...payer pour le sacrilège commis par les espagnols. Il suffira d’une curiosité d’un marin vérifiant que les caisses étaient bien arrimées pour offrir au roi ayant lancé la malédiction sa chance pour revenir d’entre les morts. Sa vengeance se répandra comme une maladie contagieuse, transformant ses victimes en morts vivants à son service. Sur le navire, les passagers sont totalement insouciant et n’imaginent pas l’horreur qui se déroule dans les cales. La fête du passage du tropique devait d’ailleurs mettre un peu d’ambiance et aider les passagers à faire connaissance. En tout cas, Jones n’est pas contre un peu d’intimité avec la pimbêche de service qui l’aguiche sans vergogne. Et puis ça le change d’Enrico avec sa tête de déterré. Mais quand le navire s’arrête soudainement au milieu de l’Atlantique, l’horreur peut tranquillement s’emparer du cargo.

Fred Weytens est un mordu de BD et d’aventure dans le sens large du terme, allant d’oeuvre comme “Tango pour un Berliet” (deux hommes, une femme, un désert, une somme d’emmerdes) au monde nordique de “Aslak”. Cette fois, il s’associe pour le scénario avec Silvio Panucci, un autre aventurier, un vrai, un fou furieux d’Amérique du Sud, recherchant des mondes perdus à travers la planète. De leur collaboration, nous arrive “Gold of the Dead”. Avec un titre pareil, les fans de Romero ont évidemment les oreilles qui pointent. Mais les deux auteurs ne vont pas nous sortir une banale histoire de morts vivants. Non, les deux aventuriers nous concoctent en fait une bonne vieille malédiction inca qui rendra une traversée de l’Atlantique cauchemardesque. Une version inca du “Vaisseau de l’Angoisse”. Et pour nous mettre bien dans l’ambiance, leur héros est un pur salopard, un mercenaire de la pire espèce ne vivant que pour l’argent. En tombant sur de l’or maudit, il va provoquer la colère d’un roi inca, mort au temps des conquistadors et n’attendant que le meilleur moment pour faire payer à ses sales traîtres d’espagnols leur vol.
Le rythme est bien tenu et on se délecte aussi bien de la vengeance plus que sanglante des incas et de la fourberie de Jones. On se retrouve à la fois dans un film d’aventure des années 60 et un film d’horreur des années 90. Le résultat et purement délectable. Tout y est, à la fois le rythme pesant du film d’horreur qui commence par poser ses jalons... euh non ses cadavres avant le final apocalyptique, la description de personnage parfois caricaturaux comme la pimbêche égocentrique ou encore le gentil petit couple et bien sûr le héros... euh non anti-héros charismatique capable de flinguer des zombies à la douzaine.
Si le lecteur adhère parfaitement à cette ambiance de film d’aventure, c’est aussi grâce au travail du dessinateur et coloriste Yan Le Pon. Pour la couleur, difficile de le séparer de Marie Avril, le résultat est idéal pour coller à ce scénario. Aussi bien la scène dans la forêt vierge que les scènes maritimes. Leurs zombies sont un mélange de momies et de morts vivants, à la férocité proche des zombies de “World War Z”. Une fois lancés, ils foncent sur leur proie sans la moindre pitié. Sans tomber dans le gore, le rendu n’en est pas moins d’une grande violence, comme on peut l’attendre d’un film d’horreur.
“Gold of the Dead” sort du récit classique de zombie et réussit surtout le difficile pari de tenir dans un seul tome de 64 pages. Chapeau bas !
Gold of the Dead
Scénario : Fred Weytens, Silvio Panucci
Dessin : Yan Le Pon
Couleurs : Yan Le Pon, Marie Avril
Éditeur : Paquet
Dépôt légal : 27 mai 2015
Format : 23,5 x 31,5 cm
Pagination : 64 pages couleurs
Numéro ISBN : 9782888904694
Prix public : 16 €
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