Relire la chronique du tome 1
Kingsley père et fils, deuxième volet. Visiblement, Alan n’admet pas que Darkus, sa mémoire phénoménale et son esprit d’analyse lui sont indispensable, maintenant que ses épisodes de narcolepsie ont amoindri ses propres facultés d’enquêteur. Ou bien veut-il protéger son fils des dangers d’une enquête qui a fait plusieurs victimes ? Deux relations s’opposent très vite : les réticences d’Alan à exposer son fils, et le transfert que Darkus effectue sur Wilbur. Le vieux chien oscille entre plusieurs attitudes, selon qui l’entoure : craintif avec l’affreux Clive, il est obéissant et fort vif avec ceux pour qui l’estime est mutuelle.
Et dans cette affaire de chien, il aura plus que son rôle à jouer.
On retrouve dans ce second volume cet étrange équilibre qui tient par on ne sait quel miracle. Rohan Gavin nous montre la vie de Darkus, nous émeut avec les tensions scolaires (une blonde journaliste fait du gringue à Darkus et une brute... le brutalise) et familiales (avec un Clive dont on se demande toujours, comme le héros, pourquoi Jackie l’a épousé), avant de basculer dans le polar teinté de fantastique : le prologue, dans lequel oncle Bill se fait courser par une bête, n’est évidemment pas sans rappeler « Le Chien des Baskerville », la poursuite dans la gare des deux rottweillers et leurs étranges « maîtres », au milieu de la foule et avec force caméras, évoque les thrillers les plus nerveux. La violence de certains passages, comme la punition de Doyle, tire l’étiquette jeunesse vers le haut de l’âge, et chaque scène un peu légère ou comique (l’escapade à vélo des trois « justiciers ») n’est qu’une facette d’un événement qui finit souvent mal.
La tension est constante, à peine désamorcée par quelques pointes d’humour, et l’intrigue complexe au point de nous pousser à dévorer ces 350 pages pour lever le voile sur le mystère.
On appréciera le décalage choisi par l’auteur entre le look de ses héros (très tweed) et la contemporanéité des éléments-clés des affaires qui les occupent. Les fans de la série « Sherlock », de tous âges, ne seront pas dépaysés, car il y flotte cette même ambiance d’entre-deux, de roman policier classique et de thriller moderne, de petites cellules grises et de technologies numériques.
Un troisième volume vient de paraitre en anglais, nous devrions donc bientôt retrouver Alan, Darkus et Tilly chez Gallimard Jeunesse.
Titre : Le Mystère Loup-garou (Kingsley and son, K-9, 2014)
Série : Détectives de père en fils, tome 2
Auteur : Rohan Gavin
Traduction de l’anglais (GB) : Anne Krief
Couverture : Sébastien Pelon
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 355
Format (en cm) : 20,5 x 14 x 3,5
Dépôt légal : septembre 2015
ISBN : 9782070656684
Prix : 17,50 €