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Ultramonde (L’), tome 2 : Les Dérailleurs
Stéphane Tamaillon
Seuil Jeunesse, roman (France), transmonde, mars 2016, 189 pages, 12,90€

(Relire la chronique du tome précédent : Les trois pierres du Fâark)

A bord du Poséidon, Nadar, Mathilde et Louis rejoignent l’Ultima Thulé, cachée sous les océans, derrière un champ de force et gardée par un nid de poulpes géants qui secoueront un peu le sous-marin.
C’est en effet dans les ruines de l’Atlantide que se trouve la Bibliothèque des Archivistes. Nadar y rejoint ses collègues Charles Darwin et Jules Verne, eux aussi porteurs du Fâark, ainsi que les deux Stratèges atlantes, Nicéphore et Idoménée, qui ont déjà vaincu une fois les Dérailleurs et leur reine. Une nouvelle bataille se profile, car les monstres ont déclenché une série de conflits dans l’Ultramonde, pour affaiblir le voile et passer dans la « réalité », grâce au fragment de Nadar.
Les pertes de mémoire de Louis inquiètent également Mathilde, et la poussent à l’action. Aidés de Brasibas, le fils de Nicéphore, ils échappent aux adultes et vont affronter les Dérailleurs eux aussi. Le soutien du mystérieux Capitaine du Poséidon ne sera pas superflu pour infiltrer l’antre des monstres.



Difficile de masquer ma déception à la lecture de cette seconde partie de « l’Ultramonde », qui concrétisent certaines craintes éveillées dans « Les trois pierres du Fâark ». Si Stéphane Tamaillon prend visiblement plaisir à émailler son texte de références littéraires et mythologiques, qui raviront probablement les plus de 10-12 ans, la pauvreté de son intrigue et les clichés de ses péripéties s’adressent à un public bien plus jeune.
C’est bien entendu un adulte qui dit cela, avec un passif d’un certain nombre de lectures derrière lui, et pas un enfant de 9-10 ans. Mais n’empêche...

La plupart des péripéties sont téléphonées. Les poulpes géants qu’il suffit de laisser tranquilles attaquent, deux fois ! On s’en serait bien passé. La séparation des adultes partis affronter les Dérailleurs métamorphes conduit bien évidemment au remplacement d’au moins l’un deux par un monstre changeur de forme. Quant à l’identité du taiseux Capitaine, lui aussi amnésique, il faudra être bien naïf pour ne pas s’en douter.
Si les scènes d’action feraient sans doute les belles images d’un film, à l’image du plésiosaure-drakkar attaqué par les indiens, attention à conserver un semblant de réalisme : lire qu’on immobilise un dinosaure marin avec des bolas (en les jetant sous l’eau ? et ils ressortent pour l’entortiller) mérite de se figurer la scène ! Chose que l’auteur a dû oublier, malheureusement, trop occupé à mélanger peuples, époques, armes... Notons aussi la coquille révélatrice p.138, où un avion a du mal à s’arracher à l’apesanteur terrestre...
A côté de cela, vous comprendrez que je n’appesantisse pas sur cet effroyable mélange entre Bibliothèque et Archivistes, incompréhensible de la part d’un auteur prof d’histoire-géo...

Bref... les « Gentils » foncent au cœur du camp ennemi, se doutant vaguement du piège (bien réel). La Reine des Dérailleurs s’empare du Fâark, ouvre un passage vers Paris, mais nos aventuriers ont tôt fait de la descendre. Tout cela en l’espace des 18 pages des 2 derniers chapitres ! Et puis happy end.

Signalons aussi que l’humour qui saupoudre le tout, fortement alimenté par Fracasse, le turbulent bébé dinosaure, empêche toute dramatisation durable de l’histoire (sauf quand l’animal est blessé, là, c’est le drame). On a quand même un conflit qui peut déborder sur d’autres mondes... et deux atlantes, 3 savants et autant de gamins pour l’empêcher. Ce n’est pas pire que 4 hobbits, ou 3 apprentis sorciers, me direz-vous, mais leur combat contre le mal n’était pas aussi bref.

Ridiculement bref.

Je ne vois pas comment mieux résumer le dyptique de « l’Ultramonde ». Son auteur bâtit un univers, joyeux bazar certes farfelu mais qui aura l’heur de plaire aux plus jeunes, le bourre de références littéraires, historiques, mythologiques, et à peine les deux forces en présence rencontrées, boum, bataille finale et terminé. Retournements de situation ? à peine une ombre avec la révélation du sort d’Idoménée. « Autorité » des adultes ? Les porteurs du Fâark, qui martèlent que la Reine ne doit pas s’en emparer, sont les premiers à foncer en sous-nombre et tête baissée dans son antre ! Alors on ne s’étonnera pas de voir Mathilde leur désobéir...

C’est d’autant plus regrettable que le premier volume était plutôt prometteur. Un peu plus de densité (une trilogie ?) et d’attention aux détails aurait pu rendre ces aventures fort plaisantes. Mais dans le cas présent, la brièveté du tout et l’enchaînement très rapide de scènes vues et revues, notamment au cinéma, ne sauront surement séduire que les lecteurs les plus jeunes.
Ou bien c’est moi qui me fais trop vieux...


Titre : Les Dérailleurs
Série : L’Ultramonde, tome 2/2
Auteur : Stéphane Tamaillon
Couverture : Raphael Gauthey
Éditeur : Seuil Jeunesse
Site Internet : fiche du roman
Pages : 189
Format (en cm) : 20,5 x 14 x 1,8
Dépôt légal : mars 2016
ISBN : 9791023506433
Prix : 12,90 €


Tome 1 : Les trois pierres du Fâark
Tome 2 : Les Dérailleurs


Nicolas Soffray
6 avril 2016


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