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Salamandre - La Mutante de Minerve
Daniel Hernandez
Wartberg, Zones Noires, polar, 262 pages, avril 2016, 12,90€

« Nutrisco et Extinguo » (je m’en nourris et je l’éteins) : la devise de François Premier, qui avait pour emblème la salamandre, a donné son nom à cette association d’étude et de défense des urodèles pour laquelle Axel Trapero, passionné d’amphibologie depuis son enfance, entre deux contrats d’analyste programmeur, effectue des missions. Une passion dévorante, totalement désintéressée, et en apparence anodine, qui l’expose cependant bientôt à des complications inattendues. Alors qu’il est en reconnaissance du côté d’Iquitos, au Pérou, un de ses compagnons est assassiné. Simple crime crapuleux, conclut l’enquête. Oui, mais il se trouve que plusieurs autres passionnés de « Nutrisco et Extinguo » ont eux aussi récemment rencontré des destins funestes, et que ces décès, pour accidentels qu’ils soient, finissent bel et bien par donner l’impression d’une série qui n’est pas près de s’arrêter.



La puce à l’oreille n’en finit donc pas de titiller Axel Trapero. Quelle est donc cette mystérieuse Susana, membre d’une ONG locale, elle aussi passionnée de salamandres, qui aurait rencontré une première fois le collaborateur assassiné quelques jours auparavant sur les berges de l’Amazone, puis une seconde fois le jour même de son décès ? Les cheveux retrouvés sur le corps sont-ils bien les siens ? Et le lecteur, peut-être moins naïf que le jeune Axel, de réaliser rapidement que pour une simple association, « Nutrisco et Extinguo » semble bien posséder les moyens d’une véritable multinationale.

Naïf, mais pas tant que cela : Axel Trapero décide de ne plus référer qu’au directeur même de l’association. De retour en France, après un passage en fraude de spécimen à travers les frontières et la réapparition rocambolesque de Susana, jeune femme qui pourrait bien être fatale, qui semble en savoir beaucoup trop sur les déplacements des uns et des autres, et qui multiplie sans cesse les faux-semblants, Axel Trapero trouve un double soutien fort opportun. A savoir l’inspecteur José Trapero, qui est aussi son oncle, et son ami le commissaire divisionnaire Jepe Llense, deux héros récurrents de Daniel Hernandez qui apparaissaient déjà dans d’autres de ses romans comme « Liaison mortelle », « Absinthe » ou « Mortes moissons ». Ensemble, ils lutteront contre une bande d’assassins invisibles nommés « Les Dingues », auxquels le jeune Trapero échappera de justesse à plusieurs reprises.

On s’en doute : bien des convoitises sont derrière les salamandres auxquelles s’intéressent Trapero, une variété mutante qui, en développant une forte capacité de résistance aux polluants, a également décuplé ses capacités de régénération de membres et d’organes. Avec le déficit d’organes pour greffer les malades, des implications scientifiques et financières d’une telle découverte apparaissent colossales. La partie apparaît d’autant plus dangereuse que les fondateurs de « Nutrisco et Extinguo », bien plus que des amateurs, sont tous déjà à la tête de fortunes considérables, parfois à la limite de la légalité. Et que l’un de ses membres n’est autre, que Largo Indiano, grand bienfaiteur de l’humanité péruvien, mais aussi trafiquant de drogue, un colosse sur le front duquel a autrefois ricoché une balle destinée à le tuer et qui a survécu à un coup de couteau en plein cœur !

On le voit : ce petit polar « régional », qui se passe pour l’essentiel à Narbonne et à Minerve, ne délaisse pas pour autant les grandes régions amazoniennes et ne se confine pas au cercle restreint des intrigues locales. Si les dialogues, parfois trop resserrés sur l’essentiel pour être toujours vraisemblables, ne permettent pas de mettre en place la profondeur psychologique qu’aurait permis un classique « pavé » de plusieurs centaines de pages, « Salamandre », avec son format plus restreint, offre en contrepartie un rythme rapide et une enquête qui avance à grande vitesse. De péripéties en révélations, de rebondissements en retournements de situation, et sans jamais s’embarrasser de fioritures inutiles, Daniel Hernandez « assure » dans ce petit polar trépidant, au format idéal pour être dévoré en une paire d’heures en terrasse.

En même temps que «  Salamandre  », la collection Zones Noires publie « L’Homme qui valait des milliards » de François Darnaudet, dont l’enjeu n’est rien moins que la résolution d’un grand mystère des nombres premiers et le casse simultané de toutes les banques mondiales. Pour « Salamandre  », le gros lot convoité n’est rien d’autre qu’une avancée capitale de la médecine et peut-être même l’immortalité. On le voit : si « Zones Noires » est présentée comme une collection de petits polars régionaux, cela n’empêche pas leurs personnages d’être confrontés à des challenges dépassant largement le simple cadre local.


Titre : Salamandre - La Mutante de Minerve
Auteur : Daniel Hernandez
Couverture : Fotolia / Jade Ibrak
Éditeur : Wartberg
Collection : Zones noires
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 262
Format (en cm) : 12 x 20
Dépôt légal : avril 2016
ISBN : 97838331329397
Prix public : 12,90 €


Les éditions Wartberg sur la Yozone :

- « L’Homme qui valait des milliards » par François Darnaudet
- « Autopsie d’un bouquiniste » par François Darnaudet
- « Marionnettes » par Hervé Mestron
- « Le grand ange rose de Strasbourg » par Françoise Bachmann
- « Sur parole » par Olivia Dupuy
- « Train d’enfer » par Jeremy Bouquin
- « Danse avec le taureau » par Philippe Ward


Hilaire Alrune
17 juin 2016


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