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Veil
Rucka & Fejzula
Delcourt

Dans un tunnel du métro, une jeune femme se réveille nue, entourée de rats. Dans un premier temps, elle éprouve du mal à s’exprimer, elle ignore son identité et sort totalement déboussolée dans la ville. Rapidement, sa tenue d’Eve attire l’attention d’hommes peu scrupuleux, voyant là l’occasion de profiter de cette beauté perdue.
Dante réussit à la tirer de ces individus et la ramène chez lui. Toutefois, ces derniers s’estiment lésés et décident de reprendre leur dû.
Veil montre alors de quoi elle est capable...



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“Veil” m’a laissé sur un sentiment très mitigé. Le scénario m’a semblé des plus convenus, il n’y a pas besoin d’avoir lu beaucoup de fantastique ou fantasy traitant d’invocation de créatures pour se retrouver en terrain connu. De l’autre côté, le graphisme avec des jeux de couleurs assez déroutants s’avère autrement surprenant.
C’est étonnant de voir le manque d’originalité scénaristique cohabiter avec un dessin au contraire audacieux. La seule innovation que je concède à Greg Rucka réside dans l’omniprésence des rats. Certains servent d’émissaires à ceux qui estiment posséder Veil, déformation du vrai nom de cette créature et, comme chacun sait, connaître son identité revient à en faire son serviteur.

Greg Rucka ne s’encombre pas de subtilités : Veil arrive nue, alors forcément les premiers à l’aborder ne voit en elle qu’un objet sexuel. Dante la sauve des méchants et s’entiche d’elle. Qui l’a invoquée ? Un sorcier aux cheveux verts qui avait besoin d’argent et s’est associé à des gens influents aux hommes de mains ne pesant pas lourd face à lui. Il est difficile de cerner les personnages et leurs rôles. Le sujet principal semblant être l’arrivée de Veil sur terre, puis son émancipation, libérée de toutes chaînes. La manière pour y parvenir sera sanglante, ce qui permet de capter l’attention des lecteurs à moindre frais.

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Le dessin s’avère d’un tout autre niveau et, une fois “Veil” achevé, c’est lui qui restera à l’esprit. Toni Fejzula se charge aussi bien de l’illustration que d’une partie de la colorisation, ce qui n’est guère étonnant, car les deux vont de concert. Par le jeu des ombres, des visages des personnages se dégagent des formes, leurs peaux semblent être la proie de tatouages à géométrie variable. Le visage de Dante s’avère symptomatique de ce parti pris surprenant qui évite toute routine et attire toujours le regard. À l’occasion, le rapprochement avec la peinture psychédélique peut presque être fait, car les yeux ne savent où se poser. Les couleurs et la technique employée donnent quelque chose d’oppressant, maladif à l’occasion, et relèvent un récit pas assez novateur à mon goût.

La force de ce comic réside dans la technique de Toni Fejzula qui livre une copie surprenante. Chaque bout de peau, chaque morceau de vêtement deviennent œuvre d’art, comme s’il cherchait à ne rien laisser vierge. Dommage que Greg Rucka n’ait pas su jouer dans le même registre, son histoire surfant trop sur le gore et ne se démarquant finalement pas des lectures du même genre.


Veil
- Scénario : Greg Rucka
- Dessin  : Toni Fejzula
- Couleurs : Toni Fejzula & Aljosa Tomic
- Traduction : Hélène Remaud-Dauniol
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Contrebande
- Dépôt légal : 1 juin 2016
- Format : 18,9 x 28,4 cm
- Pagination : 144 pages couleurs
- Numéro ISBN : 978-2-7560-7735-2
- Prix public : 15,95 €


© 2016 Éditions Delcourt pour la présente édition



François Schnebelen
13 août 2016




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