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Last Hero Inuyashiki (T1)
Hiroya Oku
Ki-oon

Ichiro Inuyashiki pensait avoir enfin trouvé de quoi satisfaire sa petite famille en devenant propriétaire d’une maison. Mais celle-ci se cache au font d’une ruelle et ses deux enfants commencent déjà à se plaindre. Sa fille le présente déjà à ses copains comme son grand-père. Il faut dire qu’à 58 ans, Ichiro ressemble plus à un vieillard amorphe, incapable de réagir, à la grande honte de son fils qui voit son père s’écraser devant des voyous harcelant un pauvre homme. Avec des enfants qui le rejettent et une femme faisant chambre à part, Ichiro finit par adopter un chien pour lui tenir compagnie, être son seul et véritable ami. Mais un jour, Ichiro reçoit une lettre de l’hôpital lui demandant de refaire des analyses. En fait, les médecins viennent de lui diagnostiquer un cancer en phase terminale. Ichiro ne trouve même pas le courage de l’annoncer à sa famille, d’ailleurs éprouveraient-ils la moindre compassion pour lui ? Ou bien se réjouiraient-ils de se débarrasser une bonne fois pour toute de cette loque qui les révulse ?



C’est ainsi que le soir venu, Ichiro Inuyashiki partit regarder les étoiles avec son chien. Il se retrouva avec un jeune homme, seul à regarder la nuit. C’est ainsi que les deux hommes moururent atomisés par des extra-terrestres... Quand Ichiro se réveilla le lendemain, il était allongé dans l’herbe, son chien à ses côtés. Le jeune était déjà disparu. Il est temps qu’il rentre chez lui, surtout qu’il meurt de soif. Si sa famille n’a pas changé, il sent que quelque chose est différent chez lui. En fait, il ne s’est jamais senti aussi bien, ne se sentant plus fatigué. Mais plus étrange, alors qu’il ne voyait rien sans ses lunettes, il vient de s’apercevoir qu’il n’a aucun problème de vision alors que les verres de ses lunettes ne sont plus à leur place. Mais que lui arrive-t-il ? Le mystère s’épaissit en allant faire des radios suite à son cancer. La machine est alors incapable de lui scanner le torse, la radio est blanche. Les infirmières ne parviennent même pas à lui faire une prise de sang. Pourtant, ce ne sont pas du tout les symptômes d’un cancer. En rentrant chez lui, Ichiro découvre que son portable n’est qu’une vulgaire copie en céramique et surtout, son corps se met à fumer.

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Hiroya Oku est ce qu’on appelle un mangaka star. Cette renommée, il la doit à une série fleuve qui l’a rendu célèbre dans le monde entier : “Gantz”. Hyper violent, adapté en film et en animé, “Gantz” a révélé ce bourreau de travail, toujours à la recherche de la meilleure réalisation visuelle et surtout, référence dans le manga de science fiction. Après avoir donné treize années de sa carrière de mangaka à “Gantz”, Hiroya Oku se lance enfin sur une nouvelle série et le début de celle-ci est assez déstabilisant. Le mangaka nous présente un homme à l’aube de la soixantaine, un simple employé de bureau, inexistant, sans la moindre personnalité et même plutôt lâche. D’ailleurs, il est rejeté par sa propre famille : deux enfants qui le méprisent et une femme qui vit sa propre vie, tous reniant à leur façon ce vieillard... Nous sommes alors loin de “Gantz” et le lecteur a de quoi s’interroger : Hiroya Oku aurait-il totalement changé de style pour nous offrir une critique de la société, nous présentant les difficultés d’un homme qui commence à être âgé et qui en plus se découvre un cancer en phase terminale ? En fait, le mangaka va introduire la fiction tout simplement en atomisant son héros...

Oui, dit comme cela c’est encore plus surprenant mais, comble de l’ironie, les extra-terrestres qui ont commis ce crime ont simplement fait une grosse boulette et vont décider de rectifier leur erreur. Et le résultat de leur « réparation » sera des plus impressionnants. Mieux que Steve Austin, l’homme bionic, Ichiro Inuyashiki va découvrir qu’il est devenu bien plus qu’un humain et cet homme transparent va décider d’user de ce pouvoir pour faire le bien, pour aider ceux qui sont martyrisés, mais tout en faisant en sorte de ne blesser personne. Véritable miracle en voyant l’armement que cache son nouveau corps. Décidément, Hiroya Oku est toujours aussi efficace et surtout surprenant. Ichiro ne devient pas un superman, il marche toujours aussi difficilement et pourtant son corps pourrait en faire le nouveau Usain Bolt. Mais il choisit de rester lui-même. Hiroya Oku va alors commencer une critique de la société nippone, montrant ses perversions mais aussi comment le modernisme peut aussi bien faire du mal comme réparer des injustices. Le tome s’achève sur le second personnage victime de la boulette alien. Mais ce personnage sera détaillé dans le prochain tome.

Visuellement, Hiroya Oku est toujours aussi impressionnant, avec un style hyper réaliste. Mais cette fois, il se lance dans la 3DCG (3D computer graphics), un logiciel 3D élaboré avec un ami pour une meilleure intégration de ses personnages dans le décor, pour augmenter le réalisme, mais donner également plus de relief aux vêtements. Et le résultat donne des planches réellement bluffantes, permettant un niveau exceptionnel de biomécanique. Les ombres informatiques sur les visages sont plus discutables, parfois trop lisses. Mais globalement, c’est stupéfiant, garantissant l’immersion du lecteur, qui se retrouve presqu’à lire un feuilleton télé.

Après un début surprenant, posant le contexte sociétal de la série, “Last Hero Inuyashiki” passe rapidement en mode science fiction tout en gardant son côté critique de la société. Original et prenant, un titre à découvrir.


Last Hero Inuyashiki (T1)
- Auteur : Hiroya Oku
- Traducteur  : David Le Quéré
- Éditeur français : Ki-oon
- Format : 130 x 180 mm, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination  : 212 pages
- Date de parution : 10 septembre 2015
- Numéro ISBN  : 978-2-35592-858-1
- Prix : 7,90 €


INUYASHIKI © Hiroya Oku / Kodansha Ltd.
© Edition Ki-oon - Tous droits réservés



Frédéric Leray
10 septembre 2015




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