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Alex + Ada (T1)
Sarah Vaughn & Jonathan Luna
Delcourt

Depuis que sa compagne l’a quitté sept mois plus tôt, Alex vit seul. La tristesse se lit sur son visage et, même le jour de son anniversaire alors que les siens organisent une fête surprise, il ne parvient pas à sortir de son marasme quotidien.
Contre sa volonté, sa grand-mère lui offre une androïde Tanaka de la série X5. Au sortir de sa boîte, elle semble si humaine, mais ses réactions montrent qu’elle n’a aucun libre arbitre, elle est juste programmée pour obéir et s’adapter à son maître. Alex décide de refuser le cadeau et de le renvoyer au fabricant, mais au dernier moment il se rétracte et conserve celle qu’il nomme Ada.
Bien sûr, son entourage s’étonne de découvrir l’androïde chez lui, surtout que sa plastique est irréprochable et tient tout du fantasme. Ce n’est pas ce que voit Alex en elle, il regrette qu’elle ne puisse faire ses propres choix et éprouver des émotions...



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La quatrième de couverture en appelle à Blade Runner de Philip K. Dick, ainsi qu’à la série télé “Real Humans” diffusée sur Arte. Rien d’étonnant à la lecture de ce comic book s’interrogeant sur la condition humaine. En quoi un androïde accédant à la conscience aurait-il moins de droits ? Et d’ailleurs, pourquoi lui refuser cet accès, le brider juste pour le bon vouloir de ses possesseurs ?
Une expérience malheureuse a débouché sur une tuerie. La première Intelligence Artificielle s’est rebellée et, se téléchargeant dans des robots, a causé un massacre. Cet événement est resté dans toutes les mémoires et les androïdes sont regardés avec méfiance, chacun ayant peur que le sien ne se réveille et devienne alors une machine à tuer.

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Alex s’avère différent. Ce qui le gène, c’est la propension d’Ada à lui obéir en tout point, de ne rien éprouver par elle-même. Il aimerait la sortir de cette coquille vide, lui donner une chance de vraiment devenir quelqu’un. Bien sûr, modifier un androïde est interdit. Pourtant, il est prêt à braver la loi. Allez savoir pourquoi, il aimerait connaître la vraie Ada, la belle femme qui se cache derrière sa programmation d’usine.

“Alex + Ada” nous installe dans une société science-fictive avec les robots côtoyant les machines, les androïdes ne différant guère des humains si ce n’est le tatouage qu’ils arborent à un poignet et qu’ils sont obligés de garder apparent pour révéler à tous leur condition. Des implants dans le cerveau permettent de communiquer avec les machines et même entre personnes connectées. C’est ainsi qu’une conversation avec sa sœur se résume à une connexion entre cerveaux. Certains préfèrent que leur tête ne soit pas triturée et continuer de s’exprimer uniquement par la parole, gardant ainsi l’espoir de conserver une part d’humanité malgré un progrès galopant. Les réactions controversées de ses proches montrent à Alex la diversité des opinions au sujet des androïdes. Que voient-ils en Ada : une menace ? Un substitut affectif ? Une esclave sexuelle ?...

Point de vue scénario, Sarah Vaughn et Jonathan Luna nous interpellent intelligemment : le débat est lancé, chacun peut réfléchir à la condition humaine.

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Jonathan Luna s’occupe aussi de l’illustration et là, je suis plus circonstancié. Il se dégage des pages une impression de froideur, d’ambiances aseptisées à l’image du futur imaginé. Et puis, c’est assez minimaliste, les découpages font souvent très cinématographiques avec des suites d’images quasi identiques différant très peu et ressemblant à des copier/coller. Des planches se parcourent en quelques secondes, alors que d’autres sont couvertes de bulles partant dans tous les sens. Le procédé est pour le moins troublant par son manque d’homogénéité.
De même, les expressions des visages peinent à convaincre, cela manque de vie. Par exemple, Alex affiche essentiellement une moue triste stéréotypée. Est-ce voulu pour augmenter l’ambiguïté entre humains et androïdes ? En effet, ces derniers dégagent souvent plus de chaleur que leurs homologues de chair et d’os. Qui joue un rôle ? Qui semble le plus vivant ?

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Malgré la beauté d’Ada, feuilleter l’album ne suffit pas, et de loin, à être conquis. Par contre sa lecture emporte l’adhésion par le propos intelligent, propice à mener une réflexion interne sur la condition humaine et la notion de conscience.
En tant que créateurs, n’avons-nous pas dans ce cas les mêmes devoirs qu’en tant que géniteurs ? Et n’oublions-nous pas l’essentiel ?

“Alex + Ada” s’inscrit comme une trilogie. Ce premier tome, qui regroupe les cinq premiers épisodes US, présente le choix d’Alex envers l’androïde X5. Il ne veut plus de cette dénomination technique, il désire qu’elle devienne Ada, même s’il devait la perdre pour cela. Peut-être retrouvera-t-il enfin la part d’humanité qui semble l’avoir déserté ? Mais tout a un prix...

La suite est pour le moins attendue afin de découvrir les développements de cette histoire prometteuse.


(T1) Alex + Ada
- Scénario : Sarah Vaughn & Jonathan Luna
- Dessin et couleurs  : Jonathan Luna
- Traduction : Arthur Clare
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Contrebande
- Dépôt légal : 12 octobre 2016
- Format : 17,4 x 26,4 cm
- Pagination : 128 pages couleurs
- Numéro ISBN : 978-2-7560-6531-1
- Prix public : 15,50 €


À lire sur la Yozone :
Girls (T4) à mort les hommes !

Lien utile :
Le site de Jonathan Luna


Illustrations © Jonathan Luna et Éditions Delcourt (2016)



François Schnebelen
30 novembre 2016




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Couverture US



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