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Moustache (La)
Film français de Emmanuel Carrère
6 juillet 2005


Genre : comédie dramatique fantastique
Durée : 1h26

Avec Vincent Lindon (Marc), Emmanuelle Devos (Agnès), Mathieu Amalric (Serge), Hippolyte Girardot (Bruno), Cylia Malki (Samira), Macha Polikarpova (Nadia), Frédéric Imberty (le patron de café), Fantine Camus (Lara)

Marc, architecte, mène une vie confortable dans son duplex parisien en compagnie de sa charmante épouse, Agnès. Un soir, avant de sortir chez des amis, une idée lui vient : et s’il se rasait la moustache ? Cela devrait en étonner plus d’un, vu que tout le monde l’a toujours vu avec. Pourtant, à sa grande perplexité, personne ne réagit : ni ses amis, ni ses collègues, ni le patron du bistrot où il prend son café, ni même sa femme... Se seraient-ils donnés le mot ? Apparemment non : simplement, ils se conduisent tous comme s’il n’avait jamais eu de moustache.

Les choses ne s’arrêtent pas là : l’évocation de leurs vacances à Bali n’éveille chez Agnès qu’un air d’incompréhension, tout comme les noms de leurs meilleurs amis. Et lorsqu’elle apprend à Marc que son père (dont il a eu un message téléphonique la veille) est mort depuis des années, il n’y tient plus et saute dans un taxi, puis dans un avion, et se retrouve à Hong-Kong. Il s’installe dans un petit hôtel loin de tout et s’y crée de nouvelles habitudes, jusqu’au jour où, remontant dans sa chambre, il y découvre... Agnès. Elle ne semble nullement étonnée, comme s’ils ne s’étaient quittés que peu de temps auparavant, et il découvre avec stupéfaction qu’ils sont censés être en vacances ensemble. Le soir même, ils retrouvent d’autres touristes français dont ils ont fait la connaissance durant leur séjour, comme le prouvent les photos qu’ils ont prises ensemble.

Et Marc, qui avait laissé sa moustache repousser lors de sa fuite solitaire, décide de la raser... pour de bon cette fois.

Finalement, peut-être que le cinéma fantastique français n’est jamais aussi bon que lorsqu’il ne s’avoue pas comme tel. Bien sûr, on peut voir dans cette attitude un mélange de mauvaise conscience et de snobisme, et la trouver déplaisante. On peut aussi lui trouver un côté libérateur, dispensé de toute concession aux codes du genre, voire à ses clichés. Je ne m’aventurerai pas à trancher. Cependant, force est de constater que La Moustache, sans se revendiquer du fantastique, nous offre une excursion fort bien conduite au pays de l’étrange. Qu’arrive-t-il exactement à Marc ? Ou peut-être au reste du monde ? Est-ce sa réalité à lui qui se craquelle ? Ou bien simplement sa santé mentale ? Bifurcation spatio-temporelle, ou épisode psychotique ? Aucune réponse n’est apportée, au-delà du simple déroulement des événements tel que le décrit le résumé.

De cet océan de bizarrerie émerge évidemment l’excellent Vincent Lindon, auquel le spectateur ne peut manquer de s’identifier dans son affrontement avec l’inexplicable. Emmanuelle Devos, sa femme, représentant une normalité qui devrait être rassurante, ne fait que mieux souligner les lézardes qui se multiplient dans l’édifice de sa réalité. Tous deux insufflent leur humanité au déroutant scénario d’Emmanuel Carrère, et en font un prenant voyage au cœur du malaise.

FICHE TECHNIQUE

Réalisation  : Emmanuel Carrère
Scénario : Emmanuel Carrère, Jérôme Beaujour

Producteur : Anne-Dominique Toussaint
Image : Patrick Blossier
Montage : Camille Cotte
Création des décors : Françoise Dupertuis
Musique : Philip Glass
Création des costumes : Elisabeth Tavernier

Distribution : Pathé Distribution France
Production : Les films des Tournelles, Pathé Renn Productions, France 3 Cinéma

Christophe Thill


13 juillet 2005



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