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Galaxies n°39 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°39, SF - nouvelles - articles - critiques, janvier 2016, 192 pages, 11€

Ce « Galaxies » spécial Japon m’a laissé des sentiments mitigés sur son dossier qui couvre presque la moitié du numéro. Le premier article de Denis Taillandier “L’imaginaire de la catastrophe dans la science-fiction japonaise à l’aube du XXIe siècle” s’avère particulièrement ardu à suivre. Le lire d’une traite n’est pas aisé, il faut vraiment faire l’effort pour avancer. N’étant pas dans un état réceptif, au bout d’un moment, les 25 pages m’ont semblé insurmontables et j’ai laissé tomber. Ce que je cherche avant tout en lisant une revue de science-fiction, c’est l’évasion et non à ce qui ressemble à une étude universitaire poussée.
Suivent les articles “Généalogie des mangas de science-fiction” et “Les romans japonais de SF et leurs adaptations”, c’est-à-dire le côté manga et anime. J’ai survolé les deux pour m’attaquer aux nouvelles. Enfin, ce dossier m’a conquis en sortant d’une certaine austérité...



“Ichtyonaus, Thérionaus” de Ueda Sayuri nous présente une étonnante symbiose entre une personne et un animal qui n’est que son jumeau. L’auteur fait preuve d’inventivité, de sensibilité aussi dans son propos à travers la méconnaissance des enfants de la nature de cette relation qui les lie. La nouvelle est très prenante, l’histoire s’avère très forte et touchante.
“La machine à indifférence” de Itoh Keikaku, sur lequel Denis Taillandier s’est étendu en long, en large et en travers, n’est pas en reste. Elle nous plonge dans l’horreur des guerres tribales dans un pays d’Afrique. L’entente est impossible, ce qui se traduit par des horreurs sans nom. Chaque camp accuse l’autre des mêmes exactions dont lui aussi se rend coupable. Quand le conflit arrive à son terme, comment oublier cette haine ? La technologie arrive à la rescousse, mais la rancune demeure et ne demande qu’à se réveiller. Un texte qui remue les tripes et ramène à bien des épisodes douloureux de l’Histoire.
Deux exemples de la SF japonaise qui représentent de belles réussites et m’ont fait oublier ce qui précédait.

Sylvain Lamur bouleverse les codes du 100 mètres, avec une course aux allures relativistes se courant en temps négatif, c’est-à-dire que les meilleurs sont arrivés avant d’avoir commencé ! “- 096” s’avère passionnante et pour le moins étonnante.
“La taverne” de Karen A. Simonian m’a laissé un sentiment de trop peu. Cette nouvelle manque de piment, la source de cette recherche n’est guère surprenante. Pas grand chose à se mettre sous la dent pour cette traduction de l’arménien.
“Celle que j’abrite” de Jean-Louis Trudel rappelle par la mainmise de la publicité « Planètes à gogos » de Pohl et Kornbluth, mais poussé bien plus loin. Elle s’affiche sur les corps et certaines personne sont allergiques à cette invasion de tous les supports possibles et en portent les stigmates. Trudel sait pousser son idée à l’extrême, tout en gardant le facteur humain bien présent avec le raisonnement final de cet homme. Beau texte.
Dans “Le spectre de Vulcain”, Jean-Pierre Laigle nous présente un improbable message capté par le seul habitant d’Icare, en mission sur cet astéroïde. Hard science au menu, mais c’est vraiment agréable à lire et intéressant.
Quand il rend visite à sa famille, Derek comprend tout de suite qu’il s’agit d’une erreur. Comment pourraient-ils accepter sa transformation et surtout la comprendre ? Il vit avec des aliens, forme même un couple avec des Phoengs et, au bout d’un moment, il ne peut plus cacher qu’il a amené avec lui leur progéniture... “Attachement” de Liz Coleman montre la difficulté à accepter l’autre, à ne pas voir que le mal découlant de ces différences, mais les bienfaits pouvant naître de cette rencontre. Touchant par bien des côtés, notamment par la symbiose entre Derek et Ngoraich, le fruit de cette acceptation inconditionnelle, ainsi que par l’inquiétude d’une mère pour son fils. Beau moment de lecture !

La rubrique rédactionnelle de « Galaxies » ne cesse de s’étendre, de partir, à mon sens, de tous les côtés. Il y a les chroniques des sorties de livres ressortant de l’imaginaire, mais aussi des articles sur les bandes dessinées. Faute de place et peut-être aussi de rédacteurs, de nombreux titres ne sont pas abordés, juste mentionnés, alors que George Bormand s’attarde sur des oublis qu’aucune maison d’édition n’a traduits. La revue accueille aussi un transfuge de « Bifrost ». Adieu “À la chandelle de Doc’Stolze” et bienvenue à “Sous le scalpel du docteur Stolze”, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à ce qu’il faisait dans « Bifrost ». Philippe Ethuin revient sur une œuvre du passé : « Jean Arlog, le premier surhomme » (1921). La musique est aussi abordée avec Tangerine Dream et Pierre Gévart évoque son improbable visite aux caraïbes à un des créateurs du personnage de Yoda !
Il reste de tout ça une impression de foisonnement, de prolifération et de dispersion. À vouloir trop en faire, la revue risque d’en perdre certains, échaudés par cette multiplicité.

Si la partie fictionnelle s’avère très séduisante, notamment avec les invités nippons, la partie rédactionnelle laisse songeur : des articles très pointus à côté d’autres d’un intérêt discutable, une multiplicité de papiers cherchant à couvrir un maximum de médias... « Présences d’Esprits » fait déjà cela très bien, c’est même sa raison d’être. Un recentrage me semble nécessaire, des choix doivent être faits sous peine de ne plus faire rêver les lecteurs. Et moi au premier chef !


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 39 (81 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Pierre Le Pivain
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : janvier 2016
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
22 avril 2016


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