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Club des Punks contre l’Apocalypse Zombie (Le)
Karim Berrouka
ActuSF, Les 3 souhaits, roman (France), apocalypse zombie, 416 pages, mai 2016, 18€

Ils sont sept punks au squat de Ménilmontant. Propotkine, l’idéologue anarchiste, Eva, l’anti-tout, Mange-poubelle le freegan, Deuspi et Fonsdé les deux destroy, enfin Glandouille et Pustule, le couple de punks à chiens (actuellement partis dans le Sud).
Et un matin, après une bonne nuit d’acides et de mélodies approximatives, c’est étrangement calme dehors. Et pour cause : la population parisienne est devenue zombie à 99%. Les deux destroy font mumuse un moment lorsqu’ils localisent des flics de la BAC réfugiés dans un resto voisin, les faisant jouer à chat avec les zombies. Pour découvrir, amplis à fond, que les morts-vivants pogotent en rythme.
Puis c’est le retour de Mange-Poubelle, déguisé avec un monceau d’entrailles putréfiées. Il est accueilli avec joie, d’abord parce qu’on l’avait cru mort, ensuite parce qu’en cinéphile il est ZE expert en zombie.
Et dans ce monde détruit, Kropotkine sent qu’il est l’heure du grand projet : faire flotter le drapeau anarchiste sur la tour Eiffel.



C’est le début d’une odyssée parisienne qui va faire éclater le groupe, isolant chacun de ses membres que les autres croiront mort, et qui devra faire son propre chemin dans le nouveau monde, guidé par une Vision d’un saint punk...

Je ne vous en dis pas plus, excepté que le monde ne s’est (bien évidemment) pas totalement effondré, et des pourritures capitalistes, comme des patrons du CAC40 (ça a la vie dure ces saletés), ont survécu retranchées et rêvent d’un avenir encore plus beau, sans code du travail ni syndicat. Et que la musique, comme les punks l’ont compris, a un effet sur les zombies.

Chouette programme, hein ?

« Le Club des Punks contre l’Apocalypse Zombie » est inénarrable. D’abord parce qu’il se passe à la fois beaucoup de choses, et que je m’en voudrais de vous gâcher la surprise, et que le point de vue du punk, avec ses différentes déclinaisons mais son égal détachement face à ce qu’il est advenu de l’ancien monde, est désopilant. Le roman s’ouvre sur les deux destroy qui cherchent à occuper leurs nuits d’insomnie, ce qui passe par différentes activités manuelles et créatrices pas forcément couronnées de succès et plus ou moins bruyantes, au grand dam d’Eva qui, rentrant de garde à vue, aimerait bien pioncer tranquille, et va donc leur gueuler dessus chaque fois qu’ils dépassent les bornes question décibels. Le ton est donné.

Lorsque Kropotkine lance le groupe dans ce dangereux voyage vers la tour Eiffel, on leur découvre à tous des forces insoupçonnées (y compris d’eux-mêmes), dont le moteur est la punkitude même : plus c’est débile, plus cela heurterait les bien-pensants, les flics et les cols blancs, meilleur c’est.

L’auteur s’approprie à merveille le thème réel du roman de zombie : mettre en lumière les forces mais surtout les bassesses de l’Homme. Si vous avez aimé le narrateur cynique de « L’Évangile Cannibale » de Fabien Clavel (même éditeur), vous ne serez pas déçu.
Et des affreux, il nous en livre une sacrée brochette, qui passés par le prisme visuel du punk n’en sortent pas plus reluisants : les grands patrons sont les grands méchants, épaulés par l’armée. Tous des gens que l’Apocalypse n’a pas suffi à sortir de leur gangrène mentale. N’espérez pas de leur part la reconstruction d’un monde meilleur et égalitaire (comme en rêve Kropotkine), ils veulent juste refaire l’ancien, en mieux (pour eux).
Aussi, n’ayons pas peur des mots, le punk apparaît clairement (surtout si vous êtes un peu gauchiste anti-capitaliste) comme le dernier rempart de l’Humanité. Si, si. Et ça fait peur. Car leurs motivations comme leurs méthodes relevant de l’à-peu-près, quand les hallus s’en mêlent...

Alors c’est drôle, tout le long. On frémit parfois, parce que malgré tout il y a des zombies et que lorsqu’un héros tombe ils se jettent dessus, et M. Berrouka prend à malin plaisir à nous les faire croire morts et dévorés (alors que comme on s’en doute en voyant le paquet de pages qui restent à lire alors que le Club se décime, c’est pas vrai.) Mais c’est pour mieux illustrer l’expression « de Charybde en Scylla » : échapper aux zombies pour tomber entre les mains de bien pire ! : d’autres survivants et pas les plus rigolos...

Karim Berrouka avait déjà sali l’image des fées dans « Fées, weed et guillotines ». Après « Le Club des Punks contre l’Apocalypse Zombie », vous ne pourrez plus regarder les zombies de la même manière. Ni un punk. Ni France Télévisions. Ni Histoires naturelles. Ni Mickey.
Non, il ne respecte rien. Mais c’est un punk !

Vous êtes prévenus. Et chaudement encouragés.

Et pour tout ceux qui voudraient découvrir ce courant musical si mélodieux, le roman recèle bien entendu une multitude de références.


Titre : Le Club des punks contre l’apocalypse zombie
Auteur : Karim Berrouka
Couverture : Diego Tripodi
Éditeur : ActuSF
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 416
Format (en cm) :
Dépôt légal : mai 2016
ISBN : 9782366298161
Prix : 18 €

- Disponible également en version numérique, PDF ou ePub sans DRM (1,3 Mo)
Prix : 5,99 €



Nicolas Soffray
15 juin 2016


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