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Galaxies n°43 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°43, SF - nouvelles - articles - entretien - critiques, septembre 2016, 192 pages, 11€

La SF arabe est mise en avant dans ce numéro, la couverture donne tout de suite le ton. La Dr. Kawthar Ayed (orthographiée de trois façons différentes !) nous fait une présentation du sujet, mais comme le précise le titre de l’article, elle se recentre au bout de quelques pages sur la science-fiction en Tunisie, ce qui la rend plus restrictive. Il n’empêche que l’ensemble est instructif, mais effectivement trop vaste pour ne pas se restreindre. De nombreux passages d’œuvres illustrent le propos. À mon sens, il aurait été plus judicieux de mettre directement la traduction plutôt que la version originale qui renvoie à une note de bas de page pour en connaître la signification. À chaque fois, il faut quitter le corps du texte avant d’y revenir, ce qui n’est pas l’idéal pour une bonne immersion.



Suivent un encadré sur Issam Marzouki et un rapport sur le colloque de Tabarka qui remplissent trois pages mais d’un intérêt discutable. L’auteur de « Frankenstein à Bagdad », l’Irakien Ahmed Saadawi, est interviewé et trois nouvelles achèvent le dossier.
Faycel Lahmeur (Algérie) nous livre “Linguarium”. Par son attachement au français transmis par son père, le personnage est désigné comme déviant. L’axe est bien trouvé et donne un résultat intéressant.
“Le Sindibad de l’espace” (1977), titre clin d’oeil, de Taïb Triki (Tunisie) sent bon le space opera de la bonne époque où tout semblait possible. Un côté désuet attachant.
Pour avoir un clone d’une célébrité, il suffit de se rendre à un guichet pour commander. Un père et un fils attendent leur Einstein. Salah Maaty (Égypte) ne s’embarrasse pas de questions éthiques sur le droit de ces clones. Un exemple malheureux est mis en avant et voilà. “Les yeux d’Einstein” fait un peu léger.
Les 50 pages de ce dossier donnent un aperçu de la science-fiction arabe que l’on pourrait qualifier de première approche.

Charles Stross m’a semblé peu inspiré avec “Pas l’ombre d’une chance”. Il se cantonne à une taverne avec l’arrivée du Malin pour sceller un pacte. Je n’ai pas goûté l’humour sous-jacent et guère apprécié la nouvelle.
Autre nom connu au sommaire : Philippe Curval. “Un sacré rhume de cerveau” apparaît incroyable, des plus improbables, mais ça fonctionne. L’auteur parvient à élever l’ensemble grâce à des développements inattendus et originaux. Belle montée en puissance, propre à séduire les lecteurs.
La Terre est moribonde, le désert gagne, la vie se raréfie, mais peut prendre des formes diverses comme ces “Immeubles de verre”. Réchauffement climatique, voyage temporel, guerre, dépersonnalisation... les thèmes abordés sont nombreux et donnent à cette nouvelle en prose toute sa richesse. Sa forme surprend au départ, ainsi que la sécheresse du ton, avant que Hugues Lictevout sorte toute sa palette imaginative. Belle surprise !
Il en est de même de “Pindorama” de Sid Castro, texte nourri de mythologie de la culture tupi, une ethnie du Brésil. Les renvois sont légion, mais qu’importe, l’ensemble s’avère savoureux, propre à de nombreuses relectures pour en saisir tout le sens. Une traduction bienvenue et une réelle découverte.
Dernière nouvelle, “Les Djinns funèbres, fils du trépas, dans les ténèbres pressent leurs pas” de Thimothée Rey. Il est clair que l’auteur s’inspire de Jack Vance, créateur de mondes exotiques sans pareil. Hélas, n’est pas Vance qui veut et l’ensemble est lourd. Dans mon cas, les tentatives d’humour et autres jeux de mots tombent à plat, le déroulement de l’intrigue ne m’a pas entraîné outre-mesure. Dommage, car Thimothée Rey a du potentiel, mais il n’a pas su me toucher par la présente sortie.

Dans la partie rédactionnelle, Pierre Stolze m’a semblé revanchard. “Sous le scalpel...” n’est autre que la version « Galaxies » de “À la chandelle de maître Doc’Stolze” qui a disparu des pages de « Bifrost ». J’ignore les raisons de ce changement et n’ai pas creusé la question, mais j’ai longtemps cru qu’il réglait ici ses comptes à l’occasion du « Bifrost hors-série : la SF en BD ». La conclusion tempère son propos, mais je me demande sous quel angle il faut aborder l’article.

Didier Reboussin s’attarde sur Jean Gaston Vandel dans la rubrique “Croisière au long du fleuve” et “Musique et SF” revient sur Arjen Anthony Lucassen. Deux retours sur le passé que j’apprécie à chaque fois.

Un numéro de « Galaxies » qui me laisse partagé. Des bonnes choses, des moins bonnes, mais pas le texte qui nous donne une bonne claque, celui qui nous emporte littéralement, et ça c’est tout de même regrettable.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 43 (85 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Abdelmalik Nounouhi
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : septembre 2016
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
28 novembre 2016


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