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Alibis 59
L’anthologie permanente du polar
Revue, n°59, polar, noir & mystère, nouvelles - articles – entretien - critiques, été 2016, 160 pages, 12,95$ CAD

Les Printemps meurtriers de Knowlton sont devenus un rendez-vous incontournable des amateurs de polar. Ceux qui y ont goûté une fois ne peuvent s’empêcher de revenir au fil des années. Morgane Marvier partage avec nous l’édition 2016, rendant bien l’atmosphère chaleureuse du festival. La passion l’anime et c’est communicatif !
Sous la direction de Benoît Bouthillette, un collectif de sept femmes a écrit en l’espace d’un après-midi une nouvelle lue en clôture des Printemps. “Barre bien la porte, mon ange” figure à la suite du reportage et montre que même un enfant n’oublie pas... Court et à la conclusion savoureuse et inattendue.



Avec “Le cri des fillettes mortes”, Pierre-Luc Lafrance a remporté le Prix Alibis 2016. Atteint d’alzheimer, monsieur Gagnon ne réagit plus aux stimuli extérieurs. La soignante Julie ne peut se résoudre à cet état et essaie d’obtenir une réaction, ce qu’elle parvient à faire en lui passant “Hey Jude” des Beatles. Ce que l’ancien policier dit l’oblige à se renseigner, à aller chez sa fille qui ne veut plus entendre parler de son père. Une ancienne affaire revient ainsi à la surface.
Pierre-Luc Lafrance démarre l’enquête de façon détournée. Seule sa conscience professionnelle pousse Julie à entrer en contact avec ce patient et en espérant l’aider, elle se lance dans la compréhension des paroles entendues. Le procédé est habile et donne une montée en puissance au fil des lignes. Les rapports humains figurent au centre de l’intrigue. Prenant et intéressant par l’angle d’attaque choisi.

Yves-Daniel Crouzet nous amène en vacances dans une station balnéaire qui a connu des jours bien meilleurs. Un scénariste voulant écrire sa grande œuvre y végète en quête d’inspiration. Un couple de retraités l’entreprend, le prenant pour quelqu’un d’autre. La femme n’a de cesse de lui donner du Arthur. À force, il répond à leurs sollicitations et est attiré par cette femme.
“Ils sont arrivés dans le soleil” ne révèle qu’à la fin le mystère entourant les retraités et le rôle d’Arthur. Le cheminement est plaisant, la relation entre les trois vénéneuse à souhait. Surprenant et noir dans le bon sens du terme.

Devlin s’est toujours laissé faire, il a toujours subi sans se rebeller. Père, il en est de même et après une altercation entre son fils et un autre enfant où il s’est écrasé, il comprend qu’il a déçu sa progéniture. Sur le chemin des vacances, un fait anodin le sort de ses gonds et le pousse à réagir. Il en a assez d’être pris pour un faible... Rick Mofina met en scène un père de famille qui a du mal à s’imposer. L’intérêt d’“Un seul petit instant” réside dans cette rébellion et ses conséquences. A-t-il eu raison ?

Margaret Atwood nous parle de Verna qui a tout d’une veuve noir. En croisière dans l’Arctique, elle tombe sur Bob, une ancienne connaissance du temps du lycée. Malgré les années, elle n’a pas oublié l’humiliation subie et la suite des événements l’a transformée à jamais.
Par ses actions, Verna n’a rien de sympathique mais la découverte de son passé la présente sous un angle beaucoup plus favorable. Le lecteur se prend d’empathie pour elle, il la comprend. L’issue est inéluctable... L’atmosphère de “Matelas de pierre” se révèle pesante. Présent et passé s’entrechoquent. Malgré leur âge avancé, aucun n’a oublié, ce qui donne d’autant plus de poids au récit. C’est diabolique et redoutable.
À noter que “Matelas de pierre” a remporté le Prix Arthur-Ellis 2015 de la meilleure nouvelle policière canadienne anglaise.

Pascale Raud nous livre une conversation avec Richard Ste-Marie. J’avoue avoir été des plus surpris par le parcours de l’écrivain et par son éclectisme. Quand je le lirai à l’avenir, ce sera d’un autre œil. Un œil averti sur tout ce qui a forgé cet auteur dont les deux héros arpentent les deux côtés de la loi. Bravo pour cet entretien bien mené !

De belles nouvelles dont deux primées, une agréable incursion aux Printemps Meurtriers et une instructive conversation avec Richard Ste-Marie nous donnent un « Alibis » de très bonne tenue.


Titre : Alibis
Numéro : 59
Comité de rédaction et direction littéraire : Martine Latulippe, Jean Pettigrew et Pascale Raud
Couverture : Tomislav Tikulin
Type : revue
Genres : nouvelles, entretiens, articles, critiques
Site Internet : Alibis ; numéro 59 
Période : été 2016
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 1499-2620
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 160
Prix : 12,95 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
24 septembre 2016


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