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AOC n°42
Une publication du club Présences d’Esprits
Fanzine, n°42, SF - fantasy - fantastique, nouvelles, automne 2016, 86 pages, 3,50€

Ce numéro d’« AOC » nous propose de découvrir les textes lauréats du concours « Visions du futur », dont la présidente du jury était Sylvie Gagnère. Comme à l’accoutumée, trois thèmes sont proposés ainsi que, nouveauté de l’année, un bonus pour ceux que les trois propositions principales n’inspireraient pas.



Au total sur 114 auteurs qui ont tenté leur chance, quatre seulement accèdent au podium. Si l’on compare cette livraison à la précédente, la cuvée 2016 est bien meilleure et les trois premiers lauréats ont commis des textes d’assez belle facture.

Un peu à part du fait de son accessit, “Pour quelques patates de plus” de Mélody Gervais s’attaque à la citation pour la moins alambiquée proposée dans le bonus : « C’est une erreur de croire qu’on peut résoudre n’importe quel problème majeur rien qu’avec des pommes de terre. » Il faut être sacrément inspiré pour se lancer dans une telle aventure ! Mélody Gervais n’a pas démérité même si l’on sent que l’on a affaire à une auteure que je présume débutante. Rien de fâcheux en l’espèce puisque c’est l’objet même d’« AOC » que de tenir la main de jeunes auteurs dans le cadre de leurs premiers pas en écriture. Nous avons affaire ici à un récit post apocalyptique qui se déroule aux USA, avec comme toile de fond une pollution qui rend l’air quasiment irrespirable. Dans ce monde où il fait mal vivre, des marchands vendent à une riche clientèle d’antiques paquets de chips qui recèlent dans leurs emballages quelques bouffées d’air un peu moins pourri qu’à l’extérieur. Ce texte m’a amusé, mais je voudrais juste souligner quelques petites erreurs qui prouvent qu’il faut toujours savoir de quoi on parle si l’on veut rendre vraisemblable des choses qui ne le sont pas. L’atmosphère contenue dans un paquet de chips, ou dans les emballages alimentaires similaires, n’est pas composée d’air (l’oxygène oxyde) mais d’un mélange de gaz inertes (azote, dioxyde de carbone, argon...). De même l’azote n’est pas un gaz hilarant, c’est le protoxyde d’azote qui l’est... Ces quelques petites étourderies ne retirent rien à la qualité de ce récit.

Les trois autres nouvelles brodent toutes autour du thème « Singularité ».
Troisième au classement, Émilie Querbalec nous offre “Pour une simple étincelle d’amour”, histoire d’un capitaine d’industrie qui délocalise son laboratoire sur Mars pour échapper à la censure de la Terre et promouvoir le projet qui lui tient à cœur : la réalisation d’une intelligence artificielle, but atteint en la personne de son assistante. Notre héros meurt dans ses bras des suites d’une longue maladie comme l’on dit pudiquement, et le récit verse ensuite dans le cheminement moral des deux autres protagonistes de l’intrigue, l’assistante bien sûr, et la directrice-adjointe, œil de la Terre dans le laboratoire. L’histoire est plaisante, le style fluide. On sent qu’Émilie Querbalec a un peu plus de métier que l’auteure précédente, ce que confirme une rapide recherche puisqu’elle a publié une bonne dizaine de nouvelles dans des supports comme « Etherval » ou l’anthologie « Malpertuis ».

On reste dans l’intelligence artificielle et dans le même thème avec “Singularité[s]” d’Éric Morlevat, ancien lauréat des prix Alain le Bussy et Barjavel. Très actuelle de par l’activité qu’il prête à ses personnages (des Youtubeurs...) l’histoire narre une course-poursuite pilotée par une IA. L’ensemble est bien enlevé et on ne s’ennuie donc pas à la lecture de ces pages. Que demander de plus ?

Enfin, premier prix de cette cuvée, Bruno Pochesci avec “Orwell m’a tu” m’a épaté. Son texte, comme tout ce qui brûle, est à lire avec des pincettes. Dans une France tombée sous l’emprise d’un régime d’extrême-droite, protectionniste, rétrograde, raciste, qui s’est débarrassée de tous ses étrangers, un homme s’efforce de protéger de l’expulsion sa femme d’origine kabyle en usant d’expédients comme les faux papiers, la teinture des cheveux, etc... Mais hélas elle est reconnue par une mégère sortie tout droit de Vichy et leurs tourments s’amplifient. Le rapatriement dans le pays d’origine d’Aïcha rappellera les méthodes de la dictature argentine. L’écriture est tour à tour descriptive et crue, toujours impitoyable et tout à fait personnelle avec cette façon de procéder qui consiste à alterner des réflexions intimes et des situations. On s’y fait ! Je ne sais de quoi étaient composés les 111 textes écartés, mais le premier prix pour cette nouvelle me paraît en l’espèce tout à fait justifié.

Un bon numéro donc pour résumer. Mais qu’a fait « AOC » des notices bio-bibliographiques des auteurs ?


Titre : AOC (Aventures Oniriques et Compagnie)
Numéro : 42
Directeur de la publication : Jocelyn Talureau.
Rédacteur en chef : Olivier Bourdy
Couverture : Virgilles
Type : fanzine
Genre : Science-fiction, fantasy, fantastique
Site Internet : le club Présences d’Esprits
Période : automne 2016
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 1772-3442
Dimensions (en cm) : 12,9 x 19,7
Pages : 86
Prix : 3,50 €



Didier Reboussin
12 novembre 2016


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