Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Roi des Fauves (Le)
Aurélie Wellenstein
Scrineo, roman (France), fantasy, 283 pages, avril 2015, 16,90€

Ivar, Oswald et Kaya n’en peuvent plus de la faim qui fait crever leur village à petit feu, et prennent le risque d’aller braconner. Hélas, le cruel fils de leur seigneur leur tombe dessus. Les choses dégénèrent : encourant la pendaison pour leur crime, Oswald à la merci d’un berserkir, redoutable guerrier mi-homme mi-bête, Kaya accepte de se « sacrifier » en cédant au jeune seigneur. C’en est trop pour Ivar. Les trois adolescents sortiront vivants de la forêt, persuadés que le courant de la rivière effacera les traces de ce qui s’est passé.
Hélas, bientôt les redoutables Valkyries et d’autres berserkirs fondent sur le village. Capturés, trainés à la capitale pour une parodie de justice, ils échappent à la mort, pour un sort pire encore : on les conduira à Hadarfell, une province maudite, où ils seront changés en berserkirs, un processus qui prendra 7 jours au fil desquels ils perdront leur humanité.



Après une cérémonie lors de laquelle ils doivent ingérer le parasite, gros mille-pattes blanc, qui les transformera, nos trois héros et les autres condamnés sont parqués derrière une clôture magique, qui protège les hommes autant qu’elle les empêchent de fuir. Les trois ados, malgré la terreur qui s’empare d’eux, restent solidaires, s’accrochant à l’espoir qu’unis, ils résisteront mieux à ce qui grandis au fond d’eux.

Si le roman d’Aurélie Wellenstein ressemble à de la bonne dark fantasy, avec des pauvres hères destinés à se changés en guerriers-bêtes furieusement mortels, il est en réalité beaucoup plus subtil que cela. Les berserkirs, cette aberration qu’il représentent incarnent une peur plus profonde que celle de la mort, la peur de la perte d’humanité. Pour les personnages adolescents, adultes en devenir, cette terreur est double : perdre ce qui fait d’eux des humains puis, une fois devenus animaux, s’en prendre à leurs proches qu’ils ne reconnaîtront plus. L’auteure ajoute une nouvelle dimension dans cette déchéance en faisant de ses berserkirs des esclaves retenus captifs et rendus dociles par des artefacts enchantés. À leur déchéance s’ajoute donc leur exploitations par leurs semblables. Paysans ou bêtes, toujours sous la coupe des nobles.

Ivar, Oswald et Kaya avancent donc dans Hadarfell, une province à l’abandon, avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, cette annonce d’une agonie de leur âme, qui va les ronger pendant la dernière semaine de leur vie d’humains.
Mais il y a un espoir, ténu. Durant la cérémonie, un berserkir leur est apparu. Se présentant comme le Roi des Fauves, il leur promet de les délivrer de la malédiction s’ils se hâtent vers lui. C’est donc un double aiguillon qui, malgré la faim et le froid, les fait avancer.
Un autre larron entre dans la partie : Ivar est le seul à le voir, mais un démon-bouc s’attache à leurs pas, cherche à s’incarner en lui pour accomplir une vengeance. Tout comme il lutte contre le parasite qui veut le changer en bête, Ivar lutte contre ce démon qui veut s’emparer de lui.

Je ne vous dirai rien de la fin, si ce n’est qu’au fil des rêves d’Ivar, on en apprendra un peu plus sur ce démon, le pourquoi de son état, la cible de sa vengeance. Toutes petites choses qui achèveront de remettre l’univers du « Roi des Fauves » en perspective, de redéfinir les bons et les méchants, ou à défaut les justes et les autres.

Une excellente découverte que ce « Roi des Fauves », dont la couverture signée Aurélien Police me faisait de l’œil depuis trop longtemps déjà. Aurélie Wellenstein dissèque à merveille la psychologie de ses personnages qu’elle met perpétuellement sur le fil du rasoir, les poussant physiquement à bout, offrant de la même main la délivrance qu’ils appellent de leurs vœux et la malédiction qui les répugne de tout leur être. L’intrication de ce conflit humain personnel avec la lutte de pouvoir entre le démon-bouc et le roi des fauves ne laisse guère l’occasion au lecteur de souffler, et encore moins l’envie de cesser sa lecture avant d’avoir atteint la dernière page.


Titre : Le Roi des Fauves
Auteur : Aurélie Wellenstein
Couverture : Aurélien Police
Éditeur : Scrineo
Collection : Jeunesse
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 283
Format (en cm) : 21 x 13,6 x 2,5
Dépôt légal : mai 2015
ISBN : 9782367403021
Prix : 16,90 €



C’est le second Scrineo que je lis ce mois-ci, après « Le Premier » de Nadia Coste. Vu la qualité des deux ouvrages, cela ne sera pas le dernier. « La Voix des Oracles » d’Estelle Faye m’appelle déjà...


Nicolas Soffray
6 décembre 2015


JPEG - 27.9 ko



Chargement...
WebAnalytics