Un contrat à New-York, sur la personne de Sébastien Kaye, mannequin et designer, une star et un vrai jeune con, qui a dépensé un fric qui ne lui appartenait pas.

C’est Franck Kitchen qui se charge de régler la dette : deux balles plus tard, le jeune prétentieux retourne précipitemment vers des études de gestion mal négociées !!! Sans Francisco, trois semaines plus tard. Kitchen a rendez-vous avec un caïd local, John Gleason, un habitué de l’ombre qui s’expose cette fois pour lui montrer à quel point ce contrat est important. Du classique, étrangement payé double, pour éliminer un type qui doit de l’argent et piétine le business de Gleason. Il faut juste attendre le retour de Robert Chow et le buter ! Une semaine à tuer... Kitchen s’offre des « vacances », laisse le temps s’écouler, organise ses affaires en cas de coup dur, rencontre Johnnie, une jolie infirmière, en traînant dans les bars... et le piège se referme.

Kitchen, qui n’avait jamais cru au Père Noël, tombe pour un contrat bien trop juteux. Capturé, assommé, il se réveille quelques semaines plus tard, les souvenirs confus, le visage couvert de bandes dans une chambre d’hôtel où seules traînent quelques affaires de femmes. Effaré, Franck Kitchen découvre qu’il a été opéré et va à la découverte d’un visage, d’un corps et se découvre femme !
La vengeance, il la savait possible. Celle-ci prend une forme plus qu’inattendue. Qui a pu lui faire cela ? Et surtout, comment va-t-il s’en sortir, lui, le dur à cuire, dans ce corps qui est pour lui, une rencontre totale en terre inconnue ?

Walter Hill, Matz et Jef récidivent sur la même recette que pour “Balles perdues”. Un récit linéaire, brutal, bâti sur les conventions d’un genre déjà très exploré, mais avec cette touche originale du changement de corps qui force obligatoirement le tueur à une adaptation bien délicate. Ce polar n’évite pas les poncifs, il s’arqueboute même dessus, rappelant qu’il se joue dans des milieux sordides où l’argent à plus de poids que l’humain.
Le dessin de Jef navigue, dans son aspect rugueux, entre de belles compositions, dynamiques, précises et des aspects moins finis, des tics un peu forcés, notamment dans les visages, les corps. C’est tout de même souvent assez impressionnant, avec des idées, des cadrages spectaculaires et toujours ces couleurs oppressantes et particulièrement glauques, de celles qui trainent dans la rue, qui courent de boites de nuit en bars miteux et tombent souvent dans le caniveau, le soir, la nuit...
Ce “Corps et Ame” va là où on pouvait l’attendre, polar furieux à l’atmosphère poisseuse, violent, tendu, avec une pirouette scénaristique bienvenue qui donne à ce tueur sans états d’âme un petit supplément d’humanité.
Absolument à lire si vous aimez les polars de durs à cuire.
Corps et Ame
Scénario : Walter Hill et Matz
Dessins : Je
Couleurs : Axel Gonzalbo
Éditeur : Rue de Sèvres
Pagination : 136 pages couleurs
Dépôt légal : 16 Mars 2016
Numéro ISBN : 9782369812869
Prix public : 18 €
A lire sur la Yozone :
Corps et Âmes : le retour de Hill, Matz et Jef
Illustrations © Je et Éditions Rue de Sèvres (2016)