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Cité des Brumes (La)
Sylvain-René de la Verdière / Céline Maltère
Les Deux Crânes, coll. Tête d’or, poème en édition bilingue espéranto/français, fantastique/merveilleux, 124 pages, septembre 2016, 10€


Voilà un étrange petit livre qui ne peut qu’attirer la curiosité une fois en main. De quoi s’agit-il vraiment ? Grande question !

À la base, il s’agit d’une poème en espéranto publié en ligne sur le blog La Du Zepelinoj en 2013, suivi par une publication en 2015 dans le fanzine brésilien « Fanzerato ».
D’après Wikipédia : « L’espéranto est une langue internationale qui, 129 ans après sa création, est parlée dans 120 pays à travers le monde. Nécessitant un court apprentissage pour être utilisable, l’espéranto est une solution efficace et économiquement équitable au problème de communication entre personnes de langues maternelles différentes. »

Pour la présente édition, le poème de Sylvain-René de la Verdière a été adapté à la demande de ce dernier par Céline Maltère, déjà connue sur la Yozone pour ses romans « Le Cabinet du Diable » et « Les Corps glorieux ».
J’aime d’ailleurs cette notion d’adaptation, comme si l’espéranto ne se traduisait pas. Et il est vrai que le traducteur a beau rester fidèle au texte, il est parfois obligé de l’adapter pour une bonne compréhension.
Autre sujet d’étonnement que je n’ai compris qu’après quelques recherches : il ne s’agit là pas de la seule publication papier de « La Cité des Brumes ». J’en recense 3 autres, celle-ci étant la version 2.0 illustrée par Jean-Paul Verstraeten, les autres chez des éditeurs tiers l’étant par Francis Thievicz et Mathilde Loiseau-Voinchet. Et il semblerait que la liste ne soit pas close d’après le dossier de presse.
À chaque fois des tirages très limités, comme pour en faire des objets de collection.

Qu’en est-il vraiment du contenu ? 25 strophes en vers libres. Pour chacune, la version originale en espéranto et l’adaptation sont en vis-à-vis. Pour qui n’y comprend goutte à l’espéranto, comme moi, seule la version française le préoccupera. Chaque strophe est agrémentée d’une illustration de Jean-Paul Verstraeten. Notons qu’elles sont reproduites en noir et blanc, ce qui ne rend pas forcément justice à des originaux en couleurs, car elles perdent de leur pouvoir d’évocation. Il s’agit à chaque fois de collages numériques qui ne manqueront pas de surprendre à l’occasion par des associations osées.

La fameuse cité du titre est évoquée de façon distante, évasive, ce qui l’entoure d’une aura mystérieuse. On ne peut en trouver le chemin, on ne peut en sortir. Pourtant des visiteurs y déambulent, des aventuriers la cherchent. Elle est gardée par des golems, aucun dieu n’y officie. Orgueilleuse cité sous la domination du roi Chaos.

« Le rêveur, la Cité... mais qui possède l’autre ? » Ce ver résume bien l’ensemble, cette cité ressemble à un phantasme. Elle peuple les songes, car elle offre un espace de liberté où tout est permis, la folie domine sans crainte d’y perdre son identité au réveil.
Chaque strophe donne des pistes de réflexion, de compréhension, tout en semant le doute sur la vue d’ensemble. L’illustration associée apporte aussi son éclairage, sans donner de réponses, rajoutant plutôt à la confusion.

« La Cité des Brumes » se lit très vite, car les strophes sont courtes. Certains passages nous marquent, d’autres glissent sur nous, mais des impressions se dégagent, le fantastique domine, il sème ses graines perfides.
Une seule lecture n’offre de loin pas les clés de la cité. Pour les gagner, du moins le tenter, il en faudra d’autres. Vu sa brièveté, pas de souci pour le relire et arpenter à nouveau ses rues.

En conclusion, « La Cité des Brumes » relève de la curiosité. Atypique par son projet d’édition bilingue, surtout espéranto/français, et par ses différentes versions, ses 25 strophes distillent une atmosphère étrange du meilleur aloi. La frontière entre le rêve et la réalité se révèle mince, perméable pour les sens.
Voilà le genre d’ouvrage pas facile à classifier, mais qui créera une envie insidieuse d’y revenir pour comprendre.

Pour le commander, le site de l’éditeur Les Deux Crânes est tout indiqué.


Titre : La Cité des Brumes
Texte en espéranto : Sylvain-René de la Verdière
Adaptation en français : Céline Maltère
Illustrations de couverture et intérieures : Jean-Paul Verstraeten
Éditeur : Les Deux Crânes
Collection : Tête d’or
Pages : 124
Format (en cm) : 12 x 18,1
Dépôt légal : septembre 2016
ISBN : 978-2-9555856-1-0
Prix : 10 €


Autres ouvrages de Céline Maltère sur la Yozone :
- « Le Cabinet du Diable »
- « Les Corps glorieux »


Pour écrire à l’auteur de cette chronique :
[email protected]


François Schnebelen
13 octobre 2016


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