m’a laissé un sentiment mitigé, car j’en attendais bien plus. D’ailleurs mon premier réflexe en voyant son nom au sommaire a été de savoir si la nouvelle était inédite. Une fois de plus, ce n’est pas le cas. Ne l’ayant pas lue auparavant, ce n’est pas bien grave pour moi, mais pour les lecteurs au fait de la production de Daniel Sernine, cette énième réédition peut déplaire. Datant de 1993, elle aurait aussi mérité une petite remise à jour qui n’aurait pas nui à l’ensemble. Exit cabine téléphonique, photographie argentique...
Mireille débarque à Paris avec une copine pour des vacances qu’elle s’est payées. Rapidement de drôles de coïncidences l’interpellent, puis elle a des visions de sa grand-mère restée au pays. Entre découverte de la capitale française et phénomènes étranges, on peut se demander où l’auteur veut nous conduire. Hélas bien moins loin que ce qui était attendu. Et puis j’ai trouvé le texte lisse, sans grand relief, avec juste ce fantastique intimiste peuplé de bons sentiments et qui manque de punch.

“Les dangers potentiels du vermicompostage” ne tourne pas autour d’un sujet des plus prenants : le compostage qui intéresse pourtant l’actuelle conquête d’un homme. Le texte s’avère pour le moins étrange, des détails semblent incongrus comme l’imperméable trop grand... et autres bizarreries qui m’ont empêché de vraiment adopter l’imaginaire de Hélène Laforest. J’avoue avoir terminé avec un sentiment négatif dû au peu d’intérêt suscité par la lecture. Mais en étant objectif, l’auteure fait tout de même preuve d’idées et ne ménage pas ses efforts.

Quant à “La malédiction d’Iris”, Karine Raymond fait fi de la plus élémentaire physiologie masculine. Cette malédiction réservée aux hommes d’une secte s’avère des plus risibles. Le fantastique ne permet pas toutes les absurdités. Pourtant, le début était prometteur avec ce voyage inhumain pour les femmes d’une secte et intrigant aussi. Mais pour quel résultat !

Dans une entrevue, Jean Pettigrew explique pourquoi les éditions Alire rééditent dans une version remaniée l’énorme roman « L’oiseau de feu » de Jacques Brossard. Cinq tomes constituant une seule et unique œuvre, ce que traduit très bien la pagination. Un travail colossal de 3 ans pour être fidèle à l’ensemble et non à la découpe initiale. Instructif et donne envie de découvrir le livre.

Philippe St-Germain nous livre une analyse du fantastique à travers trois romans de Michel Tremblay. Si pour deux, la question de l’appartenance au genre ne se pose pas, il en est tout autre de « L’homme qui entendait siffler une bouilloire ». Démonstration érudite mais très prenante. Un article vraiment bien vu sur un sujet inattendu.

Si la partie Fictions de ce « Brins d’éternité » m’a laissé sur ma faim, seules deux nouvelles me parlant vraiment, le volet rédactionnel s’avère de très bonne tenue, avec notamment des chroniques de belle qualité.


Titre : Brins d’Éternité
Numéro : 45
Éditeurs : Guillaume Voisine, Ariane Gélinas, Alamo St-Jean
Couverture : Pascal Blanché
Illustrations intérieures : Jubo, Karine D. Tremblay
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques, entretien
Site Internet : Brins d’Éternité
Période : automne 2016
Périodicité : quadrimestrielle
ISSN : 1710-095X
ISBN : 978-2-924585-03-0
Dimensions (en cm) : 13,9 x 21,4
Pages : 128
Prix : 10 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
22 janvier 2017


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