Itami se voit confier le commandement de la troisième patrouille de reconnaissance. Très vite, le destin fit de lui et de ses hommes des tueurs de dragon. Si leur action a permis de sauver une bonne partie des habitants d’un village, malheureusement, les orphelins se retrouvèrent sous sa garde. Sa troupe récupéra également une elfe, seulement survivante de son village ainsi qu’une étrange jeune fille à la tenue de poupée gothique... qui est en fait Rory Mercury, la disciple du dieu de la mort, Emroy. Leur groupe se fortifia également avec Leilei La, disciple du doyen des sages. Un vrai fantasme devenu réalité pour notre otaku Itami. Mais quand Leilei lui demande de les emmener à la cité marchande d’Italica, ils découvrent une ville assiégée par des bandits, anciens soldats. La cité est pourtant sous la protection de la princesse Pina Co Lada, fille de l’empereur. Devant cette troupe des plus étonnantes, Pina tente de mettre en première ligne ces curieux guerriers de l’autre côté de la porte, sur le mur le plus faible. Mais l’armée de bandits la prend à son propre piège et Itami se voit obligé de faire appel à des renforts.
“Gate” est l’adaptation d’une light novel écrite par Takumi Yanai. On peut donc avoir confiance en l’auteur pour nous produire une adaptation fidèle au récit original. “Gate” est en quelque sorte l’histoire dont rêve n’importe quel joueur de jeux de rôles. Nous voici face à une porte apparaissant dans le Tokyo moderne et qui s’ouvre sur un monde d’heroic fantasy. Mais alors que nous sommes habitués à des invasions sanguinolentes où les humains se battent pour survivre face aux êtres de l’autre dimension, cette fois, la puissance de feu moderne va pulvériser ces vilains petits curieux. Vous l’aurez compris, l’ambiance de cette série sera plutôt humoristique, même si les combats seront légion et les morts en centaines de milliers. Décidément Takumi Yanai ne fait pas dans la dentelle, mais surtout, il va utiliser tous les a priori des joueurs et tous les fantasmes d’otakus pour les faire devenir réalité : une princesse guerrière, une discipline du dieu de la mort en mode lolita gothique, une elfe et une jeune magicienne. Que demander de plus ! Le lecteur prend autant de plaisir que ce cher Itami à découvrir ce monde fantastique où volent les dragons et les hélicoptères d’assaut. D’ailleurs, Takumi Yanai ne se bridera pas un seul instant, mettant dans sa série tous les petit plaisirs qu’on pourrait vouloir réaliser, comme reproduire l’assaut par hélicoptère d’“Apocalypse Now”.
Itami est un héros aux abord classiques : bon soldat mais aussi un peu gaffeur, otaku invétéré mais avec une vraie morale. Se retrouver dans un monde de fantasy va plonger notre héros dans une forme d’euphorie, même si de nombreux quiproquos le mettront dans des situations assez compliquées. Ce monde d’au-delà de la porte est donc à l’opposé des mondes version “Stargate SG 1” : notre civilisation est ici la civilisation dominante et l’empereur local est mis en grande difficulté. Les personnages de cet autre monde sont assez manichéens tel l’empereur tyrannique qui envoie les armées de ses ennemis à la boucherie ou sacrifiant son peuple devant un adversaire qui parait invincible. Sa fille, Pina Co Lada (non, cela ne s’invente pas !), est exactement la princesse qui se retrouve devoir passer du camp des méchants vers le camp des gentils. La jeune femme est totalement débordée par les événements et la scène où ses troupes rompent sans le savoir le traité de paix qu’elle vient de signer avec les troupes d’autodéfense japonaises est irrésistible. Ce choc des cultures est très bien mis en scènes par Takumi Yanai et le lecteur se régale à chaque page tournée. Du pur plaisir !
Le dessin a été confié à Satoru Sao. le mangaka s’était déjà confronté à l’univers militaire avec “Konbini DMZ”, mais cette fois il doit mélanger des armes modernes avec des styles entre les chevaliers du moyen-age et les soldats romains. Les couvertures des deux tomes nous donnent un bon échantillon de son travail. Les visages des personnage sont classiques des shonen mais les styles de chaque personnage permettent de les identifier assez facilement. Les scènes de combat sont bien chorégraphiées et se révèlent très lisibles malgré le bruit, la fureur et le mixte des deux styles de combattant. Le rendu est très intéressant et surtout assez détaillé pour remplir quasiment toutes les blancs des cases. Le rythme est rapide, efficace, mais ne perdant jamais le lecteur. On pourra par contre trouver étonnant que les serviteurs de ce monde parallèle soient habillés comme des serviteurs style XIXe siècle. Cela tranche fortement avec l’ambiance générale. Certes, cela permet d’identifier facilement ces personnages mais on s’attendait tout de même à des tenues plus heroic fantasy. Allez, ce petit bémol ne remet pas une seule seconde le côté jubilatoire de cette série assez étonnante.
Oui, j’avoue, je me suis éclaté dans ma lecture de “Gate, Au-delà de la porte”. C’est sans le moindre doute une des meilleures surprises de l’année. On en redemande encore plus !
Gate, Au-delà de la porte (T1 et 2)
Scénario : Takumi Yanai
Dessin : Satoru Sao
Traducteur : Nicolas Pujol
Éditeur français : Ototo
Format : 125 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 224(T1) et 200(T2) pages
Date de parution : 13 mai 2016
Numéro IBSN : 9782351809754 ; 9782351809778
Prix : 7,99 €
Gate Jieitai Kanochinite, Kakutatakaeri © SATORU SAO, TAKUMI YANAI Originally published in Japan by AlphaPolis Co., LTD., Tokyo.
© Edition Ototo - Tous droits réservés